Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
« Marseille », Débarcadères
Jules Supervielle, © Gallimard
1922
« Marseille sortie de la mer, avec ses poissons de roches ses coquillages et l'iode,
Et ses mâts en pleine ville qui disputent les passants,
Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d'eau marine,
Le beau rendez-vous de vivants qui lèvent le bras comme pour se partager le ciel,
Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes de maintenant avec leurs yeux de phosphore,
Leurs verres, leurs tasses, leurs seaux à glace et leurs alcools,
Et cela fait un bruit de pieds et de chaises frétillantes.
Ici le soleil pense tout haut, c'est une grande lumière qui se mêle à la conversation,
Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne,
Il prend les nouveaux venus à partie, les bouscule un peu dans la rue,
Et les pousse sans un mot du côté des jolies filles.
Et la lune est un singe échappé au baluchon marin
Qui vous regarde à travers les barreaux légers de la nuit.
Marseille, écoute-moi, je t'en prie, sois attentive,
Je voudrais te prendre dans un coin, te parler avec douceur,
Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu
Ô toi toujours en partance
Et qui ne peux t'en aller,
À cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Le genre littéraire de ce texte est poétique. C'est un poème écrit par Jules Supervielle.
Comment appelle-t-on les vers utilisés dans ce poème ?
Les vers utilisés dans ce poème sont des vers libres. Les vers libres ne présentent généralement pas de rimes et comportent des vers de mètres différents.
Quel est le sujet de ce poème ?
Le sujet de ce poème est la ville de Marseille comme le suggèrent le premier mot du poème « Marseille » et les différents détails donnés à propos de cette dernière comme « ses mâts en pleine ville », « ses tramways », « les cafés ».
Par quel procédé stylistique la ville est-elle donnée à voir : « Marseille », « sois attentive », etc. ?
La ville est donnée à voir selon le procédé stylistique de la personnification comme le suggèrent l'adresse initiale « Marseille » et la fin du poème. En effet, le poète s'adresse directement à la ville avec l'emploi de l'impératif : « écoute-moi », « sois attentive ». Marseille est considérée comme une personne vivante. Le poète s'adresse à elle comme si elle était la femme aimée : « Je voudrais te prendre dans un coin, te parler avec douceur / Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu ».
Quelle est la figure de style utilisée dans le vers suivant : « Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d'eau marine » ?
La figure de style utilisée dans le vers « Ses tramways avec leurs pattes de crustacés sont luisants d'eau marine » est une métaphore. Le poète compare implicitement, sans outil de comparaison, les rails des « tramways » à des « pattes de crustacés » pour montrer que cette ville portuaire ne cesse de mêler en son sein des caractéristiques terrestres et maritimes.
Quelle vision de la ville se dégage dans ce poème ?
Dans ce poème, la vision de la ville qui se dégage est dynamique et joyeuse. Supervielle déclare toute son admiration et son amour pour cette ville qu'il trouve belle, remplie de joie et de vie comme le suggèrent l'abondance des bateaux, la multitude des poissons pêchés, les transports en commun, la vie des terrasses sur lesquelles se réunissent avec joie, femmes, hommes et enfants. Et le soleil brille généreusement sur cette ville.
Quelle est la figure de style utilisée dans le vers « Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes » ?
La figure de style utilisée dans ce vers « Et les cafés enfantent sur le trottoir hommes et femmes » est une personnification car le poète prête une caractéristique humaine (« enfantent ») à un objet inanimé (« les cafés ») pour montrer toute la vitalité de la ville et de ses commerces, ici plus particulièrement les cafés.
Quelle est la figure de style utilisée dans le vers « Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne, » ?
La figure de style utilisée dans le vers « Et réjouit la gorge des femmes comme celle des torrents dans la montagne, » est la comparaison mise en évidence par l'outil de comparaison « comme » qui rapproche « la gorge des femmes » et « des torrents dans la montagne » afin de montrer les paroles joyeuses et en cela bruyantes que profèrent les femmes.
Quelle est la figure de style utilisée dans le vers « À cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer » ?
La figure de style utilisée dans ce vers « À cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer » est la métaphore qui suggère, par une comparaison implicite, que les fonds marins sont mordillés par les ancres. Les ancres semblent comme chatouiller les eaux et les font constamment bouger faisant ainsi apparaître de belles ondulations à sa surface. Cette métaphore suggère la vitalité et la beauté de la ville de Marseille.
Que demande le poète à la ville dans les quatre derniers vers : « Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu / Ô toi toujours en partance / Et qui ne peux t'en aller, / À cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer. » ?
Dans les quatre derniers vers, « Reste donc un peu tranquille que nous nous regardions un peu / Ô toi toujours en partance / Et qui ne peux t'en aller, / À cause de toutes ces ancres qui te mordillent sous la mer. », le poète demande à la ville d'arrêter d'être en mouvement pour pouvoir l'étreindre. Cette ville portuaire est sans cesse agitée par les flots de la mer, elle est donc toujours en mouvement. Même si elle reste attachée grâce aux ancres de ses bateaux, à son port, le poète aimerait la serrer dans ses bras, l'étreindre comme il le ferait avec la femme aimée.