Sommaire
IUne structure linéaire ou cycliqueAUne structure linéaire en trois parties1Première partie : mise en place de l'histoire2Deuxième partie : la vie à Yonville3Troisième partie : la double vie d'EmmaBUne structure cyclique : le temps perçu par EmmaIIUne structure suivant la courbe du destin d'EmmaAPremière partie : un mouvement ascendantBDeuxième partie : phase de stabilitéCTroisième partie : la chuteIIIUn roman structuré autour des personnagesAEmmaBCharles Bovary, le mari bovinCLes amants d'EmmaDLe pharmacien HomaisEL'abbé BournisienFMonsieur LheureuxGLes personnages secondairesIVUne structure symétriqueLe roman respecte une certaine linéarité. L'œuvre se divise en trois parties très précises minutieusement travaillées par Flaubert. Le temps dans le roman correspond à la subjectivité d'Emma. Il y a une idée de cycle, de répétition, qui traduit l'ennui du personnage. Mais cette idée de cycle se retrouve aussi dans la structure même du roman, qui semble suivre la courbe du destin d'Emma Bovary.
Madame Bovary est une œuvre qui tend à mettre en scène les mœurs d'une société, d'une certaine classe sociale. Flaubert structure donc son œuvre autour de personnages finement pensés. Le roman semble aussi symétrique, car certaines scènes se répondent.
Une structure linéaire ou cyclique
Le roman respecte une certaine linéarité. Il y a assez peu de prolepses ou d'analepses. L'œuvre se divise en trois parties.
Prolepse
La prolepse est un procédé littéraire qui consiste à raconter à l'avance un événement qui interviendra plus tard dans le récit.
Analepse
L'analepse est un procédé littéraire qui consiste à opérer à un retour en arrière dans un récit.
Dans Madame Bovary, la naissance et l'enfance de Charles, ainsi que la jeunesse d'Emma, sont des analepses.
Une structure linéaire en trois parties
Première partie : mise en place de l'histoire
La première partie comprend neuf chapitres. Elle met en place l'intrigue, le narrateur présente les personnages. Le lecteur suit d'abord Charles Bovary, puis il découvre Emma. Se succèdent ensuite rencontre amoureuse, mariage et déménagement. À la fin de la première partie, le jeune couple de mariés part s'installer pour Yonville. C'est là qu'Emma va s'enfoncer dans l'ennui.
Quelques dates sont données dans le roman :
- Charles est né entre 1812 et 1813.
- Charles rencontre Emma pour la première fois à la Fête des Rois en janvier 1837.
- Charles et Emma se marient en 1838.
- Charles et Emma partent s'installer à Yonville en mars 1841.
Deuxième partie : la vie à Yonville
La deuxième partie est constituée de quinze chapitres. La vie à Yonville constitue cette partie du roman. Emma s'ennuie dans sa vie de jeune mariée, elle ne trouve pas de quoi se distraire.
Flaubert commence par décrire le village et introduit quelques personnages importants pour la suite de l'histoire. La vie d'Emma est alors marquée par différents événements :
- La naissance de Berthe au printemps 1841.
- La rencontre avec Léon, qui part au printemps 1842.
- La rencontre avec Rodolphe, qu'Emma revoit à l'été 1843.
- La liaison avec Rodolphe qui se termine en septembre 1843.
Troisième partie : la double vie d'Emma
La troisième partie comporte onze chapitres. Elle relate la double vie d'Emma, entre Yonville et Rouen. On peut relever différents événements dont les deux plus importants sont :
- La liaison d'Emma et Léon qui s'étend sur une année, de l'hiver 1844 à l'hiver 1845.
- Le bal de Rouen qui a lieu en mars 1846.
Tout s'enchaîne ensuite vite, entre le procès-verbal de saisie et les démarches d'Emma auprès des banquiers et de ses amants. Emma s'empoisonne le mardi 2 mars 1846. Il y a ensuite un saut dans le temps, on parle d'ellipse temporelle. Les autres dates qu'on trouve ensuite sont :
- La mort de Charles en août 1847
- La mort de la mère de Charles en 1848
- La paralysie du père Rouault en 1848
- La décoration d'Homais en 1856
Ces sauts dans le temps sont très rapides, ils interviennent dans les dernières lignes du roman.
