Dans chacun des textes suivants, déterminer le procédé lexical de la modalisation utilisé.
« – Mon Dieu ! mes amis, Du Bruel, Nathan, Blondet, sauvez-moi, cria Finot. J'ai besoin de cinq colonnes.
– J'en ferai deux avec la pièce, dit Lucien.
– Mon sujet en donnera bien deux, dit Lousteau.
– Eh bien ! Nathan, Vernou, Du Bruel, faites-moi les plaisanteries de la fin. Ce brave Blondet pourra bien m'octroyer les deux petites colonnes de la première page. Je cours à l'imprimerie. Heureusement, Tullia, tu es venue avec ta voiture.
– Oui, mais le duc y est avec un ministre allemand, dit-elle. »
(Honoré de Balzac, Illusions perdues, 1837)
Dans le texte précédent, le procédé lexical de la modalisation utilisé est l'adverbe d'opinion « heureusement ». Le point de vue de l'énonciateur sur le sujet est donné par l'utilisation de cet adverbe.
« Bien des années avant 1830, dans le temps où nos armées parcouraient l'Europe, le hasard me donna un billet de logement pour la maison d'un chanoine : c'était à Padoue, charmante ville d'Italie ; le séjour s'étant prolongé, nous devînmes amis. Repassant à Padoue vers la fin de 1830, je courus à la maison du bon chanoine : il n'y était plus, je le savais, mais je voulais revoir le salon où nous avions passé tant de soirées aimables, et, depuis, si souvent regrettées. »
(Stendhal, La Chartreuse de Parme, 1839)
Dans le texte précédent, le procédé lexical de la modalisation utilisé est l'adverbe d'intensité « tant ». Celui-ci permet d'insister sur les nombreuses et agréables soirées que les personnages ont passées ensemble.
« Après m'avoir demandé pardon de la liberté qu'il prenait de se mettre auprès de moi, don Josè se coucha devant la porte, non sans avoir renouvelé l'amorce de son espingole, qu'il eut soin de placer sous la besace qui lui servait d'oreiller. Cinq minutes après, nous étions l'un et l'autre profondément endormis. Je me croyais assez fatigué pour pouvoir dormir dans un pareil gîte ; mais, au bout d'une heure, de très désagréables démangeaisons m'arrachèrent à mon premier somme. Dès que j'en eus compris la nature, je me levai, persuadé qu'il valait mieux passer le reste de la nuit à la belle étoile que sous ce toit inhospitalier. »
(Prosper Mérimée, Carmen, 1845)
Dans le texte précédent, le procédé lexical de la modalisation utilisé est le champ lexical péjoratif : « de très désagréables », « inhospitalier ». Il permet de donner les jugements et les appréciations du personnage dérangé par des démangeaisons.
« La manière dont je vivais à Bossey me convenait si bien, qu'il ne lui a manqué que de durer plus longtemps pour fixer absolument mon caractère. Les sentiments tendres, affectueux, paisibles, en faisaient le fond. Je crois que jamais individu de notre espèce n'eut naturellement moins de vanité que moi. Je m'élevais par élans, à des mouvements sublimes, mais je retombais aussitôt dans ma langueur. Être aimé de tout ce qui m'approchait était le plus vif de mes désirs. »
(Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, 1782)
Dans le texte précédent, le procédé lexical de la modalisation utilisé est le champ lexical mélioratif : « tendres, affectueux, paisibles », « sublimes ». Par ces mots, le personnage cherche à exprimer des sentiments positifs.
« Il rêve qu'il est heureux ; que sa nature corporelle a changé ; ou que, du moins, il s'est envolé sur un nuage pourpre, vers une autre sphère, habitée par des êtres de même nature que lui. Hélas ! que son illusion se prolonge jusqu'au réveil de l'aurore ! Il rêve que les fleurs dansent autour de lui en rond, comme d'immenses guirlandes folles, et l'imprègnent de leurs parfums suaves, pendant qu'il chante un hymne d'amour, entre les bras d'un être humain d'une beauté magique. Mais, ce n'est qu'une vapeur crépusculaire que ses bras entrelacent ; et, quand il se réveillera, ses bras ne l'entrelaceront plus. »
(Comte de Lautréamont, Les Chants de Maldoror, 1868)
Dans le texte précédent, le procédé lexical de la modalisation utilisé est l'adverbe d'opinion « hélas ». Le point de vue de l'énonciateur sur le sujet est donné par l'utilisation de cet adverbe qui exprime le regret.