Répondre aux questions suivantes à l'aide des connaissances et du document proposé, puis synthétiser l'étude du document dans un paragraphe argumenté.
Extrait du récit d'une déportée à Ravensbrück
La Traversée de la nuit, G. de Gaulle Anthonioz, 1998, © Le Seuil
« […] Lorsque la première sirène retentit, je sais qu'il est trois heures et demie de la nuit. Dans les baraques surpeuplées, le cauchemar de la journée recommence. Bousculade pour la distribution de « café », pour accéder aux immondes et insuffisantes latrines avant que retentisse la deuxième sirène de l'appel. Nous sommes le 29 octobre et il ne fait pas encore très froid. Mais comme cette station debout paraît interminable ! Si les comptes ne sont pas justes, parce qu'une morte de la nuit a été oubliée (il faut les transporter sur la place du camp), nous pouvons rester plusieurs heures immobiles. […] La sirène de fin d'appel au travail met les colonnes en marche. Du fond de ma nuit j'entends le bruit sourd des semelles de bois, à peine les aboiements des chiens et les cris rauques des SS. Me voici très loin, comme au fond d'un puits où je mourrai peu à peu en silence. Et si la porte s'ouvrait, serait-ce pour marcher vers le couloir des exécutions ? Il est près d'ici, de l'autre côté du mur d'enceinte qui longe le bunker, non loin des fours crématoires dont la fumée panache le ciel. Dois-je me préparer à mourir ? […] Une robe trouée de balles, tachée de sang, un nom rayé sur les registres du camp : ainsi avons-nous appris le sort d'autres disparues dans la nuit. […] Passer un nouvel hiver au camp est une pensée intolérable. […] Quelle honte, j'ai peur, peur de ces moments qui termineront ma vie. Mais n'est-ce pas le seul moyen de ne plus être seule que de partager l'angoisse de celles qui comme moi vont mourir aujourd'hui ? Massacrées à coups de pioche, mordues par les chiens, jetées au milieu des folles dans les immondices. Je l'ai vu, j'ai entendu ces horribles plaintes sans pouvoir leur porter secours. Maintenant je fais partie de ces désespérées. Ensemble nous crions comme le Crucifié : « Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Du couloir sur lequel s'ouvre ma cellule me parviennent des bruits de bottes et de clefs, le claquement des guichets refermés. Sans doute des distributions de nourriture pour ceux qui ont le droit d'en recevoir. Mais, rien pour moi ! Évidemment, si mon exécution est proche, il est bien inutile de me nourrir. […] Inutile de continuer à guetter, je finis par m'endormir et ne suis réveillée que par la sirène du soir. Mes camarades rentrent, harassées, du travail. Il faut défiler en rangs, par cinq, pas martial cadencé, la pelle sur l'épaule si c'est une colonne qui vient du terrassement. Quand mon convoi est arrivé, en février, les surveillantes nous ont commandé de chanter : elles n'ont pas apprécié la Marche lorraine ! J'ai, plusieurs mois, travaillé aux marais, plus rarement dans la forêt, le pire étant le chargement des wagons de charbon dans la chaleur de juillet, sans parvenir toujours à se laver. Le rythme était très dur, stimulé par les coups et la menace des chiens et la journée continue durait douze heures. […] Quand j'ai été appelée à travailler dans un atelier, j'ai d'abord trouvé cela moins éprouvant. Nous devions récupérer ce qui pouvait l'être d'uniformes venant du front de l'Est, ceux des blessés et des morts. Pourriture humaine, vermine n'empêchaient pas que les boutons, les doublures puissent être réutilisés. En entrant dans la baraque, nous nous chargions, sous l'œil vigilant des SS, d'un énorme tas de ces vêtements. Il fallait vite, vite, couper, découdre, cependant que d'autres camarades étaient affectées au lavage de ce qui en valait la peine. L'odeur était insupportable, le SS qui commandait, l'un des pires du camp : je l'ai vu tuer avec un battoir une pauvre femme qui avait osé laver une petite pièce de son propre linge ; cela a duré très longtemps. […] »
Que signifie le terme hébreu « shoah » ?
Le terme hébreu « shoah » signifie « catastrophe ».
Compléter la phrase suivante en choisissant la réponse qui convient.
Vrai ou faux ? Les Polonais et les Slaves sont considérés comme des populations supérieures.
Faux. Les Polonais, parmi lesquels les Juifs sont nombreux, et les Slaves sont considérés comme des populations inférieures.
Vrai ou faux ? Sous Hitler, sur le front oriental, l'armée allemande brûle les villages soupçonnés d'abriter des résistants.
Quelle conférence réunit une quinzaine de hauts dignitaires de l'État nazi et des « spécialistes » de la « question juive » pour mettre en place la « solution finale » de l'extermination ?
Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee, convoquée par Heydrich secondé par Eichmann, réunit une quinzaine de hauts dignitaires de l'État nazi et des « spécialistes » de la « question juive » pour mettre en place la « solution finale » de l'extermination (rendre impossible la renaissance du peuple juif dans le plus grand secret).
Compléter la phrase suivante en choisissant la réponse qui convient.
