Sommaire
ILes différentes finalités des textesALe texte narratif1Objectif : raconter2Actions et paroles rapportées3Le temps dans le texte narratifBLe texte descriptif : faire voir1Objectif : faire voir2Des états et des précisions3L'espace dans la descriptionCLe texte explicatif1Objectif : informer le lecteur2Un discours encyclopédique3Une organisation progressiveDLe texte argumentatif1Objectif : faire adhérer le lecteur2Un locuteur engagé3Un discours organiséETableau récapitulatif des types de textesIIDécrypter le texte pour en comprendre la finalitéALes différences de registre de langue1Le registre courant2Le registre soutenu3Le registre familierBL'usage du vocabulaire1Le champ lexical2Le champ sémantiqueLes différentes finalités des textes
Le texte narratif
Objectif : raconter
Discours narratif
Le discours narratif raconte une histoire. Le narrateur évoque des événements vécus par un ou plusieurs personnages.
Un roman est composé essentiellement de discours narratif. Il raconte les événements vécus par les personnages.
Le discours narratif se reconnaît à la présence de nombreux verbes d'action.
Il s'enfonça dans les rues silencieuses. Cependant, il suivait une direction. Il coupa par le plus court vers la Seine, gagna le quai des Ormes, longea le quai, dépassa la Grève, et s'arrêta, à quelque distance du poste de la place du Châtelet, à l'angle du pont Notre-Dame.
Victor Hugo
Les Misérables, Paris, éd. Albert Lacroix et Cie
1862
Cet extrait relève du discours narratif car il accumule les verbes d'action : "s'enfonça", "suivait", "coupa", "gagna", "longea", "dépassa", "s'arrêta".
Actions et paroles rapportées
Le discours narratif se caractérise par une succession d'actions. Celles-ci peuvent consister à échanger des paroles.
Le récit se compose donc du discours du narrateur et des paroles échangées par les personnages. Ces paroles rapportées peuvent être transmises de différentes façons. Il existe plusieurs sortes de discours :
- Un discours direct où les paroles sont rapportées comme elles ont été prononcées.
- Un discours indirect où les paroles sont rapportées dans des propositions subordonnées conjonctives.
- Un discours indirect libre où les paroles sont rapportées en s'inscrivant dans le récit sans être rapportées dans des subordonnées conjonctives.
- Un discours narrativisé où les paroles ne sont pas rapportées clairement mais correspondent plutôt à une sorte de résumé de ce qui a été dit.
Comme il ouvrait la bouche,[...] l'homme [...] dit d'une voix haute :
— Voici. Je m'appelle Jean Valjean. Je suis un galérien. J'ai passé dix-neuf ans au bagne. [...] Je suis très fatigué, douze lieues à pied, j'ai bien faim. Voulez-vous que je reste ?
— Madame Magloire, dit l'évêque, vous mettrez un couvert de plus.
Victor Hugo
Les Misérables, Paris, éd. Albert Lacroix et Cie
1862
Cet extrait alterne les verbes de parole (qui sont aussi des verbes d'action) et les paroles rapportées directes, identifiables aux tirets en début de ligne. Ces derniers marquent la prise de parole par un nouvel interlocuteur.
Le temps dans le texte narratif
Deux systèmes temporels sont à la disposition du narrateur :
- Le système du passé (actions au passé simple, descriptions à l'imparfait, retours en arrière au plus-que-parfait, anticipations au conditionnel présent).
- Le système du présent (actions et descriptions au présent, retours en arrière au passé composé, anticipations au futur simple).
Ces deux systèmes ne peuvent pas se mélanger.
Par ailleurs, les actions ne sont pas toujours proposées dans leur ordre chronologique :
- Le narrateur peut revenir en arrière avec des analepses.
- Le narrateur peut anticiper la suite des événements avec des prolepses.
Enfin, le lecteur peut avoir l'impression que le temps s'écoule de manière irrégulière :
- La pause est un moment où l'action s'arrête. Le temps semble aussi s'arrêter.
- La scène est un événement détaillé. Elle ralentit le défilement du temps.
- Le sommaire est un événement long résumé. Il accélère le défilement du temps.
