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La scène d'introduction comme rupture avec le théâtre classique Exercice fondamental

Ce contenu a été rédigé par l'équipe éditoriale de Kartable.

Dernière modification : 07/08/2019 - Conforme au programme 2019-2020

En quoi la scène suivante rompt-elle avec les codes traditionnels d'une scène d'exposition classique ?

Hernani, Acte I, scène 1, Victor Hugo

1830

ACTE PREMIER

Saragosse. Une chambre à coucher. La nuit. Une lampe sur une table.

SCÈNE 1

Doña Josefa Duarte, vieille, en noir, avec le corps de sa jupe cousu de jais à la mode d'Isabelle-la-catholique ; don Carlos.

DOÑA JOSEFA (Seule. Elle ferme les rideaux cramoisis de la fenêtre et met en ordre quelques fauteuils. On frappe à une petite porte dérobée à droite. Elle écoute. On frappe un second coup.) :
Serait-ce déjà lui.
(Un nouveau coup)
C'est bien à l'escalier
Dérobé.
(Un quatrième coup)
Vite, ouvrons.
(Elle ouvre la petite porte masquée. Entre Don Carlos, le manteau sur le visage et le chapeau sur les yeux.)
Bonjour, beau cavalier.
(Elle l'introduit. Il écarte son manteau, et laisse voir un riche costume de velours et de soie à la mode castillane de 1519. Elle le regarde sous le nez et recule.)
Quoi ! Seigneur Hernani, ce n'est pas vous ! — Main-forte !
Au feu !

DON CARLOS (lui saisissant le bras) :
Deux mots de plus, duègne, vous êtes morte !
(Il la regarde fixement. Elle se tait effrayée.)
Suis-je chez doña Sol ? fiancée au vieux duc
De Pastraña, son oncle, un bon seigneur, caduc,
Vénérable et jaloux ? dites ! La belle adore
Un cavalier sans barbe et sans moustache encore,
Et reçoit tous les soirs, malgré les envieux,
Le jeune amant sans barbe à la barbe du vieux.
Suis-je bien informé ?
(Elle se tait. Il la secoue par le bras.)
Vous répondrez peut-être ?

DOÑA JOSEFA :
Vous m'avez défendu de dire deux mots, maître.

DON CARLOS :
Aussi n'en veux-je qu'un. — Oui, — non. — ta dame est bien
doña Sol de Silva ? Parle.

DOÑA JOSEFA :
Oui. — Pourquoi ?

DON CARLOS :
Pour rien.
Le duc, son vieux futur, est absent à cette heure ?

DOÑA JOSEFA :
Oui.

DON CARLOS :
Sans doute elle attend son jeune ?

DOÑA JOSEFA :
Oui.

DON CARLOS :
Que je meure !

DOÑA JOSEFA :
Oui.

DON CARLOS :
Duègne ! c'est ici qu'aura lieu l'entretien ?

DOÑA JOSEFA :
Oui.

DON CARLOS :
Cache-moi céans.

DOÑA JOSEFA :
Vous !

DON CARLOS :
Moi.

DOÑA JOSEFA :
Pourquoi ?

DON CARLOS :
Pour rien.

DOÑA JOSEFA :
Moi, vous cacher !

DON CARLOS :
Ici.

DOÑA JOSEFA :
Jamais.

DON CARLOS (tirant de sa ceinture un poignard et une bourse) :
Daignez, madame,
Choisir de cette bourse ou bien de cette lame.

DOÑA JOSEFA (prenant la bourse) :
Vous êtes donc le diable ?

DON CARLOS :
Oui, duègne.

DOÑA JOSEFA (ouvrant une armoire étroite dans le mur) :
Entrez ici.

DON CARLOS (examinant l'armoire) :
Cette boîte ?

DOÑA JOSEFA, (refermant l'armoire) :
Va-t'en, si tu n'en veux pas.

DON CARLOS (rouvrant l'armoire) :
Si !
(l'examinant encore)
Serait-ce l'écurie où tu mets d'aventure
Le manche du balai qui te sert de monture ?
(Il s'y blottit avec peine.)
Ouf !

DOÑA JOSEFA (joignant les mains avec scandale) :
Un homme ici !

