Fils de notables et haut fonctionnaire avant la guerre, Maurice Papon est nommé secrétaire général à la préfecture de la Gironde le 1er juin 1942, sous l'autorité du préfet Maurice Sabatier. Il collabore sous Vichy, mais il rejoint en 1943, et surtout en 1944, des réseaux de résistance et il cache plusieurs fois des résistants dont des Juifs chez lui. À la Libération, en août 1944, il est nommé préfet des Landes puis il continue sa carrière au Maroc, en Corse, à Paris. Il est préfet régional pour l'Est de l'Algérie de 1956 à 1958 et enfin à son retour en France, préfet de police de 1958 à 1967.
Pendant la guerre d'Algérie, pour mettre fin aux actions violentes et terroristes du FLN sur le territoire français, Maurice Papon suggère au gouvernement de De Gaulle des mesures exceptionnelles qui sont acceptées et appliquées. Il organise la répression et après de très nombreux attentats contre les forces policières en 1961, un couvre-feu est imposé aux Nord-Africains le 5 octobre. Le 17 octobre 1961, ils manifestent à l'appel du FLN contre le couvre-feu, et la répression policière, sous les ordres de Papon, fait des dizaines de morts algériens. Les forces de l'ordre ouvrent le feu et jettent les manifestants dans la Seine. Le 8 février 1962, une manifestation contre l'OAS et la guerre d'Algérie fait plusieurs morts à la station de métro Charonne, à Paris.
Après 1967, Papon occupe différentes fonctions, maire, député puis ministre. Il est ministre du Budget dans le gouvernement Barre quand éclate en 1981 "l'affaire Papon", en pleine campagne électorale présidentielle. Tout commence avec un article dans Le Canard enchaîné qui révèle l'active participation de Maurice Papon dans la déportation des Juifs de Bordeaux, quand il était secrétaire général de la préfecture de Gironde sous le gouvernement de Vichy. En décembre 1981, les Matisson, dont une partie des membres de la famille a été déportée en 1942, portent plainte contre Maurice Papon pour crimes contre l'humanité. Il est finalement inculpé en 1983, mais c'est après dix-sept ans de bataille juridique que le procès commence en octobre 1997. Maurice Papon est reconnu coupable de complicité de crimes contre l'humanité (mais pas de complicité d'assassinat) et est condamné à dix ans de réclusion en avril 1998. Il sort de la prison de Fresnes pour raison de santé en 2002 et est assigné à résidence. Il décède en 2007 et est inhumé avec la Légion d'honneur qui lui a été retirée et qu'il n'avait plus le droit de porter en public, à la suite de sa condamnation.