On considère l'extrait de nouvelle suivant :
« Par un après-midi du mois d'août, une légère voiture s'arrêta brusquement devant les deux chaumières, et une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté d'elle :
— Oh ! regarde, Henri, ce tas d'enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière !
L'homme ne répondit rien, accoutumé à ces admirations qui étaient une douleur et presque un reproche pour lui.
La jeune femme reprit :
— Il faut que je les embrasse ! Oh ! comme je voudrais en avoir un, celui-là, le tout petit.
Et, sautant de la voiture, elle courut aux enfants, prit un des deux derniers, celui des Tuvache, et, l'enlevant dans ses bras, elle le baisa passionnément sur ses joues sales, sur ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre, sur ses menottes qu'il agitait pour se débarrasser des caresses ennuyeuses.
Puis elle remonta dans sa voiture et partit au grand trot. Mais elle revint la semaine suivante, s'assit elle-même par terre, prit le moutard dans ses bras, le bourra de gâteaux, donna des bonbons à tous les autres ; et joua avec eux comme une gamine, tandis que son mari attendait patiemment dans sa frêle voiture.
Elle revint encore, fit connaissance avec les parents, reparut tous les jours, les poches pleines de friandises et de sous.
Elle s'appelait Madame Henri d'Hubières.
Un matin, en arrivant, son mari descendit avec elle ; et, sans s'arrêter aux mioches, qui la connaissaient bien maintenant, elle pénétra dans la demeure des paysans. »
Guy de Maupassant, « Aux champs », Les Contes de la bécasse, 1894
À quelle étape du schéma narratif le passage suivant correspond-il ?
« Par un après-midi du mois d'août, une légère voiture s'arrêta brusquement devant les deux chaumières, et une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté d'elle : — Oh ! regarde, Henri, ce tas d'enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière ! »
Il s'agit d'un élément perturbateur. L'élément perturbateur, aussi appelé « déclenchement », est le premier événement de l'histoire. Il va « bouleverser » la situation initiale des deux familles présentées dans le récit.
L'élément perturbateur déclenche toutes les péripéties en créant un problème et des tensions. Il est rédigé au passé simple de l'indicatif dans un texte au passé : « une légère voiture s'arrêta brusquement ». Ici, il s'agit de l'arrivée d'un couple. Il va y avoir une opposition entre les classes sociales. Une jeune femme aisée surgit brutalement à la campagne au milieu d'enfants de condition plus modeste.
Quel est le rythme du récit dans la phrase suivante ?
« Elle revint encore, fit connaissance avec les parents, reparut tous les jours, les poches pleines de friandises et de sous. »
Il s'agit d'un sommaire sur plusieurs jours. On le reconnaît lorsque le narrateur résume, en accéléré, les actions et la vie des personnages. Ici, en une seule phrase, plusieurs actions répétitives et progressives s'étalant sur plusieurs jours sont condensées.
Quelle est la caractéristique de l'extrait suivant ?
« — Oh ! regarde, Henri, ce tas d'enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière !
L'homme ne répondit rien, accoutumé à ces admirations qui étaient une douleur et presque un reproche pour lui.
La jeune femme reprit :
— Il faut que je les embrasse ! Oh ! comme je voudrais en avoir un, celui-là, le tout petit. »
La caractéristique principale de ce passage est celle d'un dialogue bref. Seuls deux discours rapportés au style direct, marqués par un tiret, permettent de mettre en relief et d'entendre rapidement les deux exclamations de la jeune femme. Le mari, quant à lui, reste silencieux.
Quel est le registre de langue employé dans le passage suivant ?
« Puis elle remonta dans sa voiture et partit au grand trot. Mais elle revint la semaine suivante, s'assit elle-même par terre, prit le moutard dans ses bras, le bourra de gâteaux, donna des bonbons à tous les autres ; et joua avec eux comme une gamine, tandis que son mari attendait patiemment dans sa frêle voiture. »
On reconnaît dans ce passage l'emploi du registre familier : « moutard »,« bourra », « gamine ». L'intention est réaliste. En effet, l'utilisation d'un langage proche de celui du lecteur, ou celle d'un niveau de langage correspondant aux personnages « campagnards » évoqués, donne immédiatement une impression de réalité.
Quel est le temps de l'indicatif dominant dans le passage suivant ?
« Et, sautant de la voiture, elle courut aux enfants, prit un des deux derniers, celui des Tuvache, et, l'enlevant dans ses bras, elle le baisa passionnément sur ses joues sales, sur ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre, sur ses menottes qu'il agitait pour se débarrasser des caresses ennuyeuses. »
Le temps dominant des verbes conjugués dans ce passage est le passé simple :
- « elle courut aux enfants » ;
- « prit un des deux derniers » ;
- « elle le baisa passionnément ».