DON CARLOS (dans l'armoire restée ouverte) :
C'est une femme, — est-ce pas ? —
Qu'attendait ta maîtresse ?

DOÑA JOSEFA :
Ô ciel ! j'entends le pas
De doña Sol. — Seigneur, fermez vite la porte.
(Elle pousse la porte de l'armoire qui se referme.)

DON CARLOS (de l'intérieur de l'armoire) :
Si vous dites un mot, duègne, vous êtes morte !

DOÑA JOSEFA (seule) :
Qu'est cet homme ? Jésus mon Dieu ! si j'appelais…
Qui ? Hors madame et moi, tout dort dans le palais.
— Bah ! l'autre va venir ; la chose le regarde.
Il a sa bonne épée, et que le ciel nous garde
De l'enfer !
(Pesant la bourse)
Après tout, ce n'est pas un voleur.

Entre doña Sol, en blanc. Doña Josefa cache la bourse.

Dans l'extrait proposé, quelles sont les origines sociales des deux personnages mis en scène ? Est-ce habituel de les rencontrer ensemble dans une scène d'exposition ?

Dans l'extrait proposé, la bienséance est-elle respectée ?

La vraisemblance est-elle respectée dans cette scène d'exposition ?

Le registre de cette scène d'exposition relève-t-il de la comédie ou de la tragédie ?

La scène d'exposition respecte-t-elle les règles classiques de lieu et d'époque ?

Le texte à étudier constitue la scène d'exposition d'Hernani. Celle-ci permet au lecteur d'identifier le cadre spatio-temporel de l'histoire et de découvrir certains personnages ainsi que le début d'une intrigue secondaire amoureuse. L'intrigue principale sera dévoilée avec l'entrée d'Hernani. Cette scène, qui aurait pu ressembler à une scène d'exposition classique, rompt dès le début avec les codes traditionnels.

Dès les premières répliques, le spectateur est confronté à une nouveauté : les deux personnages appartiennent à des milieux sociaux très différents puisque l'un est un roi tandis que l'autre est une servante. Elle ne semble pas le connaître et sa présence est dérangeante dans les appartements de sa maîtresse. Les codes mêmes de la bienséance sont transgressés par la présence d'un homme dans la chambre d'une femme.

Par ailleurs, la question de la vraisemblance se pose également : un roi peut-il se trouver dans la chambre d'une femme, entrant par une porte dérobée, à l'insu de son futur mari ? De même, la cachette du roi dans l'armoire et ses propos extrêmement prosaïques sur les balais semblent rompre avec tout souci de vraisemblance. De plus, les règles de lieu et de temps sont également transgressées puisque la scène se situe à Saragosse en Espagne au XVIe siècle. L'auteur choisit ainsi de rompre avec la tradition antique de la tragédie ou le contemporain de la comédie.

Enfin, la versification pose elle aussi question. L'alexandrin semble toujours utilisé mais de manière originale : il est disloqué sur plusieurs vers, avec l'emploi de rejets et d'enjambements, ce qui crée un rythme étonnant que le spectateur ne reconnaît pas. Ce rythme est soutenu par des registres qui se mélangent. Lorsque le début de la scène aurait pu faire penser au registre tragique, où la question de l'amour est une question de vie ou de mort, la fin de la scène fait appel aux ressorts de la comédie. On relève un comique de situation dû à la présence du roi dans l'armoire et un comique de mots suscité par ses paroles prosaïques.

Cette scène d'exposition permet ainsi à Victor Hugo de rompre avec la tradition classique et toutes ses règles. Le spectateur sait désormais qu'il va être surpris et que les règles vont être réinventées.

  • La question du lieu et de l'époque
  • La question de la bienséance et de la vraisemblance
  • La question de l'origine sociale des personnages
  • La question du rythme et des registres

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Voir aussi
  • Cours : La libéralisation de l’art
  • Quiz : La liberté de s'exprimer sur scène
  • Quiz : La bataille d'Hernani pour une création sans contraintes
  • Question sur 8 points type bac : La liberté de Victor Hugo dans la pièce
  • Question sur 12 points type bac : La liberté de création, une forme de sagesse

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