De quel sous-genre de la tragédie les pièces suivantes relèvent-elles ?
Dans Antigone (1944), Jean Anouilh revisite le mythe écrit par Sophocle en 441 av. J.-C. Il y prend en compte les préoccupations contemporaines, notamment la guerre. Antigone se retrouve impuissante face aux rouages du destin et à la loi absurde qui l'empêche d'enterrer un de ses frères. Le mélange des tons, entre langage familier et images très poétiques, accompagne la désobéissance qui la conduira à une fin funeste.
Cette pièce relève de la tragédie moderne pour les raisons suivantes :
- La tragédie moderne emprunte souvent son sujet à l'Antiquité et fait parfois allusion à l'histoire contemporaine.
- Elle met en scène des personnages impuissants, en proie à une profonde angoisse métaphysique, plongés dans un univers absurde.
- Elle mélange les tons, utilise différents niveaux de langage afin de témoigner de la médiocrité de l'existence.
- Son dénouement est funeste ou ambigu.
Andromaque (1667) est une pièce en cinq actes de Jean Racine, écrite en alexandrins, dans laquelle la règle des trois unités est respectée. Elle met en scène des personnages nobles tiraillés entre amour et raison. Pyrrhus, roi d'Épire et fils d'Achille, tombe amoureux de sa captive Andromaque, alors qu'il est promis à Hermione. L'issue funeste renforce la terreur et la pitié que le lecteur-spectateur ressent tout au long de la pièce.
Cette pièce relève de la tragédie classique pour les raisons suivantes :
- La tragédie classique met en scène des personnages illustres (princes, rois, dieux) qui vivent des événements exceptionnels mais vraisemblables.
- Elle dénoue une crise dont l'issue est funeste et presque toujours sanglante car la fatalité des dieux ou des passions (l'hubris, en grec, désigne la démesure) conduit les personnages à leur perte.
- Elle met en scène un héros confronté à un dilemme entre passion amoureuse et raison politique.
- Elle a une finalité moralisatrice en inspirant terreur et pitié selon le principe de la catharsis.
- Elle est composée de cinq actes, en alexandrins, dans un style noble.
- Elle se fonde, selon Racine, sur les registres lyrique, épique et pathétique.
- Elle respecte les règles classiques.
Dom Juan (1665) de Molière est une pièce en prose composée de cinq actes et dont l'intrigue est complexe. Alors qu'il doit épouser Elvire, Dom Juan l'abandonne pour enlever une jeune femme qu'il a aperçue dans la rue. Ce projet n'aboutissant pas, il s'enfuit et se retrouve bientôt confronté à Dom Carlos et Dom Alonse, ses beaux-frères. Malgré la présence de nombreux ennemis, le dénouement de la pièce est heureux.
Cette pièce relève de la tragi-comédie pour les raisons suivantes :
- La tragi-comédie propose une intrigue complexe et de nombreuses actions secondaires.
- Elle n'emprunte pas son sujet à l'Antiquité.
- Son dénouement est heureux.
Médée (1635) est une pièce en cinq actes dans laquelle Pierre Corneille propose une réflexion sur le mécanisme du sacrifice héroïque. La magicienne Médée, répudiée par le père de ses deux enfants, Jason, est contrainte à l'exil par le roi de Corinthe, Créon. Ce dernier souhaite marier Créuse, sa fille, à Jason. Médée, en proie à une folie meurtrière, tue Créuse et ses deux enfants. La dimension spectaculaire de la pièce se manifeste dans des scènes sanglantes.
Cette pièce relève de la tragédie baroque pour les raisons suivantes :
- La tragédie baroque propose la représentation d'un monde instable et inquiétant où les apparences sont trompeuses.
- Elle met donc en scène des songes, des métamorphoses, des conflits violents et sanglants.
- Les personnages de la tragédie baroque sont en proie au doute, à l'inconstance de l'amour, à la folie.