Quelle définition Bergson donne-t-il du concept de durée ?
Qu'est-ce que le temps objectif pour Bergson ?
Dans quel ouvrage Bergson distingue-t-il la durée du temps objectif ?
Quelles sont les deux caractéristiques du temps de la science ?
Qu'est-ce que la durée ?
Bergson, philosophe français de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, a beaucoup réfléchi sur la question du temps. Il a notamment produit dans son ouvrage La Pensée et le mouvant une distinction fondamentale entre temps et durée.
Bergson part, pour définir le temps, de l'étymologie : le terme de temps vient du grec temnô, qui signifie découper. Dans Physique, il reprend la définition aristotélicienne selon laquelle "le temps est la mesure du changement selon l'antérieur et le postérieur". Ainsi, penser selon le temps, c'est penser les événements comme se déroulant de manière discontinue, selon des ruptures. Il existe des points fixes du temps (des "instants T"), séparés par des intervalles. À l'instant A, l'objet considéré présente telles propriétés, et à l'instant A' il en présente d'autres. On peut diviser le temps en autant de parties que l'on souhaite, elles resteront toujours séparées, on ne peut en penser la continuité. Dans le temps, seul le présent a une existence réelle. Le passé et l'avenir, eux, n'ont pas d'existence réelle, l'un est déjà disparu, l'autre encore à venir. Le temps est par excellence le rapport de l'intelligence au changement, car il permet de considérer des états stables, et de calculer des différences entre ces états. Il caractérise la manière dont l'intelligence se rapporte aux changements de la matière.
La durée, au contraire, se caractérise par la continuité. Elle correspond à la perception réelle du temps tel qu'il est saisi par l'intuition (par opposition à l'intelligence). Dans la durée, le passé et l'avenir ont une existence réelle, il y a une "survivance du passé dans le présent" et une anticipation de l'avenir. Bergson prend pour exemple, pour imager sa conception du temps, la réalité d'une mélodie. Lorsqu'on écoute une mélodie, du début à la fin, on la saisit dans sa totalité, sans qu'il soit besoin de penser une succession. Il n'y a pas d'avant et d'après, simplement une phrase continue. Si l'on découpe une mélodie, elle n'est plus la même mélodie, on ne peut découper une réalité qui dure sans en changer la nature. La durée est ainsi le changement tel qu'il est perçu par l'intuition, dans sa continuité indissoluble : découper la durée, c'est en faire du temps. C'est à travers la durée, et non le temps, nous dit Bergson, qu'il faut appréhender les réalités spirituelles, non matérielles. Elle est l'objet de la métaphysique, qui l'appréhende par l'intuition.
- Pour Bergson, le temps est le rapport de l'intelligence à la matière, il se caractérise par la discontinuité.
- La durée, au contraire, est le rapport de l'intuition aux réalités spirituelles, et présente une continuité indissoluble.