L'art de la réécriture
Réécriture
La réécriture n'est pas un genre littéraire à part entière. C'est un terme technique qui désigne le fait de réécrire une œuvre à plusieurs degrés possibles :
- L'imitation : fait de prendre pour modèle une œuvre des anciens. Le thème est repris, ainsi que la tonalité, la trame et la forme, mais l'auteur s'exprime dans une langue originale - donc sans plagiat.
- L'inspiration : influence littéraire consciente.
- La réminiscence : allusion plus ou moins consciente à une autre œuvre.
Antigone d'Anouilh imite Antigone de Sophocle.
Le Roi Lear de Shakespeare s'inspire d'un conte gallois.
L'art de la réécriture n'est pas d'imiter purement et simplement, mais d'adapter en changeant une ou plusieurs caractéristiques d'une œuvre. Il peut s'agir de :
- La langue, dans le cas d'une traduction
- Le genre : un roman peut devenir pièce de théâtre.
- Le point de vue : on peut passer de la 3e personne à la 1re.
- Le registre : du tragique on peut passer au comique dans un pastiche par exemple.
- L'époque : en mettant en scène des personnages antiques dans une époque différente, le système des valeurs est bouleversé.
La réécriture contemporaine des tragédies antiques
Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l'on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d'entre les modernes.
La Bruyère
Le théâtre contemporain renoue avec la tradition de l'inspiration des tragédies antiques que le XVIIe siècle avait initiée. Le sens de l'œuvre initiale est changé et adapté par la réécriture.
En effet, en modernisant et en actualisant des mythes antiques, le dramaturge contemporain :
- Réfléchit à des sujets universels et en particulier à la condition humaine
- Adapte son sujet à l'actualité, montrant ainsi au spectateur que "rien n'est nouveau sous le soleil"
Le cas le plus célèbre de ce genre de réécriture est celui d'Antigone d'Anouilh. En faisant vivre les personnages de Sophocle dans un contexte modernisé, le thème de la désobéissance aux lois humaines prend une nouvelle dimension dans le contexte de l'occupation nazie.
Jean Anouilh et Jean Cocteau s'inspirent de l'Antigone de Sophocle pour réécrire la leur.
Jean Anouilh s'inspire d'Euripide pour écrire Médée.
Jean Cocteau s'inspire de l'histoire de Caligula pour écrire la pièce éponyme.