Répondre aux questions suivantes qui permettront d'expliquer quels sont les enjeux de société relatifs à la production des semences.
Comment appelle-t-on la sélection exercée par les humains ?
La sélection exercée par les humains est appelée « sélection artificielle ». Elle repose sur les mêmes principes que la sélection naturelle, et mène à un processus de domestication.
Quel est l'objectif de la domestication des plantes ?
La domestication est un processus qui sélectionne les plantes cultivées (dans le contexte de ce cours) aux phénotypes avantageux pour les populations humaines. La production acquière donc des caractéristiques optimisées pour la consommation et les modes de vie humains. En revanche, la domestication s'accompagne généralement d'une baisse de la biodiversité, la naissance de l'agriculture n'a pas forcément favorisé une alimentation plus équilibrée, et ne permet pour l'instant pas de contrer le réchauffement climatique (au contraire).
Que sont les « semences » ici ?
Les semences désignent les graines vendues par des entreprises (les semenciers) et qui permettent de faire pousser des plantes domestiquées aux phénotypes bien définis et strictement sélectionnés. Généralement, il n'est pas possible (voire interdit) pour les agriculteurs d'utiliser les graines produites pour les replanter à nouveau.
La domestication des plantes a-t-elle une influence sur la génétique humaine ?
La domestication a une influence sur la génétique des plantes domestiquées, mais produit également des adaptations du côté des consommateurs, les humains.
Quel est le lien entre la domestication des plantes et les pratiques agricoles ?
La domestication des plantes permet d'adapter leur phénotype aux besoins des populations humaines, mais les agriculteurs doivent également adapter leurs pratiques culturales aux besoins spécifiques des plantes.
Avec la sédentarisation, les populations humaines sont passées d'un mode alimentaire de chasseur-cueilleur à une alimentation fournie par l'agriculture et l'élevage d'organismes progressivement domestiqués. Cette domestication est le fruit d'une sélection, non pas naturelle, mais artificielle : en sélectionnant et en semant au fil des récoltes les individus possédant des caractéristiques agricoles et alimentaires intéressant les agriculteurs, on a pu diriger l'évolution de plantes sauvages de manière empirique.
Avec l'avènement de la génétique et de la biologie moléculaire, de nouvelles méthodes ont permis de créer de nouvelles espèces/variétés de manière totalement contrôlée. Par des méthodes d'hybridation contrôlée, il est possible de créer des lignées rassemblant des phénotypes d'intérêt présents chez leurs parents. Des techniques comme la transgenèse permettent l'insertion de nouveaux gènes dans les organismes végétaux, qui sont alors considérés comme des OGM (Organismes génétiquement modifiés). Les variétés ainsi « fabriquées » sont la propriété des entreprises les ayant créées, et les plants ou les graines sont vendus par ces semenciers aux agriculteurs sans possibilité/autorisation pour eux de les ressemer/propager (problème de « privatisation » du vivant).
La domestication et la sélection artificielle des plantes ont permis d'optimiser la production alimentaire fournie par l'agriculture, en augmentant les qualités nutritionnelles, la productivité et le rendement, en facilitant la récolte, etc. Ainsi, certaines plantes dont les ancêtres sauvages étaient toxiques et peu productifs sont devenues comestibles et présentent un fort rendement. Les avancées majeures fournies par la génétique se sont manifestées par une « révolution verte » dans les années 1960 et 1970, à la base du modèle agricole occidental actuel.
Malgré les avantages de cette agriculture technologique, de sérieux problèmes émergent. L'utilisation de semences en agriculture intensive et en monoculture conduit à une perte drastique de la diversité génétique dans les champs, tous les plants cultivés sur plusieurs hectares étant presque génétiquement identiques. Cette homogénéité génétique conduit à une sensibilité aggravée face aux maladies, aux intempéries, et ne favorise pas l'installation d'un écosystème diversifié (perte de biodiversité). De plus, ils instaurent une dépendance des agriculteurs par rapport aux semenciers, qui créent sans cesse de nouvelles variétés ou commercialisent de nouveaux produits adaptés aux problèmes rencontrés. Pour les OGM, un risque de transmission du transgène vers les espèces sauvages existe, et conduit à une « contamination génétique » de ces populations. Enfin, la disparition des variétés ancestrales et des variétés moins populaires provoque une homogénéisation de l'alimentation humaine, qui peut se retrouver carencée ou menacée en cas de récoltes catastrophiques.
Finalement, la production des semences présente beaucoup d'avantages contrebalancés par de nombreux inconvénients. Le processus de domestication a également touché les populations humaines, qui ont génétiquement évolué et adapté leurs pratiques agricoles aux plantes cultivées. De nouvelles démarches agricoles, alliant des pratiques anciennes, les connaissances sur le fonctionnement des écosystèmes et les avancées techniques modernes permettent peu à peu de relever les défis environnementaux et alimentaires à venir.