Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Michel Strogoff
Jules Verne
1876
« À ce moment, Michel Strogoff, s'élançant d'un bond hors du tarentass, lui vint en aide. Doué d'une force peu commune, il parvint non sans peine, à maîtriser les chevaux. Mais la furie de l'ouragan redoublait alors. […]
"Nous ne pouvons rester ici, dit Michel Strogoff.
— Nous n'y resterons pas non plus ! s'écria l'iemschik, tout effaré, en se raidissant de toutes ses forces contre cet effroyable déplacement des couches d'air. L'ouragan aura bientôt fait de nous envoyer au bas de la montagne, et par le plus court !
— Prends le cheval de droite, poltron ! répondit Michel Strogoff. Moi, je réponds de celui de gauche !" […]
Un nouvel assaut de la rafale interrompit Michel Strogoff. Le conducteur et lui durent se courber jusqu'à terre pour ne pas être renversés ; mais la voiture, malgré leurs efforts et ceux des chevaux qu'ils maintenaient debout au vent, recula de plusieurs longueurs, et, sans un tronc d'arbre qui l'arrêta, elle était précipitée hors de la route.
"N'aie pas peur, Nadia ! cria Michel Strogoff.
— Je n'ai pas peur, répondit la jeune Livonienne, sans que sa voix trahît la moindre émotion."
Le danger alors n'était pas seulement dans ce formidable ouragan qui luttait contre l'attelage et ses deux conducteurs, mais surtout dans cette grêle de pierres et de troncs brisés que la montagne secouait et projetait sur eux.
Soudain, un de ces blocs fut aperçu, dans l'épanouissement d'un éclair, se mouvant avec une rapidité croissante et roulant dans la direction du tarentass. […]
Michel Strogoff, d'un vigoureux coup de fouet, voulut faire avancer l'attelage, qui refusa.
Quelques pas seulement, et le bloc eût passé en arrière !... [….]
La poussée du tarentass, due à l'effort de Michel Strogoff, ne devait pas être perdue. Ce fut l'élan donné qui permit aux chevaux affolés de reprendre leur première direction. »
À quelle personne le récit est-il mené ?
Le récit est mené à la 3e personne du singulier. Le narrateur n'est donc pas le héros. Il raconte l'histoire d'un point de vue externe.
À quel danger le héros Michel Strogoff doit-il faire face ?
Le conducteur de la voiture qui les conduit en Sibérie perd le contrôle des chevaux, qui sont effrayés par un ouragan. En effet, le tarentass est une voiture à cheval russe conduite par un iemschik (un cocher). Michel Strogoff aide le cocher à reprendre le contrôle des chevaux effrayés par un ouragan alors qu'ils traversent une route de montagne. Un ouragan est un violent orage. Cette métaphore explicative décrit le terrible orage. Il est vrai que Michel Strogoff doit rejoindre la Sibérie mais il n'y a pas d'ennemis ou de combats guerriers dans cette scène. Il doit lutter contre les éléments naturels.
Quels mots montrent que le texte réfère à la civilisation russe ?
Ce texte comprend trois mots empruntés à la civilisation russe :
- Le tarentass est une voiture à cheval.
- L'iemschik est le cocher de cette voiture. Il conduit les chevaux.
- La Livonie est une région située aux alentours de Riga, dans les actuels pays baltes. Il s'agit d'une région proche de l'Empire russe.
Quelles sont les deux qualités qui font de Michel Strogoff un héros dans cet extrait ?
Michel Strogoff est un héros car il fait preuve de qualités exceptionnelles : il est fort, courageux et lucide malgré le danger, ce qui implique une grande intelligence. Il « s'élance d'un bond » pour aider l'iemschik. Et alors que l'iemschik est « effaré » et que les chevaux sont « affolés », il garde son sang-froid et reste suffisamment lucide pour prendre les bonnes décisions face au danger : encadrer le cheval de droite et celui de gauche.
Quels mots du champs lexical de la peur structurent le texte ?
Le champ lexical de la peur exprime les émotions des personnages au moment de la menace.
Michel Strogoff surmonte sa peur. Nadia se montre courageuse et affronte le danger. Il y a une répétition du mot « peur » dans la même suite de phrases dans le dialogue, ce qui montre l'insistance du narrateur. Les personnages courageux osent nommer leur sentiment.
