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La genèse de l'œuvre Cours

Sommaire

ILes faits diversIILes documents préparatoiresALes scénarios1Le premier scénario général2Les second et troisième scénarios générauxBLes autres documentsIIILe travail de l'écrivainALes modèles littéraires de FlaubertBLa correspondance de FlaubertCLe travail documentaireDUne méthode de travail légendaireIVLa rédactionALa chronologie de l'écritureBLire, relire et de nouveau lire : étude des manuscrits

La genèse de Madame Bovary est longue et bien documentée. On estime que Flaubert s'est inspiré de certains faits divers, même s'il ne l'a jamais clairement dit ou écrit. De nombreux documents préparatoires utilisés par l'auteur sont encore consultables aujourd'hui. Il a écrit notamment plusieurs scénarios, dont les plus importants sont les trois scénarios généraux.

Le travail de l'écrivain est long et laborieux. S'il est marqué par ses modèles littéraires, Flaubert travaille à s'en éloigner et à ne garder que le meilleur. Il détaille son travail dans sa correspondance, véritable source de connaissance sur le labeur de l'auteur. Sa méthode légendaire s'illustre surtout dans la façon qu'il a de "gueuler" son texte. Une véritable recherche documentaire est faite avant la rédaction de l'œuvre, dont la chronologie peut être déduite grâce à la correspondance de Flaubert. Les manuscrits qu'il a laissés permettent de voir que Flaubert lit et relit sans cesse son travail.

I

Les faits divers

Il est d'usage de dire que le roman Madame Bovary a été inspiré d'un fait divers, mais rien ne le prouve dans l'abondante correspondance de Flaubert. Toutefois, l'histoire rappelle en effet "l'affaire Delamare".

Eugène Delamare vivait dans un bourg en Normandie. Après la mort de sa femme, plus âgée que lui, il épouse Delphine Couturier. Cette dernière le trompe, dépense son argent et, poursuivie par les créanciers, se suicide en 1848. Eugène Delamare se retrouve seul avec sa fille. Il ne survit qu'un an à sa femme.

Il existe d'autres faits divers qui ont pu inspirer Flaubert :

  • L'affaire Loursel où un pharmacien a pour maîtresse une certaine madame de Bovery.
  • L'affaire Lafarge qui défraye la chronique en 1840. Marie Lafarge est soupçonnée d'avoir empoisonné son mari.
  • L'histoire de Louise Pradier, qui a eu plusieurs amants et dépensé l'argent de son époux avant que ce dernier ne se sépare d'elle.

Ah ! la belle étude que j'ai faite là ! Et quelle bonne mine j'y avais !

Gustave Flaubert

Lettre à Louise Colet

2 avril 1845

Flaubert a rencontré Louise Pradier et son mari quand il était étudiant. Il a revu Louise après sa séparation avec son époux. Cette exclamation flaubertienne dans sa correspondance laisse penser qu'il s'est inspiré de cette femme, du moins de son histoire.

Il faut pourtant bien préciser que Flaubert a toujours été intéressé par le thème de la femme mal mariée. Dans Passion et vertu, en 1837, il traitait déjà de ce sujet.

II

Les documents préparatoires

A

Les scénarios

Les scénarios, que Flaubert écrit avant de se lancer dans la rédaction, peuvent être classés en trois catégories :

  • Les trois scénarios généraux qui sont de plus en plus développés et indiquent la progression de l'intrigue.
  • Les scénarios d'ensemble qui ne portent que sur une partie du roman, une partie de chapitre. Flaubert travaille alors à assurer la cohérence et l'enchaînement des différents morceaux de l'œuvre entre eux.
  • Les scénarios partiels, qui se concentrent en général sur un chapitre. Flaubert y fait de nombreuses annotations dans la marge.

Les scénarios généraux sont ceux qui donnent le plus d'indications sur l'évolution de l'œuvre.

1

Le premier scénario général

Le premier scénario est fait de deux pages recto-verso. Il date de l'été 1851. Ce scénario est plus descriptif que les autres, Flaubert y détaille la vie d'Emma. Il n'a pas encore divisé son roman en plusieurs parties.

Dans le premier scénario, Charles meurt dans le jardin.

Le premier scénario général du roman est bref. Flaubert annonce l'intrigue à venir et donne les caractéristiques principales des personnages. Leurs noms définitifs n'apparaissent pas tous encore.