- L'ellipse occulte une partie des événements. C'est un saut dans le temps.
Le texte descriptif : faire voir
Objectif : faire voir
La description a pour objectif de montrer au lecteur un élément de l'espace du récit. Il peut s'agir d'un paysage, d'un bâtiment, d'un objet, d'une personne, etc.
Dans le cas de la description d'une personne, on parle de portrait.
Montparnasse était un enfant ; moins de vingt ans, un joli visage, des lèvres qui ressemblaient à des cerises, de charmants cheveux noirs, la clarté du printemps dans les yeux ; il avait tous les vices et aspirait à tous les crimes.
Victor Hugo
Les Misérables, Paris, éd. Albert Lacroix et Cie
1862
Cet extrait montre à voir la physionomie du personnage nommé Montparnasse.
Des états et des précisions
La description emploie essentiellement :
- Des verbes d'état
- Des verbes conjugués à l'imparfait de l'indicatif
L'imparfait, qui caractérise des durées indéterminées, est propice à la description.
La description donne à voir des paysages, des objets, des lieux, des personnages. L'auteur prend le temps de détailler un élément important du récit. Les précisions sont apportées par :
- Des adjectifs qualificatifs (souvent appréciatifs)
- Des groupes nominaux prépositionnels (compléments du nom)
- Des propositions subordonnées relatives
- Des métaphores et des comparaisons
- Des champs lexicaux
Par ailleurs, les noms et les adjectifs qualificatifs employés peuvent être connotés (positivement ou négativement).
On nomme ces précisions la caractérisation de la description.
Naturellement destiné à l'exploitation de la pension bourgeoise, le rez-de-chaussée se compose d'une première pièce éclairée par les deux croisées de la rue, et où l'on entre par une porte-fenêtre. Ce salon communique à une salle à manger qui est séparée de la cuisine par la cage d'un escalier dont les marches sont en bois et en carreaux mis en couleur et frottés. Rien n'est plus triste à voir que ce salon meublé de fauteuils et de chaises en étoffe de crin à raies alternativement mates et luisantes. Au milieu se trouve une table ronde à dessus de marbre Sainte-Anne, décorée de ce cabaret en porcelaine blanche ornée de filets d'or effacés à demi, que l'on rencontre partout aujourd'hui. Cette pièce, assez mal planchéiée, est lambrissée à hauteur d'appui.
Honoré de Balzac
Le Père Goriot, Paris, éd. Edmond Werdet, coll. "Scènes de la vie privée"
1835
Cette description de la salle à manger de la pension accumule les verbes d'état, les expansions du nom et un lexique connoté négativement. Le texte nous fait voir un intérieur défraîchi et inhospitalier.
L'espace dans la description
La description donne à voir certains éléments importants du récit, comme les lieux ou les personnages. Aucune description n'est anodine. L'analyser apprend beaucoup sur la démarche du narrateur.
La description présente une organisation (du plus général au plus précis, du haut vers le bas, de la gauche vers la droite, etc.). Cette organisation donne des pistes d'interprétation sur la démarche du narrateur.
Pour analyser l'organisation de la description, il faut observer :
- La liste des éléments décrits pour en comprendre la progression
- Les connecteurs spatiaux
- Les compléments circonstanciels de lieu
Un grand rayon entrait par le bout de la rue couverte, au fond, trouant la masse des pavillons d'un portique de lumière ; et, battant la nappe des toitures, une pluie ardente tombait. L'énorme charpente de fonte se noyait, bleuissait, n'était plus qu'un profil sombre sur les flammes d'incendie du levant. En haut, une vitre s'allumait, une goutte de clarté roulait jusqu'aux gouttières, le long de la pente des larges plaques de zinc. [...] À droite, à gauche, de tous côtés, des glapissements de criée mettaient des notes aiguës de petite flûte, au milieu des basses sourdes de la foule. C'était la marée, c'étaient les beurres, c'était la volaille, c'était la viande. Des volées de cloche passaient, secouant derrière elles le murmure des marchés qui s'ouvraient. Autour de [Florent], le soleil enflammait les légumes. Il ne reconnaissait plus l'aquarelle tendre des pâleurs de l'aube. Les cœurs élargis des salades brûlaient, la gamme du vert éclatait en vigueurs superbes, les carottes saignaient, les navets devenaient incandescents, dans ce brasier triomphal. À sa gauche, des tombereaux de choux s'éboulaient encore.
