Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Charles Baudelaire
« Le Soleil », Les Fleurs du Mal
1857
« Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des secrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés,
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Éveille dans les champs les vers comme les roses ;
Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches de miel.
C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir !
Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
Il ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Le genre littéraire de ce texte est poétique. C'est un poème écrit par Charles Baudelaire qui se compose de vingt alexandrins, c'est-à-dire des vers de 12 syllabes.
Quel est le schéma de rimes utilisé dans ce poème ?
Le schéma de rimes utilisé dans ce poème est celui des rimes plates ou suivies que l'on note de la manière suivante : AABB, à savoir « -ures/-ures/-blés/-blés ».
Quel est le sujet de ce poème de Charles Baudelaire ?
Ce poème, « Le Soleil », de Charles Baudelaire, traite d'un quartier de la ville sous le soleil comme le suggèrent les deux premiers vers qui donnent des caractéristiques sur des immeubles présents en ville, « Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures / Les persiennes, abri des secrètes luxures, » (vers 1-2). Le soleil est quant à lui mentionné dès le début du vers 3 : « Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés ». Il est aussi le père nourricier au début de la deuxième strophe au formidable pouvoir de guérison. Et le poète aime à se comparer à lui dans la dernière strophe, « Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes » car, tous deux (le soleil et le poète) savent de la boue , « des choses les plus viles », faire de l'or, « Il ennoblit le sort ». Ce sont des alchimistes.
Quelle est la fonction grammaticale de l'adjectif qualificatif « cruel » (vers 3) ?
La fonction grammaticale de l'adjectif qualificatif « cruel » (vers 3) est d'être épithète liée au nom « soleil ». Il donne une information complémentaire sur le soleil, ici il qualifie l'effet de sa chaleur caniculaire sur la ville.
Quelle image l'adjectif qualificatif « cruel » (vers 3) donne-t-il du soleil ?
L'adjectif qualificatif « cruel » (vers 3) donne l'image d'un soleil fort et brûlant, au zénith. Sa chaleur caniculaire vide les rues, et comme le suggère le verbe « frappe » (vers 3), il semble être en plein midi. Le soleil est donc au plus haut et au plus chaud. Il peut paraître ici un élément négatif, contre lequel chacun se protège, sauf le poète qui erre dans les rues, seul, malgré l'ardeur du soleil et sa chaleur.
Quel est le point commun entre les éléments « chloroses » (vers 9), « porteurs de béquilles » (vers 13) et « hôpitaux » (vers 20) ?
Le point commun entre ces éléments « chloroses » (vers 9), « porteurs de béquilles » (vers 13) et « hôpitaux » (vers 20) est la maladie. Le mot « chloroses » renvoie à une maladie du sang qui donne un teint plutôt verdâtre, l'expression « porteurs de béquilles » suggère soit un membre du corps cassé soit la vieillesse avec le besoin de soutenir le corps avec des béquilles. Le mot « hôpitaux » fait directement référence au lieu où l'on soigne les maladies. Le poète délivre donc une double image de la ville. Plutôt négative, quand le faubourg évoqué semble habité par des gens vieux, malades. Mais aussi positive, car le soleil réchauffe tous les cœurs, embellit toute chose et fait triompher la vie, la gaieté et la douceur.
Quelle est la figure de style utilisée au vers 7 : « Trébuchant sur les mots comme sur les pavés » ?
La figure de style utilisée au vers 7 « Trébuchant sur les mots comme sur les pavés » est une comparaison. On la reconnaît grâce à l'utilisation de l'outil de comparaison « comme ». Les « mots » sont comparés aux « pavés » sous les pas du poète. Il se heurte et trébuche sur les pavés comme sur les mots qu'il cherche dans la rue, autour de lui, et qu'il trouve avec grand bonheur parfois, progressant du spleen à l'idéal : « Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés. »
Quelle est la figure de style utilisée au vers 5 : « ma fantasque escrime » ?
La figure de style utilisée au vers 5, « ma fantasque escrime », est une métaphore. Le travail du poète et son écriture sont implicitement comparés à un duel d'épée (« escrime ») qui semble imprévisible (« fantasque »). Par cette métaphore, Baudelaire souligne que l'inspiration n'est pas contrôlable et qu'elle arrive de manière imprévue. L'activité poétique est ainsi rapprochée de la marche dans la ville, les vers venant au poète au gré de ses pas.