Une structure cyclique : le temps perçu par Emma
On peut considérer que le roman suit une structure cyclique, dans le sens où il suit le temps tel qu'Emma le perçoit : un éternel retour. Il est important de noter que les dates ne sont pas toujours précisément données par Flaubert, mais plutôt reconstituées après une lecture attentive. Contrairement à d'autres auteurs réalistes, Flaubert n'accumule pas les marques temporelles précises.
Le lecteur peut relever le passage du temps grâce à la succession des saisons. Il y a une idée de cycle, de répétition, et donc de monotonie, ce qui traduit l'ennui du personnage. Même si les années se suivent, le temps paraît figé. C'est Emma qui a cette sensation, qui a l'impression que tout se répète, que tout est monotone.
Dans l'après-midi, quelquefois, une tête d'homme apparaissait derrière les vitres de la salle, tête hâlée, à favoris noirs, et qui souriait lentement d'un large sourire doux à dents blanches. Une valse aussitôt commençait, et, sur l'orgue, dans un petit salon, des danseurs hauts comme le doigt, femmes en turban rose, Tyroliens en jaquette, singes en habit noir, messieurs en culotte courte, tournaient, tournaient entre les fauteuils, les canapés, les consoles, se répétant dans les morceaux de miroir que raccordait à leurs angles un filet de papier doré. L'homme faisait aller sa manivelle, regardant à droite, à gauche et vers les fenêtres. De temps à autre, tout en lançant contre la borne un long jet de salive brune, il soulevait du genou son instrument, dont la bretelle dure lui fatiguait l'épaule ; et, tantôt dolente et traînarde, ou joyeuse et précipitée, la musique de la boîte s'échappait en bourdonnant à travers un rideau de taffetas rose, sous une grille de cuivre en arabesque. C'étaient des airs que l'on jouait ailleurs sur les théâtres, que l'on chantait dans les salons, que l'on dansait le soir sous des lustres éclairés, échos du monde qui arrivaient jusqu'à Emma. Des sarabandes à n'en plus finir se déroulaient. Un soir que la fenêtre était ouverte, et que, assise au bord, elle venait de regarder Lestiboudois, le bedeau, qui taillait le buis, elle entendit tout à coup sonner l'Angelus.
On était au commencement d'avril, quand les primevères sont écloses ; un vent tiède se roule sur les plates-bandes labourées, et les jardins, comme des femmes, semblent faire leur toilette pour les fêtes de l'été. Par les barreaux de la tonnelle et au-delà tout alentour, on voyait la rivière dans la prairie, où elle dessinait sur l'herbe des sinuosités vagabondes. La vapeur du soir passait entre les peupliers sans feuilles, estompant leurs contours d'une teinte violette, plus pâle et plus transparente qu'une gaze subtile arrêtée sur leurs branchages. Au loin, des bestiaux marchaient ; on n'entendait ni leurs pas, ni leurs mugissements ; et la cloche, sonnant toujours, continuait dans les airs sa lamentation pacifique.
À ce tintement répété, la pensée de la jeune femme s'égarait dans ses vieux souvenirs de jeunesse et de pension. Elle se rappela les grands chandeliers, qui dépassaient sur l'autel les vases pleins de fleurs et le tabernacle à colonnettes. Elle aurait voulu, comme autrefois, être encore confondue dans la longue ligne des voiles blancs, que marquaient de noir ça et là les capuchons raides des bonnes sœurs inclinées sur leur prie-Dieu ; le dimanche, à la messe, quand elle relevait sa tête, elle apercevait le doux visage de la Vierge parmi les tourbillons bleuâtres de l'encens qui montait. Alors un attendrissement la saisit ; elle se sentit molle et tout abandonnée, comme un duvet d'oiseau qui tournoie dans la tempête ; et ce fut sans en avoir conscience qu'elle s'achemina vers l'église, disposée à n'importe quelle dévotion, pourvu qu'elle y absorbât son âme et que l'existence entière y disparût.
Gustave Flaubert
Madame Bovary
1856
Dans cet extrait, on constate bien l'ennui d'Emma, et le cycle du temps. Il y a une opposition entre passé et présent. Flaubert utilise l'imparfait pour souligner la longueur du temps.
Une structure suivant la courbe du destin d'Emma
Le roman suit la courbe du destin d'Emma Bovary. En effet, chaque partie correspond à un moment de cette courbe.
