Dans chacun des extraits suivants, quelle figure par analogie est utilisée ?
Hé, monsieur, un roman est un miroir qui se promène sur une grande route.
(Stendhal, Le Rouge et le Noir)
Les bougies s'allumèrent toutes seules ; le soufflet, sans qu'aucun être visible lui imprimât le mouvement, se prit à souffler le feu, en râlant comme un vieillard asthmatique, pendant que les pincettes fourgonnaient dans les tisons et que la pelle relevait les cendres.
(Théophile Gautier, "La Cafetière")
Voici ce qu'il me conta en revenant à pas lents sur la grand'route blanche, bordée de récoltes déjà mûres, qu'un vent léger, passant par souffles, faisait onduler comme une mer calme.
(Guy de Maupassant, Contes et nouvelles)
La fourmi n'est pas prêteuse, c'est là son moindre défaut.
(Jean de La Fontaine, "La Cigale et la Fourmi")
La Déroute apparut au soldat qui s'émeut,
Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut !
Sauve qui peut ! - affront ! horreur ! - toutes les bouches
Criaient ; à travers champs, fous, éperdus, farouches,
Comme si quelque souffle avait passé sur eux.
(Victor Hugo, "L'Expiation")
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage.
(Charles Baudelaire, "L'Ennemi")
- Baudelaire compare sa jeunesse à un "ténébreux orage" : il rapproche deux réalités éloignées. Le comparé est "ma jeunesse", le comparant "un ténébreux orage".
- Il n'utilise pas d'outil de comparaison.
Il s'agit d'une métaphore.
Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle Beauté ! Ah ! Déesse ! ayez pitié de ma tristesse et de mon délire !
Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.
(Charles Baudelaire, "Le Fou et la vénus", Le Spleen de Paris)
- Le substantif "Beauté" comporte une majuscule pour signifier qu'il s'agit d'une abstraction.
- La Beauté est ici représentée sous les traits d'une statue de marbre de la déesse Vénus.
Il s'agit d'une allégorie.
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur.
(Arthur Rimbaud, "Le Bateau ivre")
- Dans la proposition "Le ciel rougeoyant comme un mur", le ciel est assimilé à un mur rouge au moyen d'un outil de comparaison.
- Le rapprochement des deux termes produit une image.
Il s'agit d'une comparaison.
La terre est bleue comme une orange.
(Paul Éluard, "La Terre est bleue", L'Amour la poésie)
- Deux termes, "terre" et "orange" sont rapprochés au moyen de l'outil de comparaison "comme".
- L'image poétique est suscitée par l'étrangeté du rapprochement.
Il s'agit d'une comparaison.
Votre âme est un paysage choisi.
(Paul Verlaine, "Claire de lune")
- Ce vers présente l'assimilation du comparé "âme" et du comparant "paysage" grâce au verbe d'état "être".
- Il n'y a pas de marque de comparaison.
Il s'agit d'une métaphore.
Après que le milan, manifeste voleur,
Eut répandu l'alarme en tout le voisinage,
En fait crier sur lui les enfants du village,
Un rossignol tomba dans ses mains par malheur.
(Jean de La Fontaine, "Le Milan et le Rossignol")
- Le milan, qui est un oiseau rapace, est caractérisé par des éléments humains : il est "voleur" et possède des "mains".
- L'animal est ici doté d'intentions.
Il s'agit d'une personnification.