Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Métamorphoses, livre I
Ovide
Ier siècle apr. J.-C.
« Avant la création de la mer, de la terre et du ciel, voûte de l'univers, la nature entière avait un aspect uniforme ; le nom de chaos fut donné à cette masse informe et grossière, bloc inerte et sans vie, assemblage confus d'éléments discordants et mal unis entre eux. L'air, la mer et la terre étaient confondus ensemble : ainsi la terre n'avait pas de solidité, l'eau n'était pas navigable, l'air manquait de lumière. Ennemis les uns des autres, tous ces éléments rassemblés en désordre, le froid et le chaud, le sec et l'humide, les corps mous et les corps durs, les corps lourds et les corps légers, se livraient une éternelle guerre.
Un dieu, si ce n'est la bienfaisante Nature elle-même, mit fin à cette lutte, en séparant la terre du ciel, l'eau de la terre, et l'air le plus pur de l'air le plus épais. Quand il eut débrouillé ce chaos et séparé les éléments en indiquant à chacun d'eux la place qu'il devait occuper, il établit entre eux une éternelle harmonie. Puis il façonna d'abord la terre encore inégale par certains côtés, et l'arrondit en un globe immense.
Le dieu crée ensuite les vents, les cours d'eau, les montagnes, une région brûlante au milieu du globe, des régions éternellement enneigées aux pôles et entre elles des régions tempérées. […]
Un animal plus noble, doté d'une intelligence plus élevée, et fait pour commander aux autres, manquait encore. L'homme naquit : soit que l'ouvrier sublime, qui a créé l'univers à partir du chaos, l'ait formé à partir d'une semence divine ; soit que le fils de Japet, détrempant avec de l'eau l'argile de la terre, l'ait façonné à l'image des dieux. Tandis que les autres animaux courbent la tête et regardent la terre, l'homme porta ses regards vers les cieux. Ainsi la terre, qui n'était auparavant qu'une masse informe et grossière, donna naissance au premier des humains. »
À quelle catégorie ce texte appartient-il ?
Ce texte est une cosmogonie, c'est-à-dire un texte sur la création du monde (du grec cosmos = « ordre »). Ici, le texte est traduit mais il s'agit initialement d'un poème antique en vers latins. Ovide émet des hypothèses mais cela ne suffit pas à faire de son texte un écrit scientifique. Le genre du roman où un narrateur raconte une histoire avec un début, un milieu et une fin, ne correspond pas à ce texte plutôt consacré à la thématique des métamorphoses.
Quel terme Ovide utilise-t-il pour désigner le monde avant sa création ?
Il s'agit du terme « chaos » (« le nom de chaos fut donné à cette masse informe et grossière »), c'est-à-dire du désordre : tous les éléments « l'air, la mer et la terre » sont mélangés et forment une « masse informe ». Il faudra une « métamorphose » pour que les formes naissent.
Selon Ovide, avant la création du monde, « L'air, la mer et la terre [... ] se livraient une éternelle guerre ».
Quel est le nom de la figure de style en gras ?
Il s'agit d'une personnification. Les éléments inanimés (air, terre et mer) se battent comme s'ils étaient des corps humanisés, « ennemis les uns des autres ». Le fait de donner une caractéristique humaine à des éléments qui ne le sont pas permet de créer une personnification.
Selon Ovide, qui a introduit de l'ordre dans ce chaos initial pour débuter la création du monde ?
Ovide pose des hypothèses. Il évoque soit « un dieu », soit « la Nature bienveillante » qui aurait séparé la terre du ciel et de l'eau. L'homme, cet « animal plus noble doté d'une intelligence plus élevée », n'est pas encore apparu à ce stade de la création.
Quelle expression méliorative exprime la perfection de la création divine ?
« Une éternelle harmonie » constitue un éloge de la création divine. Tout trouve sa place. Ici, c'est l'idée de la naissance de l'ordre qui est exprimée. Elle est courante dans les cosmogonies, les récits de création du monde. Au contraire, avant l'intervention divine, les éléments sont mélangés ce qui leur donne un « aspect uniforme » ou « informe et grossier ». La création divine donne une forme, procède à une métamorphose.
Selon Ovide, quelle forme fut attribuée à la Terre par son créateur ?
Selon Ovide, la Terre prit la forme d'un « globe », elle est donc sphérique : « Puis il façonna d'abord la terre encore inégale par certains côtés, et l'arrondit en un globe immense. » La région brûlante au milieu du globe peut correspondre à l'équateur, une ligne imaginaire de démarcation entre l'hémisphère Nord et l'hémisphère Sud.
L'homme « animal plus noble, doté d'une intelligence plus élevée, est fait pour commander aux autres ».
Qui est désigné par « aux autres » dans cette phrase ?
Ici, « autres » est un pronom qui renvoie à « animal ». L'homme est un animal plus noble et plus intelligent (que les autres animaux). L'homme a donc pour fonction de commander aux autres animaux. Une forme de hiérarchie est ainsi mise en place sur la Terre. Mais, si l'homme est à « l'image des dieux », il reste leur créature.
Selon Ovide, quelles sont les deux hypothèses qui ont mené à la création de l'homme ?
Ovide pose des hypothèses selon lesquelles une force divine a présidé à la création de l'homme. L'homme est soit la créature du dieu qui a créé le monde, soit la création du fils de Japhet, c'est-à-dire de Prométhée. Certes fabriqué à partir de l'argile, un synonyme de la terre, l'homme naît donc de la matière mais il est « à l'image des dieux » ou porte en lui le patrimoine d'une « semence divine ».
Quelle est la signification de cette antithèse : « Tandis que les autres animaux courbent la tête et regardent la terre, l'homme porta ses regards vers les cieux » ?
Cette antithèse marque l'opposition entre les animaux et les hommes.
L'homme porte son regard vers le ciel car, selon Ovide, l'humain est à l'image des dieux. Il est donc supérieur aux autres êtres vivants dont il a la responsabilité (commander). Il est aussi attiré par les cieux, grâce à son esprit, son intelligence qui lui permettent de percevoir l'harmonie et l'ordre du monde créé par les dieux. Il « porte son regard », c'est-à-dire qu'il l'oriente vers ce qu'il veut comprendre.