Première partie : un mouvement ascendant
La première partie suit le mouvement ascendant du destin d'Emma :
- Son éducation au couvent
- Sa rencontre avec Charles
- Son mariage
Il y a quelque chose comme de l'espoir pour Emma à ce moment-là. Elle croit que son mariage va la combler. C'est la première fois qu'elle est vraiment proche d'un homme de son âge, et elle croit que sa vie commence enfin.
La première partie s'achève sur une sorte de statu quo : Emma réalise qu'elle n'aime pas son époux, elle se sent très éloignée de lui. Cette scène annonce la deuxième partie du roman, qui correspond à l'alanguissement d'Emma.
Deuxième partie : phase de stabilité
La deuxième partie du roman correspond à la phase de stabilité du destin d'Emma, qui est aussi une phase d'ennui.
Emma s'enterre à Yonville. Elle a une liaison avec Rodolphe, qui se termine vite. Les choses changent peu. Charles est toujours occupé par son travail.
Emma attend beaucoup dans cette partie, elle rêvasse, elle paresse, elle se morfond. C'est à ce moment-là qu'elle se met à dépenser d'importantes sommes d'argent en mobilier et en toilettes. Le destin d'Emma se met véritablement en place dans cette partie. Tout ce qu'elle y fait va conduire à sa mort.
Toutefois, Emma ne cesse pas d'espérer. Si elle se désillusionne petit à petit, elle ne perd pas encore sa foi en un avenir romanesque. Elle se montre même très heureuse lorsque sa relation adultère commence avec Rodolphe, s'exclamant : "J'ai un amant !" Emma semble réaliser certains de ses rêves, même s'ils finissent toujours par se briser.
Troisième partie : la chute
La troisième partie correspond au mouvement descendant de la courbe. C'est la chute d'Emma. Sa situation se dégrade. D'abord heureuse de sa liaison avec Léon, qu'elle paraît aimer plus que Rodolphe, Emma est rattrapée par ses dettes et ne trouve pas de solution pour s'en sortir. Elle est abandonnée par tous ceux auxquels elle croyait pouvoir se raccrocher.
Cette partie correspond aux conséquences de la conduite d'Emma. Dans la première partie, Emma était présentée comme rêveuse et romantique. C'est la raison pour laquelle dès la deuxième partie elle s'ennuie avec son mari et le trompe. Les dépenses qu'elle fait sont liées à cet ennui, s'occuper de ses toilettes et de sa maison la distrait de son marasme. Maintenant, Emma n'a plus d'issue, elle se suicide. C'est la fin de la courbe du destin d'Emma, rapide et tragique.
Un roman structuré autour des personnages
Madame Bovary donne son titre au roman, mais elle n'est pas le seul personnage de l'œuvre, et on peut même se demander si elle en est vraiment l'héroïne.
Emma n'apparaît qu'au chapitre 6 de la première partie, et meurt au chapitre 10 de la troisième partie. Le roman s'ouvre avec Charles Bovary que le lecteur accompagne jusqu'à sa mort à la dernière page. Le titre est Madame Bovary, comme si Emma n'existait qu'à travers son époux. Il est important de rappeler que son vrai nom est Emma Rouault.
Le sous-titre du livre est "Mœurs de province". Pour raconter ces mœurs, Flaubert convoque plusieurs personnages. Il détaille particulièrement bien la psychologie des protagonistes. C'est en plongeant le lecteur dans les pensées des personnages que Flaubert parvient à montrer leur double jeu, leurs véritables sentiments. Leurs actions sont rarement en accord avec leurs idées.
Emma
Flaubert livre une description physique assez floue d'Emma :
- Elle est vue à travers le regard des hommes qui l'entourent.
- Elle a de longs cheveux noirs et des dents très blanches.
- Flaubert insiste sur la sensualité de son corps.
Toutefois, si Emma a du charme, elle n'est pas très belle.
L'écrivain développe par contre de façon bien plus précise le portrait moral d'Emma :
- C'est une jeune femme rêveuse qui nourrit un grand amour pour la littérature romanesque.
- Elle a une vision idéalisée du mariage et des relations amoureuses.
- Emma est aussi un personnage actif, elle est déterminée et n'hésite pas à entreprendre des actions.
Si elle fait parfois preuve de lucidité, elle est toutefois incapable de prendre de la distance par rapport à elle-même. C'est un personnage passionné qui manque de jugement. Aveuglée par ses lectures romantiques, elle accuse la fatalité de gouverner son destin.