Flaubert est déjà convaincu par "Charles", mais pour Emma il hésite avec Marie, Marianne ou encore Marietta.

Plusieurs scènes n'ont pas encore été imaginées par l'auteur.

La scène des Comices n'existe pas, la scène du pied-bot non plus.

On constate aussi que les personnages n'ont pas encore un rôle bien défini.

Homais est le logeur de Rodolphe, et non le pharmacien.

Flaubert donne des indications assez précises sur le caractère de certains protagonistes.

Léon n'apparaît encore que sous le titre "le premier amant", il est défini pas sa "nature molle". Il est intéressant de noter que l'auteur a d'abord écrit "nature féminine", puis l'a rayé. Léon est donc un personnage que Flaubert associe à la faiblesse, à l'inaction (qui sont souvent associées aux femmes).

On note également que Flaubert procède à de nombreuses annotations en marge, comme : "ceci développé plus - à cette époque elle en est encore au rêve et à l'ennui."

2

Les second et troisième scénarios généraux

Le deuxième scénario date également de 1851. Flaubert procède à de nombreuses modifications. Il y a plus de matière, Flaubert y incorpore les éléments qu'il n'avait qu'écrits dans la marge pour le premier scénario.

Léon est, dans le premier scénario, l'amant d'Emma dès son arrivée à Yonville. Dans le second scénario, Flaubert choisit de repousser la liaison. Toutefois, celle-ci a lieu avant sa relation avec Rodolphe, alors que dans le roman terminé c'est l'inverse.

Flaubert procède à des changements dans le but de rester dans la logique des personnages. Il détaille trois parties, qui ne sont pas celles qu'on trouve dans le roman terminé.

I : Depuis l'entrée au Collège de Ch. jusqu'à la fin de l'am. d'Amédée. jus'après son dép. pr. Rouen

II : Rodolphe - (la baise (sans préparation pr. le lecteur ni pr. elle) jusqu'à la fin des voy de Rouen

III : vertige de sa position - coup avec R. - essai du mari - ad à Léop. - suicide - suicide maladie m - etc.

Gustave Flaubert

Second scénario général

1851

Flaubert utilise de nombreuses annotations qui ne sont pas claires pour le lecteur, elles ne sont destinées qu'à lui. Il n'a pas encore changé le nom de Léon qui s'appelle toujours Amédée. La première partie s'achève sur le départ pour Rouen, et non pour Yonville.

Le troisième scénario général est le plus abouti. Flaubert y détaille les problèmes financiers d'Emma, qui sont la raison principale de son suicide. Il y précise également les différentes parties du roman telles qu'elles sont dans la version publiée.

B

Les autres documents

Flaubert s'appuie également sur d'autres documents que les scénarios. On trouve :

  • Les plans : ils sont très proches des scénarios. Flaubert y détaille des scènes du roman qu'il note sous la forme de "formules titres". Les plans se présentent en colonnes que Flaubert numérote parfois.
  • Les résumés : ils concernent des ensembles partiels et reprennent, parfois sous forme de listes, des éléments des scénarios.
  • Les notes qui sont des annotations de Flaubert prises alors qu'il se documente, mais aussi des brouillons ou des parties de texte.
  • Les esquisses qui constituent la première étape de la rédaction et se rapprochent des brouillons.
III

Le travail de l'écrivain

A

Les modèles littéraires de Flaubert

Flaubert est un grand lecteur. Dans sa jeunesse, il a lu de nombreux auteurs romantiques. S'il critique Victor Hugo, il ne peut s'empêcher d'admirer ce "grand bonhomme".

Emma donne à son chien le nom de la chèvre d'Esméralda dans Notre-Dame de Paris, Djali. Choix certes ironique, mais qui témoigne néanmoins d'une certaine reconnaissance de Flaubert à Victor Hugo.

Flaubert a également lu Alexandre Dumas et Chateaubriand, Goethe et son Faust. Il lit aussi en anglais, Byron et Shakespeare, qui lui plaît particulièrement. Il admire Balzac et sa Comédie humaine, mais lui reproche son style.

Flaubert aime aussi des auteurs plus anciens, et particulièrement Rabelais. Il écrit ainsi à Louise Colet dans une lettre datée du 16 novembre 1853 qu'il faut "revenir à cette veine-là, aux robustes outrances". Dans un exemplaire de Rabelais qu'il possède, des chercheurs ont trouvé de nombreuses notes et des commentaires. Il cite aussi Molière, Montesquieu, Montaigne et Boileau. Il admire particulièrement leurs styles.

