La poièsis d'Aristote Exercice fondamental

La poièsis est définie comme "l'action de produire en fonction d'un savoir". Elle représente chez Aristote, avec la praxis (action) et la théôria (contemplation), l'une des trois dimensions de l'activité humaine. Là où la praxis s'identifie à une action dont le résultat disparaît lorsque l'action cesse (comme lorsque l'on court), la poièsis aboutit à la production d'un objet (une œuvre d'art, un texte, etc.) qui perdure même une fois l'action terminée, et qui devient indépendante de son auteur. Raisonnée, appuyée sur une connaissance technique, elle doit révéler le sujet par l'objet créé. On voit que là où dans le cas de la praxis, l'action ne vise aucun objet extérieur et constitue son propre but (elle vaut par elle-même), la poièsis tire sa valeur de l'objet produit, et l'action y est secondaire par rapport au résultat.

Ce mot, par une restriction au registre littéraire, a donné en français le mot "poésie". Dans son sens grec, on le traduirait plutôt par "production" ou "création". À l'inverse de la poièsis et de la praxis, où le sujet modifie le monde extérieur par son activité, la théôria représente une dimension de l'action où le monde extérieur modifie le sujet par l'attention portée par celui-ci aux "premiers principes" (l'être, la cause première, etc.).