Surtout, Emma se montre une véritable comédienne. Elle se met en scène, et ce jusque dans sa mort. Flaubert plonge le lecteur dans ses pensées, qui découvre une jeune femme profondément marquée par ses lectures romantiques, incapable d'accepter la réalité, et transformant ainsi son quotidien pour le rendre aussi beau que possible. Mais les personnes qui l'entourent ne sont jamais à la hauteur de ses espérances. Le roman suit véritablement l'évolution psychologique d'Emma, de ses rêves et illusions jusqu'à son désespoir final.
Charles Bovary, le mari bovin
Charles est sans doute le personnage principal du roman, en tout cas l'un des plus importants. Il est décrit comme profondément médiocre, et ce pour plusieurs raisons :
- Intellectuellement, il n'est pas très vif.
- Il brille par son incompétence.
- Il n'est pas ambitieux.
- Il est naïf et ne voit pas quand les autres se moquent de lui.
- Il ne comprend rien, poussant pratiquement sa femme dans les bras de Rodolphe, observant son amitié avec Léon sans rien suspecter.
Charles se montre passif. Il subit, il n'agit pas. Il est sans cesse manipulé par les uns et les autres.
Toutefois, malgré le portrait sévère que Flaubert lui réserve, Charles a aussi des qualités. C'est le seul homme qui ait vraiment aimé Emma. Le lecteur découvre à plusieurs reprises les pensées du personnage qui devient touchant à la fin du roman. En effet, homme naïf comme empêtré de lui-même, il se montre profondément triste à la mort d'Emma. Il sombre dans un profond désespoir, se mettant à chérir tout ce qu'Emma aimait. Flaubert le fait mourir d'amour.
Les amants d'Emma
Emma a deux amants qui sont assez différents.
Elle a d'abord Rodolphe. C'est un homme vaniteux qui a rajouté une particule à son nom. Il cultive son image. Deux choses l'intéressent vraiment : se divertir et protéger son confort. C'est un séducteur qui utilise les clichés romantiques pour plaire aux femmes et les tromper.
Flaubert place le lecteur dans ses pensées à plusieurs reprises. Il apparaît comme un fat, un homme insensible et lâche. Avec ironie, Flaubert met en scène la difficulté qu'il a à écrire une lettre romantique, sa duplicité ne cachant pas sa bêtise.
Léon est plus jeune, plus naïf. Il a des goûts similaires à ceux d'Emma. Lorsqu'ils sont ensemble, ils réalisent leurs rêves romantiques (promenade en barque par exemple). Mais Léon est un jeune homme faible, facilement manipulable, et il abandonne Emma comme Rodolphe, par lâcheté.
Flaubert insiste donc particulièrement sur la faiblesse de ces deux hommes, qui semblent dépassés par la personnalité de leur amante. Ils se montrent tous les deux lâches.
Le pharmacien Homais
Homais représente la science. Il prend de plus en plus d'importance au fur et à mesure du récit. Il est plus intéressé par le fait de vendre que de soigner. Flaubert le dépeint comme un personnage sot et ridicule. C'est l'incarnation même du bourgeois prétentieux qui passe pour un intellectuel, car il est entouré de personnes qui en savent moins que lui. Il utilise constamment des mots savants. C'est un personnage profondément prétentieux.
Croyez-vous qu'il faille, pour être agronome, avoir soi-même labouré la terre ou engraissé des volailles ?
Gustave Flaubert
Madame Bovary
1856
Homais se vante d'avoir un savoir encyclopédique.
Homais est en vérité un idiot, qui n'a qu'une culture très limitée.
"That is the question !" comme je lisais dernièrement dans le journal.
Gustave Flaubert
Madame Bovary
1856
Homais ignore qu'il cite Shakespeare, il mentionne le journal. C'est un faux érudit.
Homais voue une sorte de culte à la science, se qualifiant volontiers de philosophe et se moquant des superstitions des autres, alors qu'il est lui-même couard. Ainsi, il hésite à toucher le corps d'Emma à la fin du livre, comme s'il pouvait être contaminé.
Flaubert en fait le grand vainqueur du roman. En effet, loin d'être simplement burlesque, c'est un personnage habile qui parvient à se faire une place importante dans le village en marchant sur les autres. Il finit avec la croix d'honneur.
