Quels problèmes pose la notion d'autrui ?
Comment peut-on définir autrui ?
Quel problème la connaissance d'autrui pose-t-elle ?
En quoi autrui limite-t-il nos actions ?
Que signifie la célèbre phrase de Sartre : "l'enfer, c'est les autres" ?
"Autrui" est un terme essentiel en philosophie éthique, aussi bien qu'une réalité déterminante dans notre existence. Nous sommes, en tant qu'être sociaux, en permanence confrontés à autrui, nous vivons avec lui, autrui nous juge et nous confère une identité par son regard. Mais qui est autrui et comment le connaître ? Comment devons-nous agir envers lui ? Il importe donc de déterminer précisément qui est autrui, par quel moyen nous parvenons à le connaître, et quels rapports nous entretenons avec lui.
On désigne par "autrui" d'une manière générale, toute forme de conscience qui n'est pas nous. Les animaux, les choses, ne sont pas autrui pour nous. Seul est autrui une personne qui, tout en étant différente de moi, est par certains aspects comme moi. Autrui est donc cet être qui, tout en étant différent de moi, est également moi sous certains aspects. On peut donc définir autrui comme tout être doué de conscience qui n'est pas moi. Autrui n'existe d'ailleurs pas que pour les individus. Pour un peuple ou une nation, les autres peuples et nations sont également autrui, ce sont des autres qui pourtant, comme nous, forment un groupe qui présente une culture commune qui a conscience d'elle-même.
La question se pose alors de la modalité par laquelle on connaît autrui, et du rapport qui existe entre connaissance d'autrui et connaissance de nous-mêmes. Parvient-on à connaître autrui car on se connaît soi-même comme conscience ? Dans ce cas, comment peut-on être sûr de le connaître en tant qu'autrui, et pas par simple projection de nous-mêmes ? Peut-on réellement connaître autrui sans en passer par des impressions et des sentiments que l'on éprouve soi-même ? Il est possible que nous ne puissions pas connaître autrui en tant qu'autrui, mais seulement comme une dépendance de notre propre esprit. Certains penseurs, comme Husserl, affirment au contraire qu'on ne parvient à la connaissance de soi qu'à travers la connaissance d'autrui. C'est en prenant conscience de l'existence d'un autre que, par un effet de miroir, nous comprenons que nous sommes un autre pour autrui, et que donc nous sommes une personne à part entière.
Autrui pose également problème dans les rapports que nous entretenons avec lui. D'une part, il limite mon action. En effet, contrairement aux choses, il est digne de respect, on ne peut user de lui selon notre bon vouloir. Il présente une volonté indépendante qui fait que l'on ne peut prévoir ses désirs et ses actions, qui peuvent entrer en contrariété avec les nôtres. D'autre part, autrui limite mon action car il est susceptible d'exercer sur moi un jugement. C'est la signification de la célèbre phrase de Sartre : "l'enfer, c'est les autres". Bien que nous refusons de nous laisser définir par nos actes et cherchons des excuses, autrui, en jugeant nos actes et en nous définissant en fonction, forme notre identité réelle. Il y a donc ce qu'on pourrait appeler une aliénation de notre identité par le jugement d'autrui.
Autrui est ainsi une réalité distincte des autres en ce que, comme moi, il est doué de conscience et me reconnaît comme autrui. La question se pose de savoir si on peut connaître autrui en tant qu'autrui ou simplement par extension du moi. Enfin, autrui limite nos désirs et nos libertés en s'imposant comme une personne digne de respect, capable de juger nos actes. Autrui définit notre identité.
- Autrui est une dimension essentielle de notre existence ; en tant qu'être social, l'Homme est nécessairement confronté à autrui.
- Mais on peut se demander si l'on peut connaître autrui autrement que par une projection de soi.
- Par ailleurs, autrui limite notre action en s'imposant comme un être à respecter, qui est capable de juger nos actes.