La fatalité et la liberté dans la pièce Exercice fondamental

Dans Œdipe roi, Sophocle questionne la liberté de l'Homme aux prises avec sa destinée. Il parvient à équilibrer l'idée de fatalité qui pèse sur son héros, avec l'idée de sa liberté.

La fatalité est un thème tragique majeur et traditionnel dans la pièce. Œdipe est devenu roi, pourtant il reste soumis à la volonté des dieux, qui savent comment libérer Thèbes de la peste et l'obligent à découvrir la vérité sur son régicide et son inceste. Lorsque la tragédie commence, le spectateur sait déjà qu'Œdipe a commis les crimes dont il avait si peur : le parricide et l'inceste. Deux divinités, qui sont liées à l'idée de fatalité, sont mentionnées au cours de l'intrigue : la Moira (ou les Moires) qui contrôle le destin des hommes et particulièrement leur mort, et la Tuchê qui agit au hasard sur la destinée humaine. La fatalité pèse sur les hommes, qui ne peuvent pas comprendre complètement le monde qui les entoure.

Mais Œdipe lutte contre cette fatalité qui pèse sur lui. Soutenu par Jocaste, qui ne croit pas aux prophéties des oracles et des devins, il use de sa liberté pour choisir la punition à donner au meurtrier de Laïos, mais également pour se punir lui-même à la fin de la pièce. Les dieux ont prédit qu'il deviendrait criminel, il l'est devenu. Mais il choisit, alors que les dieux ne le lui imposent pas, de s'aveugler en se crevant les yeux. Surtout, Œdipe transforme la parole divine en problème citoyen. En effet, il décide de trouver le meurtrier pour aider son peuple, sauver Thèbes, et non pour respecter la volonté des dieux. Il souligne ses devoirs envers les hommes, jamais envers les dieux. C'est un homme qui n'est jamais passif : il agit tout au long de la pièce, maître de lui-même, responsable de ses actes, jusqu'à respecter ses propres paroles et appliquer ses propres lois. En cela, il reste un bon roi digne de la confiance de son peuple. En s'infligeant l'automutilation et l'exil, il demeure libre de ses choix.