L'abbé Bournisien
Flaubert fait une critique de l'Église à travers ce personnage. Loin de se montrer vertueux et bon, l'abbé Bournisien est égoïste. Il pratique sa religion sans se poser de questions, de façon presque mécanique. Il n'est d'aucune aide pour ceux qui ont besoin de lui. Ainsi, Emma n'arrive jamais à se faire entendre de lui.
Il se montre souvent gourmand, ce qui est un péché. Flaubert se moque ici de l'hypocrisie catholique, peignant un personnage qui vend des préceptes qu'il est lui-même incapable de suivre.
Monsieur Lheureux
Lheureux incarne la prospérité commerciale. Il est dépeint comme un être diabolique. Il se montre d'abord doux et consolateur pour Emma. Il fait mine d'être son ami, et la pousse ainsi à dépenser son argent. Il est la figure de la tentation.
Flaubert n'a pas choisi son nom par hasard. Il est celui qui est heureux, car il est prospère, mais aussi celui qui promet le bonheur aux autres pour mieux les tromper. Le côté diabolique du personnage est renforcé par le fait qu'il semble toujours surgir au bon moment. À la mort d'Emma, loin de laisser Charles tranquille, il le poursuit pour qu'il rembourse les dettes de sa femme. Flaubert en fait un être malfaisant presque profondément mauvais.
Les personnages secondaires
Il y a dans le roman de nombreux personnages secondaires. Ils constituent une sorte de tableau des mœurs de province.
- On peut parler de "chœur", ce sont les personnages indéfinis qui constituent la population de Yonville. Flaubert les assimile souvent, ils semblent identiques. Il écrit : "Tous ces gens-là se ressemblaient." Certains personnages sont nommés.
- On trouve aussi les "commères" du village, qui sont nommées : madame Dubreuil, madame Langlois, madame Caron, madame Tuvache. Elles sont définies par leur jalousie et la petitesse de leur âme.
- Il y a également Félicité, servante d'Emma qui lui sert de confidente. Elle part à la fin du roman avec son amant, et les robes de sa maîtresse. On peut dire qu'elle semble vivre le bonheur qu'Emma aurait voulu. Toutefois, Flaubert reprend ce personnage dans son conte Un cœur simple, et elle a été abandonnée par son amant.
- On trouve aussi Justin, personnage naïf et "pur" qui voue un amour sans faille à Emma. Il a un rôle important, puisqu'il donne à Emma la clé qui lui permettra de prendre le poison.
- Il y a la famille d'Emma et Charles, le père et la mère de Charles, le père d'Emma, monsieur Rouault.
Une structure symétrique
Le roman présente une structure symétrique, dans le sens où plusieurs scènes semblent se répéter. En effet, plusieurs événements sont reliés, il y a des effets d'écho. Le roman se structure autour de nombreux motifs répétitifs qui se répondent de façon symbolique.
Les bals se répondent dans le roman. Il y en a deux : le bal au château de la Vaubyessard, qui survient dans le chapitre huit, trouve un écho avec le bal masqué à Rouen. Au premier bal, Emma a l'impression d'être celle vers qui tous les regards convergent. Au second bal, les illusions d'Emma sont détruites, elle est regardée uniquement par les marins. Le désespoir d'Emma répond ainsi à son espoir.
Le motif de la jambe est important. La blessure à la jambe du père Rouault et l'amputation d'Hippolyte se répondent. Il y a d'abord le succès de Charles, qui soigne le père Rouault, puis son échec, l'amputation d'Hippolyte. On peut lier ces interventions chirurgicales au mariage de Charles et Emma : d'abord il y a de l'espoir, puis c'est le délitement.
Les deux villages de Yonville et Tostes se répondent. À Tostes, la grand-route permettait d'aller jusqu'à Paris, ce qui nourrissait les rêves d'Emma. À Yonville, il n'y a pas de route ; simplement un "chemin de grande vicinalité". Les rêves d'Emma vont s'éteindre.
Les personnages vont par couple :
- Charles a eu deux épouses opposées, par l'âge, le physique et le caractère.
- Le pharmacien Homais et le médecin Charles s'opposent également, le premier a du succès, le second connaît l'échec.
- Emma a deux amants.
- Homais et l'abbé Bournisien s'opposent sur la foi (scientiste et croyant).
Bonheur et malheur s'opposent constamment dans le roman. Le bonheur béat de Charles Bovary est en opposition avec le malheur croissant d'Emma.