Émile Zola
Le Ventre de Paris, Paris, éd. Charpentier (1878)
1873
Cette description des Halles de Paris est organisée : elle part de la charpente pour redescendre sur les étals. Par ailleurs, les éléments décrits sont caractérisés par différentes expansions du nom et des métaphores.
Le texte explicatif
Objectif : informer le lecteur
Le texte explicatif a pour fonction de répondre à différentes questions que pourrait se poser le lecteur. Le discours est donc centré sur l'information.
Monsieur, dit le capitaine Nemo, me montrant les instruments suspendus aux parois de sa chambre, voici les appareils exigés par la navigation du Nautilus. Ici comme dans le salon, je les ai toujours sous les yeux, et ils m'indiquent ma situation et ma direction exacte au milieu de l'Océan. Les uns vous sont connus, tels que le thermomètre qui donne la température intérieure du Nautilus ; le baromètre, qui pèse le poids de l'air et prédit les changements de temps ; l'hygromètre, qui marque le degré de sécheresse de l'atmosphère ; le storm-glass, dont le mélange, en se décomposant, annonce l'arrivée des tempêtes ; la boussole, qui dirige ma route ; le sextant, qui par la hauteur du soleil m'apprend ma latitude ; les chronomètres, qui me permettent de calculer ma longitude ; et enfin des lunettes de jour et de nuit, qui me servent à scruter tous les points de l'horizon, quand le Nautilus est remonté à la surface des flots.
Jules Verne
Vingt mille lieues sous les mers, s.l., éd. Pierre-Jules Hetzel
1869-1870
Dans cet extrait, le capitaine Nemo explique le fonctionnement des différents accessoires de navigation du Nautilus.
Un discours encyclopédique
Le discours explicatif se caractérise par :
- L'absence ou l'effacement du locuteur
- L'utilisation du présent de l'indicatif (à valeur de vérité générale)
- Un vocabulaire technique et spécifique
L'art de calculer en général est proprement l'art de trouver l'expression d'un rapport unique, qui résulte de la combinaison de plusieurs rapports.
Les différentes espèces de combinaisons donnent les différentes règles de calcul.
Denis Diderot et Jean Le Rond d'Alembert
"Calcul", Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences et des arts
1751-1772
Dans cet extrait, le locuteur est totalement absent. Par ailleurs, le discours est au présent de l'indicatif. On relève l'emploi de termes spécifiques comme "combinaison". Il s'agit bien d'un article encyclopédique.
Une organisation progressive
Le discours explicatif est organisé. Il présente une progression :
- Soit temporelle (logique chronologique)
- Soit logique de la cause vers la conséquence (logique déductive)
- Soit logique de la conséquence vers la cause (logique inductive)
Il convient donc de relever les connecteurs logiques afin de percevoir la progression du discours.
C'était là qu'arrivaient toutes les commandes de la province et de l'étranger ; et, chaque matin il allait y voir la correspondance. Depuis deux ans, cette correspondance grandissait de jour en jour. Le service, qui avait d'abord occupé une dizaine d'employés, en nécessitait plus de trente déjà. Les uns ouvraient les lettres, les autres les lisaient, aux deux côtés d'une même table ; d'autres encore les classaient, leur donnaient à chacune un numéro d'ordre, qui se répétait sur un casier ; puis, quand on avait distribué les lettres aux différents rayons et que les rayons montaient les articles, on mettait au fur et à mesure ces articles dans les casiers, d'après les numéros d'ordre. Il ne restait qu'à vérifier et qu'à emballer, au fond d'une pièce voisine, où une équipe d'ouvriers clouait et ficelait du matin au soir.
Émile Zola
Au Bonheur des Dames, Paris, éd. Charpentier
1883
Ce texte explicatif présente une progression chronologique. Celle-ci est notable à l'utilisation des connecteurs logiques "d'abord" et "puis".
