Qu'est-ce qui distingue la comédie de la tragédie au XVIIe siècle ?
Comment s'appelle le bourgeois gentilhomme de Molière ?
De quel rang social sont issus les personnages comiques ?
Quel est le rôle premier du rire dans la comédie, selon Molière ?
Quel registre peut-on trouver dans la tragédie ?
Comment s'achève la comédie ?
La comédie et la tragédie connaissent un grand succès au XVIIe siècle. Les pièces tragiques et comiques sont composées de cinq actes, en vers, et respectent la structure qui fait se succéder exposition, nœud et dénouement. Pourtant, les deux genres théâtraux ne se confondent pas et ont des caractéristiques très spécifiques qui les distinguent très fortement, tout d'abord dans leurs formes, puis dans les personnages qu'elles mettent en scène.
La tragédie représente de manière très codifiée des passions extrêmes et des comportements hors de toute mesure qui culminent avec le dénouement fatal attendu. À l'inverse, la comédie tente plutôt de représenter les vices et de dresser un tableau de mœurs : le dénouement est forcément heureux, une célébration festive. Il représente un retour à l'ordre établi qui avait été troublé durant l'intrigue. Traditionnellement, les comédies s'achèvent par un mariage (qui avait été empêché, refusé), là où les tragédies se dénouent souvent par un suicide : c'est le cas, doublement, dans L'Avare de Molière, où les deux enfants d'Harpagon finissent par obtenir gain de cause en épousant ceux qu'ils aiment. À l'inverse, Phèdre de Racine s'achève par l'empoisonnement volontaire de son héroïne après la mort d'Hippolyte. Enfin, alors que les registres qui dominent dans la tragédie sont le tragique mais aussi le dramatique, le pathétique et le polémique, la comédie privilégie, en plus du registre comique, le satirique et convoque parfois le tragique sous forme parodique. Le fameux monologue d'Harpagon, désespéré de la perte de sa cassette, parodie le style tragique pour renforcer le ridicule du personnage, notamment dans la célèbre réplique : "je me meurs, je suis mort, je suis enterré".
Par ailleurs, la comédie et la tragédie se distinguent par leurs personnages. La tragédie met en scène des personnages empruntés à l'Antiquité, soit mythologique soit historique, ce qui crée un décalage par rapport à la société du XVIIe, un dépaysement à la fois géographique et culturel. La comédie quant à elle cherche plutôt à montrer des personnages ancrés dans la société contemporaine de l'auteur, au cœur de pièces qui prennent pour sujets des problématiques très actuelles. L'inspiration n'est donc pas antique mais plutôt contemporaine voire italienne (héritage de la commedia dell'arte). Par ailleurs, contrairement à la tragédie, les personnages comiques ne sont pas forcément nobles : outre les figures de valets, les intrigues comiques se centrent généralement sur des bourgeois. Molière tout particulièrement s'attache à montrer les ridicules des bourgeois qui tentent de s'élever au rang des nobles : Le Bourgeois Gentilhomme est emblématique de cette idée, avec la figure de M. Jourdain et ses ambitions culturelles. On s'éloigne donc des émotions extrêmes de personnages tragiques qui font face à des dilemmes. En effet, alors que l'enjeu des tragédies, qui provoquent effroi et pitié, est moins l'identification que la catharsis, la purge des émotions négatives du spectateur, la comédie joue de l'identification pour proposer un miroir critique à son spectateur : s'identifier aux personnages ridicules sur scène invite à se remettre en question. Selon Molière, "corrigere ridendo mores" : la comédie doit "corriger les mœurs par le rire". Ce rire-sanction, rire moqueur, refonde l'unité du public contre le personnage marginal incapable de se conformer aux règles du vivre-ensemble, trop radical et figé pour s'adapter aux changements de la société et à l'idéal de mesure de l'honnête homme. Ainsi, dans L'École des Femmes de Molière, le personnage d'Arnolphe, aux attitudes démesurées, radicales et caricaturales, est évacué dans la dernière scène car il est incapable de montrer un comportement normal.
- Tragédie et comédie se distinguent d'abord par la nature de leurs dénouements et par leurs registres.
- Elles se distinguent par leurs personnages.
- Enfin, elles se distinguent par leurs intentions : la tragédie cherche la catharsis alors que le rire comique veut corriger les mœurs.