Sommaire
ILe registre réalisteIILe registre merveilleuxIIILe registre fantastiqueIVLe registre comiqueVLe registre lyriqueVILe registre épiqueVIILe registre tragiqueVIIILe registre pathétiqueIXLe registre didactiqueXLe registre polémiqueLe registre réaliste
Registre réaliste
Le registre réaliste concerne les récits qui présentent des situations, des personnages, ou des lieux comme s'ils pouvaient avoir réellement existé. Il consiste à créer une illusion de la réalité et à rendre compte du réel sans l'embellir.
On reconnaît un registre réaliste à :
- La multiplication de détails authentiques
- Un lexique précis et détaillé
- Des personnages ordinaires
- Une relative neutralité
- Dialogue au discours direct
Deux chambres, une salle à manger et une cuisine où des sièges recollés erraient de pièce en pièce selon les besoins, formaient tout l'appartement que Mme Caravan passait son temps à nettoyer.
Guy de Maupassant
"En famille", La Maison Tellier, Paris, éd. Paul Ollendorff (1891)
1881
Dans cet exemple, le registre réaliste se manifeste par la description détaillée.
Le registre merveilleux
Registre merveilleux
Le registre merveilleux met en scène un cadre spatio-temporel surnaturel et coupé de la réalité du lecteur, mais présenté comme étant normal.
On reconnaît un registre merveilleux à :
- Un champ lexical du surnaturel
- Des figures par analogie comme la métaphore ou la comparaison
- Un lexique connoté
- De nombreux superlatifs
Mais Cendrillon était triste de se voir si mal vêtue. Un autre coup de baguette magique, et apparurent de magnifiques pantoufles de verre. Puis la fée changea la vieille robe de Cendrillon en une somptueuse robe de bal. Quand Cendrillon fut prête, la Fée lui donna un avertissement... Sois de retour ici à minuit sonnant... car après minuit tout redeviendra comme avant. Soyez sans crainte marraine, je m'en souviendrai.
Et le carrosse partit vers le château.
Charles Perrault
"Cendrillon", Histoires ou Contes du temps passé, Paris, éd. Claude Barbin
1697
Dans cet extrait, le registre merveilleux se manifeste par la présence d'une fée et d'actes magiques.
Le registre fantastique
Registre fantastique
Le registre fantastique crée une atmosphère angoissante dans laquelle le lecteur doute de la véracité de phénomènes d'ordre surnaturel qui surviennent dans un cadre réel et familier.
On reconnaît un registre fantastique à :
- Un cadre spatio-temporel inquiétant
- Un champ lexical de la peur
- Un champ lexical du surnaturel
- Un lexique de l'étrangeté
- Des modalisateurs qui expriment souvent le doute
- Des métaphores et des comparaisons
Le bruit étrange se prolongea encore, et il entendit en même temps distinctement un bruit de pas. Il chaussa ses pantoufles, prit dans sa mallette une petite fiole oblongue et ouvrit la porte. Juste en face de lui il vit, au pâle clair de lune, un vieillard d'aspect terrible. Il avait des yeux rouges, pareils à des charbons incandescents ; une longue chevelure grise lui tombait sur les épaules en tresses emmêlées ; ses vêtements d'une coupe ancienne, étaient sales et élimés. De lourdes menottes et des fers rouillés lui pendaient aux poignets et aux chevilles.
Oscar Wilde
Le Fantôme de Canterville (The Canterville Ghost), trad. Léo Lack, Paris, éd. Les Quatre jeudis (1955)
1887
Le registre fantastique se manifeste dans cet extrait par l'apparition du fantôme.
Le registre comique
Registre comique
Le registre comique suscite le rire du lecteur.
On reconnaît un registre comique à :
- Des répétitions
- Des figures de style par analogie (comparaisons, métaphores, etc.)
- Des figures de style par amplification (hyperboles, gradations, etc.) ou par construction (parallélismes, hypallages, etc.)
- Un lexique connoté
- Une alternance des registres de langage soutenu et familier
Il existe différents types de comiques :
- Le comique de gestes (le personnage agit de façon cocasse)
- Le comique de mots (jeu de mots, accents, jurons, etc.)
- Le comique de caractère (avarice d'un personnage par exemple)
- Le comique de situation (un personnage est caché, un personnage en frappe un autre, etc.)
PÈRE UBU.
Ah ! Mère Ubu, je ne comprends rien de ce que tu dis.
MÈRE UBU.
Tu es si bête !
PÈRE UBU.
De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu'il meure, n'a-t-il pas des légions d'enfants ?
MÈRE UBU.
Qui t'empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
Alfred Jarry
Ubu roi, Paris, éd. Mercure de France
1896
Le registre comique de cette scène provient du vocabulaire utilisé : "bête", et de la façon dont le père Ubu s'adresse à sa femme en l'appelant "Mère Ubu".
Le registre lyrique
Registre lyrique
Le registre lyrique exprime l'intériorité du narrateur, d'un locuteur ou d'un personnage.