Le texte argumentatif
Objectif : faire adhérer le lecteur
Le discours argumentatif exprime une opinion défendue par le locuteur qui étaye, soutient ou réfute des idées. Celui-ci veut faire adhérer le lecteur à cette opinion.
Je sais que dans nos lois, tout dépend de votre volonté et de votre conscience. [...]
Demain, grâce à vous la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées.
Robert Badinter, ministre de la Justice
Discours de Robert Badinter, à l'Assemblée nationale pour l'abolition de la peine de mort en France, Paris
17 septembre 1981
Dans cette fin de discours, Robert Badinter s'implique dans son discours et invite l'auditoire, composé de sénateurs et de députés, à adhérer à la loi d'abolition de la peine de mort.
Un locuteur engagé
Le locuteur exprime son opinion par divers procédés :
- Le présent d'énonciation et le présent de vérité générale
- Des verbes d'opinion ou de jugement
- Des adverbes modalisateurs
- Des figures par opposition (antithèse, paradoxe, etc.), des figures d'amplification (énumération, gradation, etc.) ou encore d'atténuation (euphémisme, litote, etc.)
- La présence de la première personne du singulier
- Des adresses au lecteur (2e personne du singulier, questions rhétoriques, etc.)
- Un vocabulaire connoté positivement ou négativement
Je ne vous demande aucune grâce, continua Julien en affermissant sa voix. Je ne me fais point illusion, la mort m'attend : elle sera juste. J'ai pu attenter aux jours de la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages. Mme de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime est atroce, et il fut prémédité. J'ai donc mérité la mort, messieurs les jurés. Quand je serais moins coupable, je vois des hommes qui, sans s'arrêter à ce que ma jeunesse peut mériter de pitié, voudront punir en moi et décourager à jamais cette classe de jeunes gens qui, nés dans une classe inférieure, et en quelque sorte opprimés par la pauvreté, ont le bonheur de se procurer une bonne éducation, et l'audace de se mêler à ce que l'orgueil des gens riches appelle la société.
Stendhal
Le Rouge et le Noir, Paris, éd. Levasseur
1830
Dans cet extrait, Julien s'implique en employant la première personne du singulier. Par ailleurs, il emploie des termes connotés et des figures par analogie comme la comparaison.
Un discours organisé
Le discours argumentatif est organisé au moyen de connecteurs logiques exprimant :
- La cause
- La conséquence
- L'addition
- L'opposition
Les représailles contre les populations civiles et les pratiques de torture sont des crimes dont nous sommes tous solidaires. [...] En attendant, nous devons du moins refuser toute justification, fût-ce par l'efficacité, à ces méthodes. Dès l'instant, en effet, où, même indirectement, on les justifie, il n'y a plus de règle ni de valeur, toutes les causes se valent et la guerre sans buts ni lois consacre le triomphe du nihilisme. Bon gré, mal gré, nous retournons alors à la jungle où le seul principe est la violence.
Albert Camus
Actuelles III. Chroniques 1939-1958. Chroniques algériennes, Paris, éd. Gallimard, NRF, coll. "Blanche"
1958
Dans cet extrait, l'auteur manifeste une progression logique grâce à des connecteurs comme "en effet" ou "alors".
Tableau récapitulatif des types de textes
Texte narratif | Texte descriptif | Texte explicatif | Texte argumentatif | |
---|---|---|---|---|
Genres littéraires | Roman Nouvelle Fable Conte | Roman | Article de presse | Essai Apologue Dialogue |
Fonctions | Raconter une histoire | Décrire un personnage, un objet ou un lieu | Informer et détailler | Convaincre, persuader, délibérer, démontrer |
Caractéristiques | Temps du récit : passé simple, imparfait, présent de narration Indices spatio-temporels Schéma narratif : situation initiale, élément perturbateur, péripéties, élément de résolution, situation finale | Temps de la description : imparfait, présent Pause dans l'action Nombreux adjectifs Nombreux compléments du nom Nombreuses figures de style analogiques | Temps du texte explicatif : le plus souvent, présent de vérité générale Nombreux connecteurs logiques Pas de marques d'énonciation, pas de présence du narrateur / locuteur Vocabulaire précis et clair Phrases courtes | Temps de l'argumentation : tous les temps mais souvent présent Marques d'énonciation fortes : "je", "moi", "à mon avis", "me", etc. Connecteurs logiques Arguments et exemples |
Décrypter le texte pour en comprendre la finalité
Les différences de registre de langue
Le registre courant
Le registre courant correspond à une utilisation correcte et quotidienne du discours. On le reconnaît à :
- Des phrases simples mais bien construites
- Un vocabulaire courant et neutre
- L'absence de figures de style
Elle rougit, ses yeux brillèrent. Vraiment, il était trop aimable ! Et, quand il la laissa, elle resta devant Lilitte, les bras ballants, la tête sans une idée, dans l'attitude qu'elle gardait pendant des après-midi entières. Elle détestait la couture, elle faisait du crochet, toujours le même bout, qui traînait sur les meubles.
