En quoi André Gide livre-t-il une parodie du genre romanesque dans Les Faux-Monnayeurs ?
Lorsqu'il dit s'inspirer de l'art de la litote, à quel courant littéraire l'esthétique à laquelle Gide fait référence appartient-elle ?
À quelles esthétiques romanesques Gide s'oppose-t-il ?
Par quel procédé l'auteur livre-t-il les pensées de ses personnages ?
Pour Gide, quel est le rôle de l'écrivain ?
Comment Gide remplace-t-il le point de vue omniscient ?
Avec Les Faux-Monnayeurs, André Gide se livre à une critique du roman tel qu'il a été défini au XIXe siècle.
À travers son roman, Gide rejette les caractéristiques propres à l'écriture romanesque du XIXe siècle, âge d'or du roman. Il modifie tout ce qui compose traditionnellement un roman : l'intrigue, les personnages et les formes narratives. Avec le procédé de la mise en abyme, il entraîne le lecteur dans les méandres de la création littéraire, l'associant ainsi à la genèse de l'œuvre. Le lecteur a également la possibilité d'aller plus loin en lisant le Journal des faux-monnayeurs.
Ce journal permet de comprendre le processus suivi par Gide. Il s'agit tout d'abord de s'opposer à certains aspects du réalisme : les longues descriptions auxquelles il préfère la pensée condensée (l'art de la litote comme les auteurs classiques), les interventions d'un narrateur unique et omniscient auquel il oppose une multitude de voix narratives suivant un point de vue interne qui offre une narration éclatée. Enfin, il refuse la caractérisation poussée des personnages, préférant plonger le lecteur dans les pensées de ceux-ci à travers le monologue intérieur.
Gide reprend, utilise, modifie les aspects du genre romanesque afin de créer une nouvelle technique littéraire. En ce sens il s'agit bien de parodie car le lecteur reconnaît les références de Gide et le recours aux procédés narratifs variés (la lettre, le dialogue, le carnet, le journal...). Enfin, Gide livre ce qu'est pour lui le rôle de l'écrivain : styliser la réalité et non la reproduire dans sa matière brute. Il écrit à ce propos : "De tout ce que j'écrivais hier, rien n'est vrai. Il reste ceci : que la réalité m'intéresse comme une matière plastique ; et j'ai plus de regard pour ce qui pourrait être, infiniment plus que pour ce qui a été." Cela montre bien le processus d'évolution constante dans lequel se place l'auteur et qu'il fait subir au genre romanesque.
- Gide s'oppose à l'esthétique romanesque du XIXe siècle.
- Le journal permet de comprendre le renouveau esthétique de Gide.
- Gide prend appui sur ce qu'était le roman mais il modifie en profondeur les caractéristiques du genre.