Sommaire
ILes figures d'analogie et de substitutionALa comparaison et la métaphore1La comparaison2La métaphoreBLa personnification et l'allégorie1La personnification2L'allégorieCLa métonymie et la synecdoque1La métonymie2La synecdoqueDL'hypallage et la périphrase1L'hypallage2La périphraseIILes figures d'exagération et les figures d'atténuationALes figures d'exagération1L'hyperbole2L'énumération et la gradation3L'anaphoreBLes figures d'atténuation1L'euphémisme2La litoteCLes figures d'opposition1L'antiphrase2L'antithèse3L'oxymoreIIILes figures par constructionALe parallélismeBLe chiasmeCL'anacolutheLes figures d'analogie et de substitution
La comparaison et la métaphore
La comparaison
Comparaison
Une comparaison met en relation deux éléments de sorte à les rendre similaires sur un ou plusieurs points déterminés.
La maison montait haut vers le ciel comme une montagne.
Dans l'exemple précédent, le mot de comparaison "comme" permet d'établir une relation analogique entre deux objets.
La comparaison utilise un outil de comparaison. Les outils de la comparaison peuvent être :
- Le(s) même(s) / la même
- Tel /Telle
- Semblable(s) à
- Pareil(les)
- Comme
- Différent(es)
- Tandis que
- Contrairement à
- Autant ... que
- Moins ... que
- Plus que
- Le plus
- Le moins
Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se hausse en tuyau verdissant,
Du tuyau se hérisse en épi florissant,
D'épi jaunit en grain, que le chaud assaisonne
Joachim Du Bellay
Les Antiquités de Rome
1558
Différentes propositions sont comparées entre elles dans l'exemple précédent. L'outil de comparaison est l'adverbe "comme".
La métaphore
Métaphore
La métaphore met en comparaison deux éléments mais aucun outil de comparaison n'est explicite.
Sa voix est un chant merveilleux.
Dans l'exemple précédent, il n'y a pas d'outil de comparaison pour lier "voix" et "chant", c'est donc une métaphore.
Le plus souvent, seul le comparant est explicite. En effet, il n'est pas toujours nécessaire d'exprimer le comparé (c'est-à-dire l'élément réel, dénoté) pour comprendre la métaphore. Le contexte suffit.
Mais le vert paradis des amours enfantines.
Charles Baudelaire
Les Fleurs du Mal
1857
La personnification et l'allégorie
La personnification
Personnification
La personnification est une figure de style qui consiste à attribuer des caractéristiques humaines à ce qui ne l'est pas.
Le Rat hurle : "j'ai faim !"
Dans l'exemple précédent, il y a une personnification notable par la majuscule au mot "rat" et le fait que le rat parle (attribution à un animal d'une qualité humaine).
Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre ;
L'un d'eux, s'ennuyant au logis,
Fut assez fou pour entreprendre
Un voyage en lointain pays.
Jean de La Fontaine
"Les Deux Pigeons"
1678
Les deux pigeons semblent humains, puisque La Fontaine leur attribue des sentiments amoureux, l'ennui et l'envie d'entreprendre un voyage.
L'allégorie
Allégorie
L'allégorie rapproche une idée abstraite d'un élément concret du monde (objet, animal, personne, etc.).
La justice est souvent représentée par l'allégorie d'une balance
Si la personnification ou l'allégorie est un personnage qui tient un discours, celle-ci s'appelle une prosopopée. La prosopopée est le fait de faire parler ce qui ne peut pas parler.
Le cadavre ouvrit les yeux et hurla : "Je vous hanterai à jamais."
Dans l'exemple précédent, le cadavre est un personnage qui parle. On parle de prosopopée.
La métonymie et la synecdoque
La métonymie
Métonymie
Une métonymie est une figure de substitution qui remplace un élément par un autre qui lui est relié : la partie pour le tout, le contenant pour le contenu, le bâtiment pour la fonction, etc.
L'expression "boire un verre" est une métonymie. On ne boit pas vraiment le verre mais son contenu.
Ah ! quelle cruauté, qui tout en un jour tue
Le père par le fer, la fille par la vue !
Corneille
Le Cid
1637
Le père n'a pas vraiment été tué "par le fer" mais par une épée. Le fer désigne l'épée, il s'agit d'une métonymie.
La synecdoque
Synecdoque
Une synecdoque est une figure de substitution qui consiste à remplacer le tout par la partie ou l'objet par la matière avec laquelle il est fait. Le but est de donner à un mot un sens plus large ou plus restreint que son sens habituel.
Mon vélo a crevé.
Dans l'exemple précédent, "mon vélo" symbolise la roue. Le tout du vélo est donc utilisé pour parler d'une partie. C'est une synecdoque généralisante.
Le loup est un animal très silencieux.
Dans l'exemple précédent, le singulier "le loup" symbolise tous les loups. Une partie (un loup sur tous) est utilisée pour parler du tout (les loups). C'est une synecdoque particularisante.
La synecdoque est donc un cas particulier de la métonymie.
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire, [...]
Trahit donc ma querelle et ne fait rien pour moi ?
Corneille
Le Cid
1636
Dans l'exemple précédent, "mon bras" est utilisé pour parler de tout l'être.
L'hypallage et la périphrase
L'hypallage
Hypallage
Une hypallage est une figure de substitution qui inverse les compléments et les noms dans une phrase.
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire.
Alphonse de Lamartine
"L'Automne", Méditations poétiques
1820
"Rêveur" et "sentier" ne sont pas avec le mot adéquat. La logique voudrait qu'on les inverse.
Cette figure de style, assez rare, est surtout employée dans des textes poétiques.
La périphrase
Périphrase
Une périphrase est une figure de substitution qui remplace un mot par un groupe de mots de sens similaire.