B

La correspondance de Flaubert

En plus des documents préparatoires, Flaubert a laissé de très nombreuses lettres qui expliquent la genèse, l'écriture puis la publication du roman. Il en a laissé près de 300 sur le sujet. Ces lettres permettent d'éclairer la démarche de l'auteur. Elles s'étendent de 1850 à 1857 (année de publication du roman). Dans cette correspondance, on peut retrouver des remarques sur son travail, des analyses sur l'action du roman, des analyses sur les personnages, l'explication de ses choix littéraires et stylistiques.

On peut relever trois correspondants privilégiés :

  • La destinataire principale, Louise Colet, à qui il écrit jusqu'en 1854.
  • Louis Bouilhet, l'ami de toujours.
  • Marie-Sophie Leroyer de Chantepie à qui il écrit essentiellement après la première parution de Madame Bovary.

Les lettres constituent un véritable journal de l'œuvre. Elles fournissent des repères chronologiques précis pour dater les étapes de la rédaction, mais aussi pour comprendre l'état d'esprit de l'écrivain :

  • Flaubert se plaint souvent de ne pas avancer assez vite.
  • Flaubert exprime sa difficulté à trouver les mots justes, le bon rythme, et évoque son éternelle chasse aux répétitions.
  • Flaubert parle de la difficulté à écrire avec nuance la gradation des sentiments d'Emma. Il définit son roman comme une "narration psychologique" où le développement des émotions est primordial pour comprendre l'action.
  • Flaubert exprime également ses idées sur l'art et la littérature. On y trouve plusieurs citations qui soulignent son rejet du lyrisme et l'importance qu'il accorde à la neutralité.

Nul lyrisme, pas de réflexions, personnalité de l'auteur absente.

Gustave Flaubert

Correspondances

31 janvier 1852

C

Le travail documentaire

Flaubert documente son travail. Il lit de nombreux ouvrages avant de se lancer dans la rédaction d'une œuvre, mais il ne se documente pas uniquement en lisant.

Afin de décrire au mieux la cathédrale de Rouen, Flaubert écrit à un ami érudit et lui pose une série de questions sur la construction de ce style de bâtiment.

Avant d'écrire la scène des Comices, Flaubert s'est rendu à une fête similaire.

L'agonie d'Emma et sa mort sont particulièrement bien détaillées, tout comme les scènes de médecine qui ponctuent le roman. Pour cela, Flaubert s'est plongé dans le Traité de médecine légale de Mathieu Orfila publié en 1836, et le Traité pratique du pied-bot du docteur Duval publié en 1839. Flaubert regrette d'ailleurs de ne pas pouvoir tout savoir, et se heurte vite à sa faible connaissance de la médecine.

Je me suis aperçu que je me foutais dans la blouse (si l'on peut s'exprimer ainsi). Ma science, acquise de fraîche date, n'était pas solide de base.

Gustave Flaubert

Lettre à Louise Colet

18 avril 1854

Flaubert déplore son manque de connaissances en médecine.

Flaubert se renseigne aussi sur les billets à ordre (moyen de paiement). Il constitue un petit dossier dessus et envoie même une lettre à un notaire, Frédéric Fovard, pour en savoir plus. Il faut également rappeler que Flaubert a lu les albums romantiques dans lesquels Emma se plonge.

Flaubert veut faire du beau à partir du vrai, c'est ce qui le caractérise. Il veut donc savoir de quoi il parle, ou plutôt sur quoi il écrit. Cela explique son travail de recherche minutieux.

D

Une méthode de travail légendaire

La méthode de Flaubert est assez surprenante. Lui-même écrit qu'il "gueule en écrivant". Il parle à voix haute pour pouvoir mesurer le rythme de sa phrase, sa musicalité.

Mais la méthode de Flaubert n'est pas simplement de réciter à voix haute ce qu'il écrit. Il se méfie de l'inspiration, il prépare d'abord un plan précis pour chaque scène. Il sait avant de rédiger s'il va utiliser le style direct ou indirect, rapporter une action, analyser une scène, faire une description.

Il insiste sur l'importance de prendre de la distance par rapport au sujet. Il ne cesse d'observer son travail de façon objective, de prendre du recul. Cela empêche de se focaliser sur des détails insignifiants, et permet de voir l'ensemble. Il y a donc un réel travail de réflexion.