Vrai ou faux ? À partir de 1940, les Juifs sont enfermés dans des ghettos, exploités, affamés et persécutés.
En 1941, de quel pays l'invasion marque-t-elle un tournant avec la création des Einsatzgruppen ?
En 1941, l'invasion de l'URSS marque un tournant avec la création des Einsatzgruppen.
D'après le document 1, compléter la phrase suivante en choisissant la réponse qui convient.
Vrai ou faux ? D'après le document 1, le personnel surveillant des camps est composé de SS qui multiplient les actes de cruauté et les sévices.
Quelles sont les deux parties qui conviendraient le mieux à ce sujet ?
Classer chaque sous-partie dans la partie qui lui correspond.
Des critères raciaux
La terreur
La solution finale
Les camps
I - L'Europe allemande
II - De la déportation au génocide
La destruction physique et mentale des Juifs est l'objectif des camps d'extermination et de concentration comme en témoigne Geneviève de Gaulle Anthonioz dans La Traversée de la nuit. Son expérience au camp de Ravensbrück témoigne de la déshumanisation décrite par tous les déportés. La Shoah, « destruction » en hébreu, désigne la politique d'extermination des Juifs d'Europe par les nazis. Hitler compte sur une « guerre totale » pour réorganiser l'Europe conformément à sa théorie raciale.
L'Europe allemande
Hitler veut conquérir un espace plus grand pour les Aryens en colonisant des terres à l'est de l'Europe. C'est la théorie de « l'espace vital » ou Lebensraum. Pour cela il va déplacer les Slaves considérés comme une « race » et massacrer leurs élites au nom de la croisade contre le bolchevisme.
Tous les pays et tous les peuples vaincus sont assujettis mais leur place dans l'Europe allemande varie en fonction d'une hiérarchie établie entre les peuples et des besoins du Reich. Les Polonais, parmi lesquels les Juifs sont nombreux, et les Slaves, considérés comme des populations inférieures, sont destinés à servir d'esclaves et leurs territoires à devenir terres de colonisation. Cette politique d'élimination des Juifs d'Europe doit à terme exclure tous les Juifs (untermenschen, ou « sous-hommes ») de l'Europe.
Les nazis font régner l'ordre par la terreur. Pour mettre en œuvre leurs objectifs et anéantir toute résistance, ils s'appuient sur un appareil policier redoutable, les SS et la Gestapo qui agit souvent avec l'aide de collaborateurs locaux. L'utilisation de la torture est systématique. Sur le front oriental, l'armée brûle les villages soupçonnés d'abriter des résistants. Les responsables communistes et les Juifs sont abattus. En Europe occidentale, l'armée allemande essaye d'abord de présenter un visage séduisant, mais elle durcit rapidement le ton.
Les méthodes allemandes vont s'exporter dans d'autres pays.
De la déportation au génocide
Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee, convoquée par Heydrich qui est secondé par Eichmann, réunit une quinzaine de hauts dignitaires de l'État nazi et des « spécialistes » de la « question juive » pour mettre en place la « solution finale » de l'extermination (rendre impossible la renaissance du peuple juif dans le plus grand secret).
Les Juifs sont condamnés à disparaître. Dès 1933, ils sont soumis à des lois discriminatoires et à des exactions multiples. Après la guerre et la conquête de l'Europe, le nombre de Juifs sous domination allemande augmente. En 1939, Himmler, chef des SS, ordonne la déportation de tous les Juifs d'Europe en Pologne, où ils devront travailler pour le Reich. À partir de 1940, ils sont enfermés dans des ghettos, exploités, affamés et persécutés. En 1941, l'invasion de l'URSS marque un tournant avec la création des Einsatzgruppen (troupes de la mort), qui fusillent et gazent dans des camions les Juifs soviétiques. En 1942, la conférence de Wannsee programme la déportation vers des camps d'extermination pour la « solution finale ».
Le réseau des camps de concentration est mis en place à partir de 1933. Il s'étend pour interner les résistants et tous ceux que les nazis qualifient « d'asociaux » ou dangereux pour la pureté de la race aryenne. Hommes, femmes, enfants sont entassés dans des wagons à bestiaux, sans eau ni nourriture, pour être déportés. Les morts durant le trajet sont nombreuses. Les conditions de vie dans les camps sont épouvantables. Le personnel surveillant est composé de SS qui multiplient les actes de cruauté et les sévices. Ils sont assistés par les Kapos, détenus de droit commun auxquels est confié l'encadrement des prisonniers. L'organisation perverse du camp est faite pour que dès leur arrivée les déportés perdent toute humanité. Ils deviennent un numéro de matricule, sont rasés et doivent revêtir la tenue rayée, marquée d'un signe distinctif. Affamés, enfermés dans des dortoirs surpeuplés, ils sont une main-d'œuvre corvéable à merci pour les nazis. L'ouverture de camps d'extermination achève de précipiter vers la mort les 3/5e des Juifs d'Europe.
Environ 3 millions de Juifs sont morts dans les camps. Ce génocide programmé qui a fait au total 6 millions de morts reposait sur des arrestations systématiques (rafles) qui s'achevaient par une mort lente dans les camps de concentration ou une mort immédiate dans les chambres à gaz des camps d'extermination.