Au contraire, l'iemschik est peureux : Michel Strogoff le qualifie de « poltron » pour l'exhorter à réagir au moment où il se raidit c'est-à-dire au moment où il risque d'être paralysé par la peur. Il est également « effaré », ce qui signifie qu'il ressent de « l'effroi » : il est paniqué.
Il y a la peur ressentie par les personnages et la peur qui découle du danger : le « formidable » ouragan est terrifiant. Le mot « formidable » vient du latin formidabilis qui signifie « redoutable, qui génère la peur ».
Dans les phrases suivantes, comment appelle-t-on les figures de style en gras ?
- « ce formidable ouragan qui luttait contre l'attelage et ses deux conducteurs » ;
- « cette grêle de pierres et de troncs que la montagne secouait et projetait sur eux » ;
- « un des blocs fut aperçu [...] se mouvant et roulant dans la direction du tarentass ».
Il s'agit de personnifications, qui permettent de renforcer le suspense. L'ouragan, la grêle et le bloc sont des objets inanimés mais le narrateur utilise en compléments de ceux-ci des verbes d'action réservés aux êtres humains : lutter, secouer et projeter ou se mouvoir et rouler dans une direction précise. Ainsi, la menace semble décuplée puisqu'elle semble animée d'une force hostile.
Pourquoi peut-on dire que Nadia est l'amoureuse idéale du héros de roman d'aventures ?
Dans les romans d'aventures, il y a souvent une intrigue amoureuse qui soutient la narration principale. Nadia est une héroïne à la hauteur de Michel Strogoff car elle réagit comme lui, avec courage et lucidité. Le narrateur retranscrit ses paroles explicites : « je n'ai pas peur ».
Le narrateur montre qu'elle a du sang-froid : « sans que sa voix trahît la moindre émotion ». Ici, le subjonctif après « sans que » montre que sa voix ne tremble pas, qu'elle n'est pas affectée par la peur. Elle sait se contenir, ainsi le héros peut s'occuper de la menace au lieu de lui porter secours. Elle contribue au bon déroulement du sauvetage par sa maîtrise d'elle-même. Cette expression ne signifie pas qu'elle reste silencieuse mais plutôt qu'elle sait ce qu'elle dit.
La jeune Livonienne n'est ni une princesse ni un personnage fantastique : le narrateur nous renseigne sur les origines du personnage en indiquant qu'elle vient de la région de Riga dans les pays baltes. Cela rend Nadia plus réelle.
Comment le narrateur décrit-il le héros ?
Le narrateur fait l'éloge de son héros en dressant un portrait favorable : il met en évidence ses qualités. Il utilise un vocabulaire mélioratif : « doué », « une force peu commune » (= exceptionnelle), « effort ». Le champ lexical de la force est développé : « force », « vigoureux », « poussée », « effort ».
Quelle phrase permet de traduire le fait que le héros reste humain ?
Michel Strogoff est un héros mais il reste un humain : le lecteur s'identifie davantage à lui car il partage ses faiblesses. Ainsi, il ne parvient par immédiatement à maîtriser les chevaux.
Amoureux, il s'inquiète du sort de ses proches. Au lieu de régler seul les problèmes, il conseille l'iemschik pour qu'ils puissent agir ensemble. En effet, pour s'opposer aux forces de la Nature et des chevaux, il a besoin d'user de toutes les ressources de l'humain : l'intelligence, le courage, le travail d'équipe et la chance.
Toutefois, il a un caractère exceptionnel car, à aucun moment, il ne se décourage : lorsqu'il dit « nous ne pouvons pas rester ici », il ne veut pas fuir mais avancer sur son chemin coûte que coûte.
Quelles sont les valeurs incarnées par le héros ?
Michel Strogoff est un militaire, courrier du tsar. C'est un combattant qui incarne les valeurs de l'abnégation et de la pugnacité. Il est prêt à mourir pour accomplir sa mission. Il peut se montrer sévère avec l'iemschik en le traitant de « poltron » mais c'est aussi pour le faire réagir. Il agit en chef militaire : il ordonne et dirige les opérations. La peur ne le paralyse pas. Il veut la dompter et maîtriser ses émotions tout en éprouvant de l'amour pour Nadia. Il croit en l'intelligence de l'homme pour affronter les débordements de la nature dont la force dépasse les capacités physiques humaines.