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La critique du réalisme Question sur 12 points type bac

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 24/10/2018 - Conforme au programme 2017-2018

En vous appuyant sur les deux œuvres, expliquez en quoi Gide s'attaque au réalisme.

Parmi ces éléments réels, lequel ne figure pas dans le roman ?

Comment s'intitule le roman autobiographique de Gide ?

Quel aspect du narrateur va à l'encontre de tout réalisme ?

Comment s'appelle le roman que souhaite parvenir à écrire Gide ?

Que souhaite faire Gide, par rapport au réel ?

Gide inscrit la parution de son roman dans le rejet des conceptions littéraires esthétiques du XIXe siècle. Il refuse en effet de s'inscrire dans la reproduction figée et mensongère de la réalité. En 1924, il écrit dans son Journal : "Je ne m'inquiète pas de savoir si je crois ou non au monde extérieur ; ce n'est pas non plus une question d'intelligence : c'est le sentiment de la réalité que je n'ai pas. Il me semble que (…) ce que les autres appellent réalité, que leur monde extérieur, n'a pas beaucoup plus d'existence que le monde des Faux-Monnayeurs". Toutefois, Gide prend également appui sur la société de son époque, des faits divers qui l'ont marqué au cours du processus de gestation du roman. C'est pourquoi il semble intéressant de comprendre comment et pourquoi Gide s'attaque au réalisme. On verra qu'il s'agit d'abord d'un matériau, un support de création puis on étudiera comment le réalisme a été remis en cause dans le roman avant de décrypter ce que l'auteur entend lorsqu'il parle de "roman pur".

I

Le réalisme, un support de création

Concernant ce roman, il est établi que Gide a fortement été influencé par sa propre vie. Il livre à ce propos, dans son Journal, cette réflexion, après avoir écrit Si le grain ne meurt, son autobiographie : "Je fus amené tout en l'écrivant, à penser que l'intimité, la pénétration, l'investissement psychologique peuvent, à certains égards, être poussés plus avant dans le "roman" que même dans les "confessions"". Gide a été élevé dans une famille bourgeoise provinciale qui se retrouve à travers les familles Molinier et Profitendieu. Le monde de la justice est également présent dans le roman tout comme dans l'enfance de l'auteur, celui-ci est d'ailleurs critiqué, notamment à travers le personnage du juge Profitendieu. Peuvent également être mentionnés le milieu lycéen et les milieux intellectuels et littéraires à travers les personnages d'Édouard et Passavant qui en proposent deux visions totalement opposées.
Les personnages et milieux sociaux ne sont pas les seuls correspondant à une certaine réalité gidienne, les lieux renvoient également à la vie de l'auteur. Même s'ils ne sont pas précisément décrits mais plutôt évoqués par touches, ils se concentrent autour de la rive gauche de Paris, fréquentée par le romancier. De même, les lectures et les faits divers marquants sont retranscrits dans le roman. Le Journal les expose également, puisqu'ayant inspiré l'auteur. C'est le cas de l'affaire de fausse monnaie tirée d'articles développant l'affaire liée à "la bande du Luxembourg", composée d'étudiants et de fils de fonctionnaires. En date du 16 juin 1919, Gide fait également référence à "la sinistre histoire des suicidés de Clermont-Ferrand" qui trouvera écho dans l'histoire de Boris. Un autre fait divers, celui du naufrage du Bourgogne au large de New York qui fit plus de 500 morts, est relaté par Lilian Griffith. Ce drame, et notamment l'épisode des mains coupées, ont tellement marqué l'auteur qu'il les inclut dans son roman vingt ans plus tard.
Les personnages quant à eux ne renvoient pas précisément à des personnes existantes, il ne s'agit pas d'un roman à clés, il n'est fait d'eux aucun portrait détaillé, contrairement aux romans réalistes, sensibles à l'effet de réel et voulant que le personnage s'impose au lecteur. Au contraire, les personnages sont ici décrits par touches successives, à travers les points de vue exprimés par les autres personnages ou à travers leurs propres récits. En effet, la façon de rendre compte d'un événement renseigne le lecteur sur la personnalité du personnage, sur ses qualités et ses défauts, ses priorités. C'est pourquoi une grande importance est accordée aux dialogues et à la parole.

Le réalisme n'étant qu'un support de création, il est même remis en cause comme élément essentiel du romanesque.

