Sommaire
IFaire rire au théâtreALe comiqueBLes procédés comiquesIIÉmouvoir au théâtreALe pathétiqueBLes procédés du pathétiqueIIIFaire pleurer au théâtreALe tragiqueBLes procédés du tragiqueFaire rire au théâtre
Le comique
Comique
Le comique est un registre par lequel un auteur cherche à faire rire en s'appuyant sur différents procédés (comique de situation, de caractère, de mots, de gestes).
Le Bourgeois gentilhomme de Molière est une comédie dans laquelle Molière se moque des prétentieux.
Si les comédies peuvent n'avoir pour simple but que de faire rire (farces, théâtre de boulevard), elles ont le plus souvent une visée plus profonde. En faisant rire les spectateurs d'un personnage caractériel ou d'une situation absurde, l'auteur dénonce les défauts et les travers humains. C'est le cas de Molière par exemple. Une comédie peut aussi dénoncer les travers d'une société et devenir critique d'un régime politique. C'est le cas de Beaumarchais dans Le Mariage de Figaro par exemple.
Les procédés comiques
Comique de situation
Le comique de situation est une forme de comique visant à faire rire le spectateur par la situation embarrassante dans laquelle se trouve un personnage.
Dans l'acte IV, scène 5 de Tartuffe, de Molière, Orgon est caché sous la table alors que le Tartuffe tente de séduire sa femme, Elmire.
Comique de caractère
Le comique de caractère est une forme de comique visant à faire rire le spectateur du trait de personnalité ridicule d'un personnage dont les vices sont exagérés et caricaturés.
Dans L'Avare, de Molière, on rit de l'avarice d'Harpagon.
Comique de gestes
Le comique de gestes est une forme de comique visant à faire rire le spectateur par la gestuelle employée par un personnage.
Dans l'acte I, scène 1 du Médecin malgré lui, le spectateur rit de voir Sganarelle donner à sa femme des coups de bâton.
Comique de mots
Le comique de mots est une forme de comique visant à faire rire le spectateur par le jeux de mots et le dialogue employés par les personnages.
BELISE (à la bonne) :
Veux-tu toute ta vie offenser la grammaire ?
MARTINE :
Qui parle d'offenser Grand-Père ni Grand-Mère ?
Molière
Les Femmes savantes
Émouvoir au théâtre
Le pathétique
Pathétique
Le registre pathétique est le registre par lequel un auteur cherche à susciter la pitié et la compassion du spectateur pour ses personnages.
Dans Lorrenzaccio, Alfred de Musset a recours au pathétique pour que le spectateur ait pitié de Lorenzo.
Les procédés du pathétique
Le pathétique s'appuie sur plusieurs éléments :
- L'évocation d'une situation douloureuse
- Le champ lexical de la tristesse, de la douleur ou de la souffrance
- L'emphase (regroupant tous les moyens littéraires de l'exagération)
- La forme exclamative et les apostrophes
LA REINE :
Oh ! Cette main sanglante empreinte sur le mur !
Il s'est donc blessé ? Dieu ! - mais aussi c'est sa faute.
Pourquoi vouloir franchir la muraille si haute ?
Pour m'apporter les fleurs qu'on me refuse ici,
Pour cela, pour si peu, s'aventurer ainsi !
C'est aux pointes de fer qu'il s'est blessé sans doute.
Un morceau de dentelle y pendait. Une goutte
De ce sang répandu pour moi vaut tous mes pleurs.
S'enfonçant dans sa rêverie.
Chaque fois qu'à ce banc je vais chercher les fleurs,
Je promets à mon Dieu, dont l'appui me délaisse,
De n'y plus retourner. J'y retourne sans cesse.
- Mais lui ! Voilà trois jours qu'il n'est pas revenu
- Blessé ! - Qui que tu sois, ô jeune homme inconnu
Toi qui, me voyant seule et loin de ce qui m'aime,
Sans rien me demander, sans rien espérer même,
Viens à moi, sans compter les périls où tu cours ;
Toi qui verses ton sang, toi qui risques tes jours
Pour donner une fleur à la reine d'Espagne ;
Qui que tu sois, ami dont l'ombre m'accompagne,
Puisque mon cœur subit une inflexible loi,
Sois aimé par ta mère et sois béni par moi !
Vivement et portant la main à son cœur.
- Oh ! Sa lettre me brûle !
Victor Hugo
Ruy Blas, Acte II, scène 2
Faire pleurer au théâtre
Le tragique
Tragique
Le registre tragique est un moyen pour l'auteur de susciter la crainte et la tristesse chez son lecteur, en mettant en scène des personnages confrontés à un destin face auquel ils sont impuissants.
Andromaque de Racine est une œuvre tragique, les personnages ne peuvent pas échapper à leur destin.
Le tragique peut avoir pour but :
- De purger les passions humaines
- De susciter l'admiration
- De susciter l'émotion (on rejoint alors le registre pathétique)
Les procédés du tragique
Le tragique s'appuie sur plusieurs procédés :
- La présence d'une force supérieure qui écrase le héros (souvent les dieux)
- La conscience que le héros a de cette fatalité
- Le champ lexical de la mort, de la souffrance, de la violence
- L'usage des registres lyrique, pathétique et épique
Ah ! cruel, tu m'as trop entendue !
Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur.
Eh bien ! connais donc Phèdre et toute sa fureur.
J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,
Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même,
Ni que du fol amour qui trouble ma raison,
Ma lâche complaisance ait nourri le poison.
Objet infortuné des vengeances célestes,
Je m'abhorre encor plus que tu ne me détestes.
Les dieux m'en sont témoins, ces dieux qui dans mon flanc
Ont allumé le feu fatal à tout mon sang ;
Ces dieux qui se sont fait une gloire cruelle
De séduire le cœur d'une faible mortelle.
Toi-même en ton esprit rappelle le passé.
C'est peu de t'avoir fui, cruel, je t'ai chassé :
J'ai voulu te paraître odieuse, inhumaine,
Pour mieux te résister, j'ai recherché ta haine.
De quoi m'ont profité mes inutiles soins ?
Tu me haïssais plus, je ne t'aimais pas moins.
Tes malheurs te prêtaient encor de nouveaux charmes.
J'ai langui, j'ai séché, dans les feux, dans les larmes.
Il suffit de tes yeux pour t'en persuader,
Si tes yeux un moment pouvaient me regarder.
Que dis-je ? Cet aveu que je te viens de faire,
Cet aveu si honteux, le crois-tu volontaire ?
Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,
Je te venais prier de ne le point haïr.
Faibles projets d'un cœur trop plein de ce qu'il aime !
Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même !
Venge-toi, punis-moi d'un odieux amour ;
Digne fils du héros qui t'a donné le jour,
Délivre l'univers d'un monstre qui t'irrite.
La veuve de Thésée ose aimer Hippolyte !
Crois-moi, ce monstre affreux ne doit point t'échapper.
Voilà mon cœur : c'est là que ta main doit frapper.
Impatient déjà d'expier son offense,
Au-devant de ton bras je le sens qui s'avance.
Frappe. Ou si tu le crois indigne de tes coups,
Si ta haine m'envie un supplice si doux,
Ou si d'un sang trop vil ta main serait trempée,
Au défaut de ton bras prête-moi ton épée.
Donne.
Racine
Phèdre, Acte II, scène 5