Quelle vision Hannah Arendt a-t-elle de l'Histoire comme science ?
Qui est Hannah Arendt ?
De quoi est constituée l'Histoire, selon Hannah Arendt ?
Que fait l'historien selon Arendt ?
Qu'est-ce que l'Histoire pour Arendt ?
Que recherche l'historien ?
Hannah Arendt, théoricienne de la politique et de la modernité, a posé la question de la nature et de la portée de la discipline qu'est l'Histoire. Peut-on étudier les faits humains sur le modèle des sciences de la nature, en ayant recours au principe de causalité ? Hannah Arendt affirme que l'Histoire n'est pas constituée de processus continus, et n'est en tout cas pas guidée par un "sens". Elle est constituée d'événements, qui sont par nature imprévisibles et constituent des ruptures.
Certains philosophes, comme Hegel ou Marx, avaient avant Hannah Arendt affirmé que sous l'apparent chaos des faits, l'Histoire était guidée par une logique qui la poussait irrévocablement dans une certaine direction. Pour Hegel, l'Histoire aboutirait à la réalisation de l'Universel ; pour Marx, à l'avènement du socialisme. Pour Marx, de même, l'Histoire est un processus qui se comprend par un enchaînement continu de causes et de conséquences. Arendt refuse complètement une telle vision, en définissant l'événement comme le seul moteur de l'Histoire.
L'événement s'oppose aux faits en ce qu'il est significatif et se comprend par ses conséquences. Tel qu'il est décrit par Hannah Arendt, comme "manifestation de la liberté humaine", il a plusieurs caractéristiques : d'une part, il est indéductible, on ne peut en déduire l'existence par des causes, sinon par une interprétation abusive et a posteriori. Ceci a pour conséquence qu'il est imprévisible. Les événements n'existent pas comme possibles avant de se réaliser. Ils constituent en cela une rupture, ils ne s'insèrent pas dans une série de causes qui permettrait d'en réduire l'explication à quelques paramètres. L'événement ne s'explique pas, il se comprend, il s'interprète, et une telle interprétation n'est possible qu'une fois qu'il a déployé toutes ses conséquences, souvent bien après la mort des protagonistes. C'est ainsi que l'on peut considérer que l'interprétation de la Révolution française, ou de la chute du mur de Berlin, n'est toujours pas achevée, car les conséquences de ces événements sont toujours vivaces.
L'Histoire est donc constituée d'événements, qui sont l'expression de la liberté humaine, et dont le caractère de rupture interdit que l'on puisse les penser en termes de relation de cause à effet, ou qu'on puisse les prévoir. Ainsi, l'Histoire ne peut être pensée sur le modèle explicatif des sciences de la nature, il s'agit d'une discipline interprétative, qui comprend les événements par leurs conséquences.
- Hannah Arendt s'est posé la question de la possibilité de considérer l'Histoire comme une science, sur le modèle de la physique.
- Or, selon elle, l'Histoire est constituée d'événements, qui ont pour caractéristiques d'être imprévisibles et irréductibles à des causes.
- L'Histoire ne saurait donc, selon elle, fonctionner comme le font les sciences de la nature.