"Le Nouveau Monde" désigne l'Amérique.
L'emploi de la périphrase n'est pas anodin. Il manifeste une démarche chez le locuteur : atténuer, préciser son propos, lui donner une tonalité comique ou ironique, etc.
Les figures d'exagération et les figures d'atténuation
Les figures d'exagération
Elles sont aussi appelées figures d'amplification.
L'hyperbole
Hyperbole
Une hyperbole est une figure d'exagération (ou amplification) qui intensifie un propos.
Souffrir le martyr
Dans l'exemple précédent, on exagère le propos.
Il existe divers moyens de construire une hyperbole :
- En choisissant un mot de vocabulaire plus fort que le mot attendu
- En employant le superlatif (le plus, le moins)
- En employant des adverbes d'intensité (très, trop, etc.)
- En faisant des comparaisons avec des éléments démesurés
Elle est forte comme un bœuf.
Dans l'exemple précédent, la comparaison est démesurée.
Le voilà entré : il rit, il crie, il éclate ; on bouche ses oreilles, c'est un tonnerre.
La Bruyère
Les Caractères
1688
Dans l'exemple précédent, l'énumération va jusqu'à une hyperbole avec la comparaison de la voix de l'homme à un "tonnerre".
L'énumération et la gradation
Énumération
L'énumération (ou accumulation) est une figure d'amplification qui consiste à faire une liste de mots de la même classe grammaticale, qui ont un thème commun. Ils sont séparés par des virgules. Le but est d'insister sur la même idée.
Il voyagea, il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l'étourdissement des paysages et des ruines, l'amertume des sympathies interrompues.
Flaubert
L'Éducation sentimentale
1869
Gradation
Une gradation est une énumération dans laquelle chaque terme énuméré est plus fort que le terme précédent.
Je me meurs ; je suis mort ; je suis enterré.
Molière
L'Avare
1668
La gradation est donc un cas particulier de l'énumération.
L'anaphore
Anaphore
Une anaphore est une figure d'amplification et d'insistance qui fonctionne sur la répétition d'un mot ou d'un groupe de mots en début de phrase ou de vers.
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.
Corneille
Suréna
1674
Il y a une horloge qui ne sonne pas.
Il y a une fondrière avec un nid de bêtes blanches.
Il y a une cathédrale qui descend et un lac qui monte.
Il y a une petite voiture abandonnée dans le taillis, ou qui descend le sentier en courant, enrubannée.
Arthur Rimbaud
"Enfance III", Illuminations
1873 - 1875
Rimbaud crée une sorte de comptine ou de berceuse en répétant ici "il y a", ce qui rappelle l'enfance.
Les figures d'atténuation
L'euphémisme
Euphémisme
Un euphémisme est une figure d'atténuation qui consiste à remplacer un mot par un autre mot ou un groupe de mots qui amoindrit le sens attendu.
Il est malentendant.
Dans l'exemple précédent, le propos est atténué, car ce que signifie vraiment l'expression est : il est sourd.
Cette figure d'atténuation est souvent utilisée dans le discours argumentatif, afin de ménager la susceptibilité du destinataire.
La litote
La litote appartient aux figures par atténuation, mais l'effet produit est une amplification.
Litote
Une litote est une figure qui exprime par la négation ou l'atténuation feinte, une idée qui s'en voit renforcée.
Il n'est pas méchant.
Dans l'exemple précédent, la négation est utilisée pour renforcer le propos. Ce que signifie vraiment l'expression est : il est gentil.
On reconnaît souvent la litote à la présence d'une double négation (parfois implicite).
Les figures d'opposition
L'antiphrase
Antiphrase
Une antiphrase est une figure par opposition qui formule une idée mais en exprime implicitement l'idée contraire.
C'est du beau travail !
Dans l'exemple précédent, l'antiphrase est utilisée pour exprimer le contraire : c'est une catastrophe !
Cette figure de style est souvent employée pour exprimer le registre ironique.
L'antithèse
Antithèse
Une antithèse est une figure d'opposition qui juxtapose deux idées ou deux phrases contraires.
Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie.
Louise Labé
Sonnets
1555
L'oxymore
Oxymore
Un oxymore est une figure d'opposition qui associe deux mots de sens contraires dans une construction grammaticale (sujet/verbe, nom/adjectif qualificatif, verbe/adverbe, etc.).
Soleil noir de la Mélancolie.
Gérard de Nerval
Les Chimères, "El Desdichado"
1854
L'oxymore est donc un cas particulier de l'antithèse.
Les figures par construction
Le parallélisme
Parallélisme
Le parallélisme est une figure par construction qui présente la répétition d'une même construction grammaticale dans deux groupes de mots.
"Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps." (Raymond Queneau, Le Chiendent, 1933)
Dans l'exemple précédent, Raymond Queneau utilise un parallélisme syntaxique, cela donne un rythme poétique à la phrase.
On retrouve souvent cette figure dans les descriptions romanesques et dans le genre poétique.
Le parallélisme donne du rythme et peut servir à exprimer une amplification.
Le chiasme
Chiasme
Un chiasme est un parallélisme dont les termes sont inversés dans le second groupe de mots.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.
La Fontaine
Fables, "Les Animaux malades de la Peste"
1678
Cette figure de style peut souligner un paradoxe, une opposition.
L'anacoluthe
Anacoluthe
L'anacoluthe est une figure par construction qui se caractérise par une rupture dans la construction grammaticale de la phrase.
"Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé." (Pascal, Pensées, 1666)
Dans l'exemple précédent, Pascal crée une rupture grammaticale pour renforcer son idée.
L'anacoluthe sert très souvent à exprimer la surprise.