Expliquer les politiques d'immigration de la France Exercice fondamental

Les politiques de gouvernement face à l'immigration se différencient selon trois périodes : de 1850 à 1945, puis de 1945 à 1973, et enfin depuis les années 1970.

De 1850 à 1945, la France est l'un des premiers pays d'immigration européens. La principale cause est le besoin de main-d'œuvre, à la fois dans l'industrie en pleine expansion, en raison des première et seconde révolutions industrielles (1750 - 1850 et 1850 - 1945), et dans les campagnes en raison du fort exode rural. De plus, la croissance démographique est ralentie car il y a peu de naissances et beaucoup de morts pendant la Première Guerre mondiale. Par conséquent, l'État fait appel à une main-d'œuvre étrangère, essentiellement des Européens frontaliers tels que les Belges, les Espagnols, les Italiens, les Allemands, etc. L'État favorise leur intégration en accordant la nationalité (par le droit du sol par exemple) et leur recrutement en créant des SGI (Sociétés générales d'immigration, des organisations patronales pour recruter des travailleurs étrangers).
Mais pendant la Grande Dépression (1873 - 1896), les deux guerres mondiales et la crise de 1929, l'immigration est moins acceptée et la xénophobie se développe. Dans les années 1930 par exemple, l'État met en place des lois protectionnistes comme les décrets Daladier de 1938 afin de favoriser les travailleurs français. Des émeutes et des manifestations racistes et antisémites éclatent, des expulsions massives ont lieu comme celle des Polonais en 1935.

Une nouvelle période s'ouvre pendant les Trente Glorieuses de 1945 à 1973 : il faut reconstruire le pays détruit par la guerre et soutenir la croissance économique de 5 % par an. Par conséquent, l'immigration est souhaitée et encouragée par l'État, qui prend en charge le recrutement et le contrôle des immigrés. En 1945, l'ONI (Office national de l'immigration) est créée pour recruter la main-d'œuvre étrangère. Cependant, l'État a des difficultés à contrôler seul cette immigration de masse et laisse faire les entreprises privées. Les immigrés sont régularisés après leur installation s'ils ont un contrat de travail.
Les immigrés sont toujours en provenance d'Europe frontalière (Italie, Espagne, Pologne, Belgique) mais le mouvement s'étend aussi à toute l'Europe (Turquie et Afrique du Nord). Les immigrés sont surtout engagés dans le bâtiment, le secteur automobile et dans d'autres usines : ce sont des métiers pénibles et souvent peu qualifiés, et ils vivent dans des foyers ou dans des bidonvilles à la périphérie de la ville, dans la misère sociale. Par conséquent, ils sont isolés, peu informés de leurs droits et donc dépendants de leur employeur.

À partir des années 1970, et des chocs pétroliers de 1973 et 1979, la France entre dans une période de crise économique. Par conséquent, l'immigration est ralentie et plus contrôlée, c'est la fin de l'immigration de masse. L'État tente de lutter contre l'immigration clandestine (les immigrés qui n'ont pas de titre de séjour) et de faciliter l'immigration régulière avec le droit d'asile, et mène une politique de regroupement familial depuis 1976 autorisant, sous certaines conditions, l'installation en France de la famille de la personne immigrée.
La politique d'immigration doit prendre en compte les nouvelles réalités sociales et culturelles nées de l'immigration. En effet, l'intégration est plus difficile car les immigrants viennent de pays de plus en plus éloignés du mode de vie européen. De plus, la crise de 2008 accentue la xénophobie en raison de l'augmentation du chômage, associé dans les esprits à l'immigration.
Depuis les années 1990, l'immigration se mondialise mais ce sont surtout les habitants des pays du Sud qui migrent en France. De plus, l'immigration se fait vers les pays émergents comme la Chine ou l'Inde et non plus seulement vers l'Europe de l'Ouest et les États-Unis.