La différence entre la foi et la raison chez Pascal Exercice fondamental

Pascal, philosophe français et chrétien du XVIIe siècle, a produit un ouvrage constitué de fragments, auquel on a donné le nom de Pensées. Parmi ces fragments, certains traitent de la distinction entre foi et raison.

Si Pascal ne condamne pas l'usage de la raison face aux vérités de la foi, il insiste cependant sur la nécessité pour la raison de prendre conscience de ses limites, et de l'existence de choses qui la dépassent, dont elle ne peut rendre compte. Ainsi, si la foi ne doit pas choquer les principes de la raison, la soumettre entièrement à la raison la viderait de son contenu : "Si on soumet tout à la raison, notre Religion n'aura rien de mystérieux et de surnaturel. Si on choque les principes de la raison, notre Religion sera absurde et ridicule." Pascal nomme ainsi "superstition" la foi qui contredit les principes de la raison. Face à l'existence de choses qui la dépassent, et notamment l'explication de sa propre existence, la raison doit apprendre à se soumettre, de même qu'elle doit pouvoir affirmer avec assurance quand il le faut. La foi permet ainsi d'atteindre des vérités que la raison ne peut saisir : "La foi dit bien ce que les sens ne disent pas, mais jamais le contraire. Elle est au-dessus, et non pas contre." D'où également cet adage célèbre : "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point".

D'une manière générale, la foi est un principe du cœur ; on ne peut amener à croire par des principes rationnels, sinon par l'idée du "pari", qui consiste à affirmer que l'on a tout à gagner à croire en Dieu, et rien à perdre. La raison, quant à elle, est un principe de l'intellect, qui juge sur ce qui est mesurable, sur ce que nos sens peuvent atteindre. Mais les deux infinis qui encerclent la raison, l'infiniment grand et l'infiniment petit, rappellent à la raison qu'elle n'a pas de fondement absolu, qu'elle ne peut rendre compte de tout, et avant tout pas de sa propre existence ; partout où les sens se taisent, c'est la foi qui doit parler, selon Pascal.