Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Georges Simenon
Le Chien jaune, © Fayard
1931
« Maigret traversa le pont-levis, franchit la ligne des remparts, s'engagea dans une rue irrégulière et mal éclairée. Ce que les Concarnois appellent la ville close, c'est-à-dire le vieux quartier encore entouré de ses murailles, est une des parties les plus populeuses de la cité.
Et pourtant, alors que le commissaire avançait, il pénétrait dans une zone de silence de plus en plus équivoque. Le silence d'une foule qu'hypnotise un spectacle et qui frémit, qui a peu ou qui s'impatiente.
Quelques voix isolées d'adolescents décidés à crâner.
Un tournant encore et le commissaire découvrit la scène : la ruelle étroite, avec des gens à toutes les fenêtres ; des chambres éclairées au pétrole ; des lits entrevus ; un groupe barrant le passage ; et, au-delà de ce groupe, un grand vide d'où montait un râle.
Maigret écarta les spectateurs, des jeunes gens pour la plupart surpris de son arrivée. Deux d'entre eux étaient encore occupés à jeter des pierres dans la direction du chien. Leurs compagnons voulurent arrêter leur geste. On entendit, ou plutôt on devina :
— Attention !...
Et un des lanceurs de pierres rougit jusqu'aux oreilles tandis que Maigret le poussait vers la gauche, s'avançait vers l'animal blessé. Le silence, déjà, était d'une autre qualité. Il était évident que quelques instants plus tôt une ivresse malsaine animait les spectateurs, hormis une vieille qui criait de sa fenêtre :
— C'est honteux !… Vous devriez leur dresser un procès-verbal, commissaire !... Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête... Et je sais bien pourquoi, moi !... Parce qu'ils ont peur. […]
Les fenêtres se fermaient les unes après les autres, mais on devinait des ombres curieuses derrière les rideaux. Le chien était sale, ses poils drus maculés de sang. Il avait le ventre boueux, la truffe sèche et brûlante. Maintenant que l'on s'occupait de lui, il reprenait confiance, n'essayait plus de se traîner sur le sol où vingt gros cailloux l'encadraient. »
Quel est le genre littéraire de ce texte ?
Le genre littéraire de ce texte est romanesque. C'est un extrait du roman Le Chien jaune de Georges Simenon.
Quel est le type de ce roman ?
Il s'agit d'un roman policier comme le suggèrent ces différents mots ou expressions : « commissaire », « découvrit la scène », « procès-verbal ».
Quel est le point de vue utilisé dans cet extrait ?
Le point de vue utilisé dans cet extrait est le point de vue omniscient car l'auteur sait tout de son personnage, de ses faits et gestes, de ses pensées, de ses actes, de sa découverte de la scène du crime. L'utilisation de ce point de vue permet de ménager le suspense.
Où et quand se passe la scène ?
La scène se passe dans une ville bretonne de nuit : les Concarnois sont les habitants de Concarneau, ville du Finistère, située en Bretagne. Le début du texte renseigne sur le lieu « le pont-levis », « la ligne des remparts », « une rue irrégulière », « la ville close », « le vieux quartier » et sur le temps avec la précision « mal éclairée ».
Comment peut-on qualifier la vision de la ville qui est donnée dans cet extrait ?
La vision de la ville donnée dans cet extrait est angoissante et effrayante car le silence règne, les rues sont étroites. Un crime a lieu dans cette ville : par peur, certains ont blessé à mort un chien : « C'est honteux !… Vous devriez leur dresser un procès-verbal, commissaire !... Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête… Et je sais bien pourquoi, moi !... Parce qu'ils ont peur. […] ».
À qui le pronom personnel « ils » renvoie-t-il dans la phrase : « Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête… » ?
Le pronom personnel « ils », dans la phrase « Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête… », renvoie aux coupables, aux personnes qui ont battu le chien à mort en raison de la peur qui les a envahis.
Quelle est la figure de style utilisée dans l'expression « des ombres curieuses derrière les rideaux » ?
La figure de style utilisée dans l'expression « des ombres curieuses derrière les rideaux » est une métaphore : les personnes cachées derrière les rideaux de leur maison sont implicitement comparées à des « ombres curieuses » comme si elles étaient coupables de quelque chose, comme si elles avaient peur de ce qu'elles voyaient. Cela contribue à renforcer l'atmosphère inquiétante de la ville.
Quel est le type de cette phrase : « Attention ! » ?
La phrase « Attention ! » est une phrase exclamative car elle exprime un ressenti, ici la peur, et elle comporte un point d'exclamation. Cette phrase exclamative permet de renforcer la vision angoissante et effrayante de la ville, en faisant part d'un danger immédiat.
Quel est le type de cette phrase : « Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête [...] » ?
La phrase « Ils sont tous à s'acharner sur cette pauvre bête [...] » est une phrase déclarative, car elle apporte une information notamment sur la connaissance des coupables et sur l'action en cours. Ce type d'action évoque une ville dangereuse, dans laquelle on ne peut pas se promener sans craindre de rencontrer un danger.
Quelle est la figure de style utilisée dans le passage suivant ?
« la ruelle étroite, avec des gens à toutes les fenêtres ; des chambres éclairées au pétrole ; des lits entrevus ; un groupe barrant le passage ; et, au-delà de ce groupe, un grand vide d'où montait un râle. »
La figure de style utilisée dans ce passage est une accumulation. Plusieurs groupes de même nature grammaticale sont juxtaposés et énumérés pour montrer l'abondance et l'amplification, pour rendre compte du cadre de la scène de meurtre : la ville.