À l'aide des connaissances, et après avoir répondu aux questions suivantes, répondre à la question d'interprétation philosophique :
« L'être humain peut-il encore être un héros ? »
Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme, 1946
Ce que les gens veulent, c'est qu'on naisse lâche ou héros. Un des reproches qu'on fait le plus souvent aux Chemins de la liberté, se formule ainsi : mais enfin, ces gens qui sont si veules, comment en ferez-vous des héros ? Cette objection prête plutôt à rire car elle suppose que les gens naissent héros. Et au fond, c'est cela que les gens souhaitent penser : si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n'y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoi que vous fassiez ; si vous naissez héros, vous serez aussi parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie, vous boirez comme un héros, vous mangerez comme un héros. Ce que dit l'existentialiste, c'est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ; il y a toujours une possibilité pour le lâche de ne plus être lâche, et pour le héros de cesser d'être un héros. Ce qui compte, c'est l'engagement total, et ce n'est pas un cas particulier, une action particulière, qui vous engagent totalement.
Ainsi, nous avons répondu, je crois, à un certain nombre de reproches concernant l'existentialisme. Vous voyez qu'il ne peut pas être considéré comme une philosophie du quiétisme, puisqu'il définit l'homme par l'action ; ni comme une description pessimiste de l'homme : il n'y a pas de doctrine plus optimiste, puisque le destin de l'homme est en lui-même ; ni comme une tentative pour décourager l'homme d'agir puisqu'il lui dit qu'il n'y a d'espoir que dans son action, et que la seule chose qui permet à l'homme de vivre, c'est l'acte. Par conséquent, sur ce plan, nous avons affaire à une morale d'action et d'engagement. Cependant, on nous reproche encore, à partir de ces quelques données, de murer l'homme dans sa subjectivité individuelle.
Quelle problématique correspond au sujet ?
Quels arguments seraient intéressants à utiliser ?
Quel plan pourrait convenir ?
Quelle accroche peut convenir ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Sartre part d'un constat initial : selon la doxa, l'homme est naturellement ou non un héros. L'opinion commune considère que les caractéristiques identitaires sont innées en l'homme, il ne peut donc pas changer, il reste tel qu'il est et règle sa vie en conséquence. Il y aurait de fait un lien entre l'héroïsme et la lâcheté et la génétique." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Or, le philosophe affirme tout le contraire : on ne naît pas héros, on le devient, puisque l'héroïsme n'est pas quelque chose d'inné en l'homme, il doit le construire petit à petit en fonction de ses choix et de ses actions. De fait, l'homme est libre de choisir ce qu'il veut devenir." ?
Quels exemples permettent d'étayer l'argument "Ainsi, l'existence précède l'essence, dans la mesure où l'être dépend d'un engagement total de la part de l'homme et non pas d'une seule action isolée. Si l'homme effectue un seul acte courageux, cela n'en fait pas un héros ; il doit avoir à son actif une somme d'actions pour être qualifié de héros." ?
Quelle phrase du texte montre qu'on ne naît pas héros, on le devient ?
Quel autre philosophe, comme Sartre, est aussi du courant existentialiste ?
On suit ici les différentes étapes pour rédiger la question d'interprétation philosophique. Le plan est détaillé par souci méthodologique, mais ce n'est pas ainsi qu'il faut présenter sa copie le jour de l'épreuve. Sur la copie, les titres des différentes parties n'apparaîtront pas et le contenu sera intégralement rédigé.
Pistes de réflexion :
- Sartre explique que l'opinion commune affirme que le caractère humain, la personnalité, est déterminé par notre naissance, par des facteurs qui ne dépendent pas de notre volonté.
- Cependant, le philosophe fait une affirmation contraire : selon lui, ce sont nos actions et nos choix qui déterminent ce que l'on est.
- On se demande alors si l'homme est libre de ses actions et de ses choix et s'il peut choisir, aujourd'hui encore, d'être un héros.
