Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Charles Baudelaire, « À une passante »
Les Fleurs du Mal
1857
« La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair… puis la nuit ! – Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Ce texte est un poème en vers, et plus précisément un sonnet écrit en alexandrins.
Où le poète se trouve-t-il ?
Le poète se trouve dans la rue comme le suggère le groupe nominal placé à l'ouverture du poème « La rue assourdissante » (vers 1) et l'indication spatiale « autour de moi ».
À qui le poète s'adresse-t-il ?
Le poète s'adresse à une femme qui passe devant lui dans la rue comme le suggèrent les vers 9-10 : « Fugitive beauté / Dont le regard m'a fait soudainement renaître, ». Le poète est ébloui par sa grande beauté. Il s'adresse à elle en utilisant la deuxième personne du singulier : « te » (vers 11), « tu » (vers 13), « toi » (vers 14).
À quel vers le bruit de la ville est-il souligné ?
Le bruit de la ville est souligné et amplifié au vers 1, par l'adjectif « assourdissante » et le verbe « hurlait ». Il paraît infernal.
Quelle est la figure de style utilisée au vers 6, « comme un extravagant » ?
La figure de style utilisée au vers 6, « comme un extravagant », est une comparaison, visible grâce à l'utilisation de l'outil de comparaison « comme » qui sert à comparer le poète à une personne étrange, bizarre, excentrique.
Quelle est la figure de style utilisée au vers 7, « Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan » ?
La figure de style utilisée aux vers 7, « Dans son œil, ciel livide où germe l'ouragan », est une métaphore car deux choses, l'œil de la femme et l'expression dégagée par son œil, sont rapprochées sans mot de comparaison. Le regard de la femme ressemble à un ouragan qui peut se déchaîner.
Quel champ lexical est utilisé dans ce poème (« majestueuse », « fastueuse », « agile », « noble », etc.) ?
Dans ce poème, le champ lexical utilisé est celui de la fascination. Le poète ne peut détourner ses yeux de la passante.
Quel est le type de phrase utilisé dans le vers suivant : « Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! » (vers 14) ?
La phrase du vers 14 « Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! » est une phrase exclamative. Cette phrase exprime un sentiment fort, celui d'un coup de foudre. Son exclamation est donc lyrique.
Quel est le temps de ce verbe au subjonctif « j'eusse aimée » (vers 14) ?
Le temps de ce verbe au subjonctif « j'eusse aimée » (vers 14) est le plus-que-parfait. Il permet d'indiquer une action souhaitée mais qui ne s'est pas réalisée dans le passé. Ici, le poète n'est plus en mesure d'espérer aimer la passante, déjà loin.
Que permet d'exprimer le vers suivant : « Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! » (v. 14) ?
Cette phrase exprime un sentiment fort, ici celui de l'amour impossible avec cette inconnue croisée dans la rue.