On considère l'extrait de conte suivant :
« Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille.
« Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis : buvez à même si vous voulez.
— Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud. »
D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria :
« Eh bien ! ma fille !
— Eh bien ! ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds.
— Ô ciel, s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa sœur qui est en cause : elle me le paiera » ; et aussitôt elle courut pour la battre.
La pauvre enfant s'enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine. Le fils du roi, qui revenait de la chasse, la rencontra et, la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer !
« Hélas, Monsieur, c'est ma mère qui m'a chassée du logis. »
Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux ; et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa.
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois. »
Charles Perrault, « Les Fées », Contes, 1695
À quelle étape du schéma narratif correspond le passage suivant ?
« Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux ; et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa.
Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois. »
Il s'agit de la situation finale. Dans un récit, la situation finale est la situation dans laquelle se trouve personnage principal à la clôture du récit. La situation finale d'un conte comprend donc la réussite du héros ou de l'héroïne, ainsi que l'échec de ses adversaires. C'est à ce moment que l'on apprend la morale (ou la leçon) du conte. La fin est habituellement heureuse : « Le fils du roi en devint amoureux ; et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa. »
Quel est le rythme du récit dans le passage suivant ?
« Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait apparu à sa sœur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille.
« Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis : buvez à même si vous voulez.
— Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud. »
Il s'agit d'une scène. Le rythme de la narration correspond à peu près au rythme de l'histoire. La scène semble se dérouler sous les yeux du lecteur. L'auteur raconte en détail l'action qui se déroule. Il fait parler les personnages, décrit les vêtements et les objets.
La scène permet de ralentir le rythme du récit. L'auteur donne l'illusion au lecteur que le temps du récit reproduit fidèlement le temps de l'histoire vécue par les personnages.
Quel est le type de discours rapporté dans le passage suivant ?
« Elle lui conta toute son aventure. »
Il s'agit d'un discours narrativisé qui condense dans le récit la longueur des propos sans en évoquer les détails.
Quelles sont les deux caractéristiques de la phrase suivante ?
« Pour sa sœur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois. »
Les deux caractéristiques de ce passage en situation finale sont :
- l'ellipse : « après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir » ;
- la portée morale, par l'échec et la mort du personnage malfaisant : « Pour sa sœur, elle se fit tant haïr » ; « et la malheureuse, alla mourir au coin d'un bois ».
Quelles sont les deux caractéristiques du passage suivant ?
« [...] et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine. »
Les deux caractéristiques sont :
- des péripéties racontées brièvement (« courut », « s'enfuit », « alla ») ;
- l'absence de détails.
Quel est le temps employé dans le passage suivant pour renvoyer à un passé lointain ?
« Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. »
Le temps des verbes conjugués qui renvoie au passé lointain est le passé simple :
- « Elle y alla » ;
- « Elle prit le plus beau flacon » ;
- « qui fut au logis » ;
- « qu'elle vit sortir » ;
- « qui vint lui demander à boire ».