Définir la notion d'espèce et son évolution au cours de l'histoire de la biologie.
Comment peut-on définir une espèce ?
Quelle est la définition biologique de l'espèce ?
Quelle est la définition typologique de l'espèce ?
Quelle est la définition post-darwinienne de l'espèce ?
Quelles sont les limites dans l'utilisation des définitions de l'espèce ?
La notion d'espèce permet de mettre chaque individu vivant ou fossile dans une case biologique. Elle fait l'objet de débats depuis de nombreux siècles dans la communauté scientifique et même encore aujourd'hui. Nous verrons tout d'abord l'évolution de cette notion au cours des siècles par trois définitions données dans l'histoire de la biologie puis nous étudierons les questions actuelles sur cette notion d'espèce.
La première définition d'espèce a été basée sur le critère de ressemblance. On définit alors un individu "type" de l'espèce qui servira de référence. On rattache un individu à cette espèce s'il possède tous les caractères typiques de l'espèce, en se basant donc uniquement sur la morphologie de l'individu étudié. Cette notion d'espèce correspond à la définition typologique de l'espèce. Mais très rapidement elle a semblé insuffisante aux scientifiques qui ont observé qu'il peut y avoir une grande diversité morphologique au sein de l'espèce (différence entre mâle et femelle par exemple). Ils ont également remarqué que certains individus se ressemblant beaucoup ne pouvaient pas se reproduire. Cela a conduit à une deuxième définition de l'espèce.
La deuxième définition de l'espèce se base sur les caractéristiques biologiques des individus allant au-delà de leur ressemblance. Les scientifiques ont alors établi que deux individus appartiennent à la même espèce s'ils sont capables de se reproduire entre eux et que leur descendance est fertile. Cette définition biologique de l'espèce exclut donc les hybrides comme le jaglion qui est un croisement entre un jaguar et une lionne. Ce jaglion est stérile donc il ne constitue pas une nouvelle espèce et le jaguar et le lion sont bien deux espèces distinctes. Cette définition permet de définir que deux individus se ressemblant énormément mais ne pouvant pas se reproduire, sont deux espèces distinctes. À l'inverse, deux individus qui ne se ressemblent pas mais se reproduisent avec descendance fertile appartiennent à la même espèce. Mais pour certaines populations issues d'une même espèce, la limite peut être un peu floue. À quel moment deux populations deviennent-elles deux espèces distinctes ?
C'est avec les théories de Darwin suivies de l'apparition de la génétique, que la définition d'espèce change encore au cours de l'histoire des sciences. Cette définition prend en compte les populations au sein d'une espèce et leur évolution. En effet on considère deux populations d'une espèce, si celles-ci se retrouvent isolées l'une de l'autre et que les individus des populations ne se reproduisent plus, alors elles vont accumuler des différences génétiques et former au final deux espèces distinctes. On parle donc d'espèces distinctes pour des individus d'une population suffisamment isolés génétiquement d'individus d'une autre population. Cette définition, même si elle complète bien les deux autres n'est cependant pas toujours évidente à utiliser en laboratoire, loin des populations étudiées. Cela amène donc encore des questions au sein de la communauté scientifique.
Ces trois définitions de l'espèce sont utilisées actuellement mais elles ne sont pas encore suffisantes dans l'étude de tous les êtres vivants. Si elles sont performantes pour l'étude de la biodiversité animale actuelle, elles ne suffisent pas dans l'étude des fossiles par exemple. Dans ce cas, seule l'étude du squelette est possible et donc les critères d'interfécondité ou de populations génétiquement isolées ne peuvent s'appliquer. Il reste très difficile à l'heure actuelle d'identifier pour un individu fossile l'appartenance à une espèce précise. Ces définitions posent également problème dans l'étude de certains végétaux et encore plus dans l'étude des bactéries. En effet chez les végétaux, deux espèces distinctes peuvent donner un hybride fertile, ce qui ne permet pas d'utiliser la définition biologique de l'espèce. Chez les bactéries, quant à elles, beaucoup de matériel génétique est transmis de façon horizontale et cela rend la classification des individus dans des cases "espèce" très difficile.
- La définition typologique de l'espèce se base sur la ressemblance entre individus.
- La définition biologique de l'espèce se base sur l'interfécondité avec descendance fertile de deux individus.
- La définition post-darwinienne de l'espèce se base sur l'appartenance des individus à une population génétiquement isolée d'une autre population.
- Les trois définitions se complètent mais ne sont pas suffisantes si l'on s'intéresse à des individus fossiles, à certains végétaux ou à des bactéries.