IV

La rédaction

A

La chronologie de l'écriture

Grâce à la correspondance de Flaubert, il est possible de restituer la chronologie de la rédaction du roman :

  • Du 19 septembre 1851 au mois d'août 1852, Flaubert rédige la première partie. Il écrit les 6 premiers chapitres en 5 mois.
  • De septembre 1852 à fin 1854, il rédige la deuxième partie. La scène des Comices est écrite en 4 mois.
  • Durant l'année 1855, il rédige la dernière partie.

Il met donc deux fois plus de temps à écrire la deuxième partie que les deux autres. Sa correspondance souligne la difficulté qu'il a eue à rédiger tout ce morceau du roman.

Il remet son manuscrit à son éditeur en avril 1856.

B

Lire, relire et de nouveau lire : étude des manuscrits

Il m'arrive de supprimer, au bout de cinq ou six pages, des phrases qui m'ont demandé des journées entières.

Gustave Flaubert

Lettre à Louise Colet

Plusieurs chercheurs se sont penchés sur l'étude des processus d'écriture en analysant les manuscrits des écrivains. On parle de critique génétique. Les manuscrits de Madame Bovary permettent de se rendre compte du travail de forçat de Flaubert. Il ne cesse d'effectuer des modifications. Il y a deux types de manuscrits. D'abord, le manuscrit définitif autographe, qui comporte encore de nombreuses ratures après relectures. Puis le manuscrit définitif du copiste, sur lequel figurent les suppressions exigées par la Revue de Paris au moment de la sortie du roman.

Le travail de Flaubert semble très méthodique. Pourtant, il n'est pas linéaire. Flaubert revient plusieurs fois en arrière, il modifie, il transforme, il reprend les scénarios, il ajoute ou supprime des scènes.

Dans le dernier scénario, on ne trouve pas encore trace de la noce, de la soirée à l'auberge, de la visite à la nourrice, des entretiens avec le curé, ou encore de la scène du fiacre.

Dans la composition d'une scène, Flaubert passe par plusieurs étapes, revient souvent sur le texte. Il corrige plus qu'il n'écrit.

Le travail de relecture permet à Flaubert de corriger ce qui ne le satisfait pas. Les brouillons sont difficiles à lire, car il rature, fait des ajouts, écrit entre les lignes, utilise des flèches ou des symboles. Certaines pages sont illisibles.

La relecture sert notamment à supprimer les répétitions, à traquer le lyrisme. Flaubert hurle ensuite son texte à voix haute. Puis il le recopie et lit le texte à une tierce personne.

Pour Madame Bovary, Flaubert a relu son texte à son ami, le poète Louis-Hyacinthe Bouilhet.

Certains changements sont essentiels et permettent de réfléchir à ce que Flaubert cherche à atteindre.

Il [Homais] vient de recevoir la croix d'honneur.

Gustave Flaubert

Madame Bovary

1856

Dans les scénarios d'ensemble, la fin du roman est centrée sur Berthe, la fille de Charles et Emma. Finalement, la dernière phrase du roman est celle citée ci-dessus. Flaubert choisit donc de clore son livre sur le triomphe du pharmacien. Cette modification dit bien le pessimisme de l'écrivain. C'est un être double, menteur et tricheur, un homme motivé par l'argent et animé par l'ambition, qui sort vainqueur du roman. La critique de la société est acerbe.

Le personnage de Lheureux est à peine mentionné dans les scénarios préparatoires. Pourtant, Flaubert a choisi de lui donner une place primordiale dans l'œuvre achevée. Presque diabolique, il représente le commerce et l'argent, et pousse Emma au suicide. Son développement permet la critique du pouvoir et de l'argent.

Les écrivains romantiques croyaient en l'inspiration. Flaubert détruit complètement ce mythe. Il parle d'une écriture technique.

Pour aboutir à une page définitive, Flaubert a en moyenne écrit sept versions différentes. Il faut noter que certains passages ne sont réécrits "que" trois fois, et d'autres près de cinquante fois.

La rédaction du roman est donc lente et laborieuse. Dans son petit laboratoire, cette maison que son père a achetée avant de mourir, Flaubert se livre à un vrai combat contre lui-même.

Je suis profondément las de ce travail. [...] J'écris dix pages à la fois, sautant d'une phrase à l'autre.

Gustave Flaubert

Lettre à Louise Colet

Janvier 1853

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