La pièce, une tragédie politique Exercice fondamental

Avec Œdipe roi, Sophocle livre une tragédie qui interroge la politique. On peut l'affirmer pour deux raisons : Œdipe est un homme d'État qui gère les affaires de la Cité, et Sophocle propose une réflexion sur la tyrannie.

Sophocle interroge le pouvoir d'Œdipe, qui n'a pas hérité de son père, et particulièrement sa position en tant que roi. Au début de la pièce, Œdipe apparaît comme un souverain aimé par son peuple, le sauveur de la Cité. Son règne n'est pas contesté. Il agit pour le bien de ses citoyens, cherchant une solution à la peste. C'est donc en lien avec les affaires de la Cité qu'Œdipe se lance dans une enquête pour trouver le meurtrier de Laïos. La collectivité est représentée par le chœur, qui rappelle à plusieurs reprises les devoirs du citoyen, notamment religieux et civiques. Il rappelle surtout que l'Homme est soumis à la volonté des dieux. Si Œdipe promet de venger la mort de Laïos, c'est pour des raisons politiques : il sait qu'il sauvera son peuple, qu'il légitimera sa position. C'est donc un homme d'État qui entreprend de s'occuper des problèmes que connaît Thèbes.

Si la pièce est politique, c'est également parce qu'elle propose une réflexion sur la tyrannie. En effet, Œdipe se montre à plusieurs moments violent, et refuse de prendre en compte les opinions des autres personnages autour de lui. Il vit dans l'illusion de son pouvoir, trop certain de sa légitimité pour la remettre en cause. L'aspect tyrannique d'Œdipe, qui se sent menacé, est particulièrement souligné par la violence de la punition qu'il propose contre le meurtrier de Laïos : il veut l'exiler ou le mettre à mort. L'exil, dans la Grèce antique, est particulièrement terrible puisqu'il s'agit de priver un homme de sa citoyenneté, et donc de sa liberté. Par ailleurs, Œdipe se montre injuste et brutal envers Créon. Ce dernier tente de raisonner Œdipe, il lui parle calmement, ne remet pas en cause son pouvoir : c'est un bon sujet. Pourtant, Œdipe le condamne à l'exil et refuse de l'écouter. À la fin de la pièce, il s'excuse auprès de Créon, qui prend d'ailleurs sa place sur le trône : c'est finalement le seul personnage qui s'est montré humble et obéissant. Il mérite d'être roi. On peut noter toutefois que sa position sera remise en question par Sophocle dans la tragédie Antigone.