II

Le réalisme remis en cause

Contrairement au réalisme qui ne développe qu'une intrigue principale, le roman de Gide propose quatre intrigues principales et de nombreuses intrigues secondaires. De là naît une grande complexité structurelle et narrative. La complexité réside également dans les relations que nouent les personnages que ce soit au niveau sentimental (relation platonique, passionnée, adultérine), au niveau familial comme entre Boris et son grand-père qui entretiennent des rapports destructeurs pour le jeune homme. De plus, et cela fit beaucoup réagir la société lors de la parution, de nombreuses relations sont homosexuelles entre Olivier, Édouard et Passavant entre autres. Le roman se double aussi d'un aspect policier à travers les enquêtes portant sur le trafic de fausse monnaie organisé par la bande à Strouvilhou ou l'enquête de mœurs. Ainsi, les nombreuses pistes suivies tout au long du roman sont loin de l'esprit réaliste du XIXe. Certaines d'ailleurs sont abandonnées sans qu'une résolution soit annoncée, d'autres restent en suspens et certaines se terminent de façon surprenante comme celle de Bernard qui rentre chez lui après avoir découvert la liberté.
De même, le statut du narrateur est tout à fait différent dans ce roman. Il est multiple et à différentes voix intervient à de nombreuses reprises, il juge, explique, apporte des informations complémentaires, interroge, voire s'adresse directement au lecteur, rompant totalement l'illusion réaliste. D'ailleurs, le narrateur "insaisissable et impuissant" semble lui aussi contaminé par l'hypocrisie de ses personnages, feignant ignorer ce qui peut bien leur arriver. Il se demande par exemple que faire d'eux, les laissant parler afin de voir où cela va le mener. À ce propos, Gide disait dans le Journal des Faux-Monnayeurs : "J'ai écrit le premier dialogue entre Olivier et Bernard et les scènes entre Passavant, sans du tout savoir ce que je ferais de ces personnages, ni qui ils étaient. Ils se sont imposés à moi, quoi que j'en aie."

La narration polyphonique et subjective va donc à l'encontre de l'apparente et relative neutralité du narrateur omniscient dans le roman réaliste. Les intrigues sont multiples et les personnages à peine esquissés évoluent dans un cadre spatio-temporel flou.

III

Styliser le réel

Si Gide s'éloigne du réalisme, c'est parce qu'il ne veut pas reproduire la réalité mais la styliser afin d'accéder au "roman pur". Édouard explique d'ailleurs précisément cette idée : "Ce que je veux, c'est présenter d'une part la réalité, présenter d'autre part cet effort pour la styliser". Ainsi, contrairement aux romans dits classiques, ce ne sont pas les actions qui comptent mais bien ceux qui y participent ou ceux qui les perçoivent et les retranscrivent. Les faits sont présentés indirectement à travers les regards et les paroles d'autrui, ce qui a un double avantage : percevoir de l'extérieur un événement et dépeindre à travers les observations, les commentaires faits et la manière de raconter. Le roman propose donc autant de portraits indirects que de témoignages. Par exemple, les relations amoureuses de Vincent sont relatées par Olivier qui en parle à Bernard, par Lilian à Passavant et plus tard, par Alexandre. La relation est donc vécue puis analysée par différents personnages, ce qui permet au lecteur de reconstituer les faits, de comparer les différents témoignages et de se faire sa propre opinion, différente de celle du narrateur.
C'est pourquoi dans le roman, les dialogues et la parole sous toutes ses formes, sont privilégiés. Dans certains chapitres, de longues conversations sont retranscrites comme celles entre Lilian et Passavant, Passavant et Olivier, les échanges littéraires entre Édouard, Bernard, Laura et Madame Sophroniska à l'heure du thé. Cette importance liée à la parole est d'ailleurs expliquée par Gide lui-même : "Pour moi, c'est plutôt le langage que le geste qui renseigne". D'ailleurs, dans le Journal, des bribes de conversations, des dialogues apparaissent très tôt, avant même que les personnages soient clairement définis, voire même avant qu'ils portent un nom, comme si la parole précédait l'existence. Cela apparaît également dans le Journal des faux-monnayeurs : "Il les entend parler avant que de les connaître, et c'est d'après ce qui leur entend dire qu'il comprend peu à peu qui ils sont. "

Ainsi, le réalisme n'est pas tout à fait absent du roman des Faux-Monnayeurs, il fait partie de son matériau de base, il a permis à Gide d'ancrer son roman dans une société bourgeoise peu éloignée de celle qu'il a connue. Cependant, les efforts faits pour s'en éloigner sont tout aussi perceptibles. Ce n'est pas par provocation que Gide refuse tout réalisme mais par conviction esthétique. Comme il le dit d'ailleurs très bien dans le Journal des faux-monnayeurs : "Le génie du roman fait vivre le possible ; il ne fait pas revivre le réel. "

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