Le lendemain, un dimanche, Octave lui apporta le livre.
Émile Zola
Pot-Bouille, Paris, éd. Charpentier
1882
La simplicité des phrases et l'absence de vocabulaire connoté montrent un registre courant.
Le registre soutenu
Le registre soutenu manifeste une recherche esthétique dans la construction du discours. Celui-ci se reconnaît à :
- Des phrases longues, souvent complexes
- Un vocabulaire spécialisé, technique, spécifique ou imagé
- Des figures de style
II y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n'existait plus pour moi, quand un jour d'hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j'avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé.
Marcel Proust
Du côté de chez Swann, Paris, éd. Grasset
1913
La longueur des phrases de cet extrait est caractéristique du registre soutenu.
Le registre familier
Le registre familier manifeste un relâchement du langage. On le reconnaît à :
- Des phrases aux constructions grammaticalement incorrectes
- La présence de mots issus de langues populaires (comme l'argot ou du verlan), régionales ou étrangères
- Des analogies en lien avec des éléments matériels
- Un vocabulaire connoté
Les crépuscules dans cet enfer africain se révélaient fameux. On n'y coupait pas. Tragiques chaque fois comme d'énormes assassinats du soleil. Une immense chique. Seulement c'était beaucoup d'admiration pour un seul homme. Le ciel pendant une heure paradait tout giclé d'un bout à l'autre d'écarlate en délire, et puis le vert éclatait au milieu des arbres et montait du sol en traînées tremblantes jusqu'aux premières étoiles. Après ça, le gris reprenait tout l'horizon et puis le rouge encore, mais alors fatigué le rouge et pas pour longtemps. Ça se terminait ainsi. Toutes les couleurs retombaient en lambeaux, avachies sur la forêt comme des oripeaux après la centième. Chaque jour sur les six heures exactement que ça se passait.
Louis-Ferdinand Céline
Voyage au bout de la nuit, Paris, éd. Denoël et Steele
1932
Le registre familier se reconnaît à la construction incorrecte des phrases et à l'emploi de mots appartenant à l'argot comme "chique".
L'usage du vocabulaire
Le champ lexical
Champ lexical
Le champ lexical est un ensemble de mots faisant référence à un thème commun.
Le champ lexical de la peur est très répandu dans les récits fantastiques.
Malgré moi, un grand frisson me courut entre les épaules. Cette vision de l'animal dans ce lieu, à cette heure, au milieu de ces gens éperdus, était effrayante à voir.
Alors, pendant une heure, le chien hurla sans bouger ; il hurla comme dans l'angoisse d'un rêve ; et la peur, l'épouvantable peur entrait en moi ; la peur de quoi ? Le sais-je ? C'était la peur voilà tout.
Guy de Maupassant
"Le Horla", dans le recueil de nouvelles Le Horla, Paris, éd. Paul Ollendorf
1887
Cet extrait contient un champ lexical de la peur. En effet, on relève les mots "frisson", "effrayante", "angoisse" et "épouvantable".
Le champ sémantique
Champ sémantique
Le champ sémantique est l'ensemble des sens accordés à un mot.
Le mot "lit" a plusieurs sens. On distingue ainsi :
- L'objet sur lequel s'étend un être humain.
- L'espace dans lequel s'écoule un fleuve ou une rivière.