On reconnaît un registre lyrique à :
- La première personne du singulier
- Des verbes de sentiments
- Des champs lexicaux en lien avec des sentiments (haine, colère, douleur, amour, etc.)
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des figures de style par amplification (hyperbole, anaphore, gradation, etc.)
Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Victor Hugo
"Demain, dès l'aube", Les Contemplations, Paris, éd. Pagnerre, Michel Lévy (1856)
1847
Le registre lyrique se manifeste dans ce poème par l'emploi de la première personne du singulier et par l'expression des sentiments du poète.
Le registre épique
Registre épique
Le registre épique suscite l'admiration du lecteur en conférant au personnage et à ses actions une portée héroïque.
On reconnaît un registre épique à :
- Des verbes d'action en grande quantité
- Des figures de style par amplification ou par opposition
- Un lexique connoté de manière méliorative, en particulier en lien avec le domaine guerrier
- Une situation exceptionnelle
- Des champs lexicaux liés au combat
Un effroyable cri, sorti du fond des flots,
Des airs en ce moment a troublé le repos ;
Et, du sein de la terre, une voix formidable
Répond en gémissant à ce cri redoutable.
Jean Racine
Phèdre, Acte V, scène 6, Paris, éd. Jean Ribou
1677
Ce passage relève du registre épique avec l'emploi d'hyperboles : "effroyable cri", "voix formidable", "cri redoutable".
Le registre tragique
Registre tragique
Le registre tragique désigne une situation sans issue dans laquelle le personnage prend conscience de son impuissance face au destin en marche. Il suscite la peur et la pitié du lecteur.
On reconnaît le registre tragique à :
- Un registre de langue soutenu
- Des phrases interrogatives et des phrases exclamatives qui expriment sa détresse
- Des champs lexicaux comme celui de la fatalité et de la liberté
- Des métaphores et des comparaisons en lien avec ces champs lexicaux
- Les champs lexicaux de la passion, du désespoir et de l'impuissance
- Une ponctuation expressive
- La présence d'un dilemme
HAMLET.
Le temps est disloqué. Ô destin maudit,
Pourquoi suis-je né pour le remettre en place !
William Shakespeare
Hamlet, dans Œuvres complètes, trad. François-Victor Hugo, Paris, éd. Pagnerre (1859-1866)
1603
Ce passage relève du registre tragique, le langage est soutenu, il y a une exclamation ainsi que l'idée de fatalité et l'utilisation de l'onomatopée "ô".
Le registre pathétique
Registre pathétique
Le registre pathétique permet de faire ressentir de la compassion au lecteur.
On reconnaît le registre pathétique à :
- Des phrases exclamatives
- Des questions rhétoriques
- Des verbes de sentiments
- Un lexique connoté
- Des métaphores et des comparaisons poignantes
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d'ombre profonde étaient presque éteints à force d'avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l'angoisse habituelle, qu'on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l'avait deviné, "perdues d'engelures". Le feu qui l'éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelottait toujours, elle avait pris l'habitude de serrer ses deux genoux l'un contre l'autre.
Victor Hugo
Les Misérables, Paris, éd. Albert Lacroix et Cie
1862
Ce passage relève du registre pathétique, car l'auteur cherche à émouvoir le lecteur en exagérant la pauvreté et le caractère miséreux de Cosette.
Le registre didactique
Registre didactique
Le registre didactique a pour objectif d'instruire le lecteur.
On reconnaît le registre didactique à :
- L'emploi du présent de vérité générale ou à celui du présent descriptif
- De nombreux connecteurs logiques qui organisent le propos
- Des définitions et des exemples
- Un lexique spécialisé, voire technique
Toutes les fables de La Fontaine ont une portée didactique, puisqu'elles visent à instruire le lecteur avec des morales comme : "Tel est pris qui croyait prendre."
Le registre polémique
Registre polémique
Le registre polémique cherche à indigner le lecteur afin de le faire réagir.
On reconnaît le registre polémique à :
- Un lexique connoté, de manière méliorative ou péjorative (parfois les deux)
- Des figures par amplification
- Des figures par opposition
- Des figures par construction
- Des phrases exclamatives et des questions rhétoriques
- La présence d'une deuxième personne du singulier ou du pluriel, qui signifie une interpellation du lecteur
Allez, faîtes ! Retranchez trois millions d'électeurs, retranchez-en quatre, retranchez-en huit millions sur neuf. Fort bien. Le résultat sera le même pour vous, sinon pire. Ce que vous ne retrancherez pas, ce sont vos fautes : ce sont tous les contresens de votre politique de compression : c'est votre incapacité fatale ; c'est votre ignorance du pays actuel ; c'est l'antipathie qu'il vous inspire et l'antipathie que vous lui inspirez.
Victor Hugo
Discours sur le suffrage universel prononcé à l'Assemblée nationale
20 mai 1850
Ce discours est polémique, Victor Hugo utilise des exclamations et s'adresse directement à son interlocuteur.