- Après la Seconde Guerre mondiale, un nouveau mouvement philosophique émerge : l'existentialisme. Il s'agit de mettre l'homme face à lui-même pour qu'il soit en mesure de répondre à toutes les questions qui se posent à lui. D'après Jean-Paul Sartre, l'existence, les conditions de vie et les situations font l'homme, dans la mesure où il est en perpétuelle création en fonction des actes qu'il commet. C'est ce qu'il explique dans son œuvre L'Existentialisme est un humanisme, dans laquelle il indique que l'existence précède l'essence, il faut donc s'attacher à la construire.
- Dans cet extrait, Sartre soutient l'idée selon laquelle l'homme est le fruit des actions et des choix libres qu'il fait tout au long de sa vie, contrairement à ce que pense l'opinion commune.
- Nous nous demanderons alors si l'être humain peut encore faire le choix libre d'être un héros.
- Tout d'abord, le philosophe fait le constat selon lequel l'opinion commune considère que l'héroïsme et la lâcheté sont des caractéristiques innées en l'homme. Cependant, Sartre affirme l'exact contraire, on indiquant que nos actions déterminent ce que nous sommes ; c'est la raison pour laquelle il explique que l'existence précède l'essence.
Paragraphe 1
Argument : Sartre part d'un constat initial : selon la doxa, l'homme est naturellement ou non un héros. L'opinion commune considère que les caractéristiques identitaires sont innées en l'homme, il ne peut donc pas changer, il reste tel qu'il est et règle sa vie en conséquence. Il y aurait de fait un lien entre l'héroïsme et la lâcheté et la génétique.
Exemple : Le philosophe énumère deux caractéristiques identitaires que les gens pensent innées en l'homme : « si vous naissez lâches, vous serez parfaitement tranquilles, vous n'y pouvez rien, vous serez lâches toute votre vie, quoi que vous fassiez ; si vous naissez héros, vous serez aussi parfaitement tranquilles, vous serez héros toute votre vie ». Il s'agit donc du courage et de la lâcheté. Cette idée révèle un aspect négatif de l'être humain : ce qui fait son identité et donc la création de son être et de son essence propre lui échappent entièrement, il doit s'en remettre au destin.
Paragraphe 2
Argument : Or, le philosophe affirme tout le contraire : on ne naît pas héros, on le devient, puisque l'héroïsme n'est pas quelque chose d'inné en l'homme, il doit le construire petit à petit en fonction de ses choix et de ses actions. De fait, l'homme est libre de choisir ce qu'il veut devenir.
Exemple : Pour Sartre, nos actions sont déterminantes pour créer notre identité. On peut rompre avec ce que l'on était jusque-là, à condition de vouloir construire notre être. En effet, « Ce que dit l'existentialiste, c'est que le lâche se fait lâche, que le héros se fait héros ». Ainsi, l'homme n'est pas un spectateur passif de sa vie, il en est le créateur et l'acteur.
Paragraphe 3
Argument : Ainsi, l'existence précède l'essence, dans la mesure où l'être dépend d'un engagement total de la part de l'homme et non pas d'une seule action isolée. Si l'homme effectue un seul acte courageux, cela n'en fait pas un héros ; il doit avoir à son actif une somme d'actions pour être qualifié de héros.
Exemple : Sartre distingue de fait les actions particulières des actions généralisées. Ces dernières permettent de définir l'homme dans un temps continuel, puisqu'il s'agit d'un « engagement total ». Ainsi, l'homme est le créateur de son existence, son destin « est en lui-même ». Mais cette décision n'est pas toujours facile à prendre, dans la mesure où l'homme préfère souvent être soumis à un destin qu'il ne contrôle pas pour ne pas en prendre les conséquences. C'est la raison pour laquelle Sartre explique qu' « il n'y a d'espoir que dans son action, et que la seule chose qui permet à l'homme de vivre, c'est l'acte ».
- Ainsi, l'homme est maître de son destin, il se crée sa propre identité, ce qui se résume par la formule « l'existence précède l'essence ». C'est ce qui définit nos caractéristiques essentielles : on choisit les actions que l'on accomplit tout au long de notre vie, nous ne sommes pas soumis à une force supérieure qui définit ce que l'on est.
- Pour Sartre, l'homme a tendance à ne pas vouloir être l'acteur de sa liberté, parce qu'il préfère se déresponsabiliser de toute action.