Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Perceval ou le Conte du Graal
Chrétien de Troyes
XIIe siècle
« Quand ceux de l'armée ennemie le (Perceval) virent venir, ils le montrèrent à Anguingueron qui se tenait assis devant sa tente, et qui s'imaginait qu'on devrait lui rendre le château avant la nuit ou que quelqu'un sortirait pour le combattre au corps à corps, et il avait déjà lacé ses chausses. Ses gens étaient pleins d'allégresse à l'idée qu'ils avaient conquis le château et tout le pays. Lorsque Anguingueron le vit, il se fit armer en toute hâte et s'avança vers lui à vive allure sur son cheval vigoureux et bien nourri. […]
Le jeune homme en eut alors assez. Il mit la lance en arrêt, et ils s'élancèrent l'un contre l'autre sans se défier ni s'adresser la parole. Chacun disposait d'une lance en frêne au fer tranchant et à la hampe robuste et maniable. Les chevaux étaient rapides et les chevaliers puissants. Ils se haïssaient à mort. Ils se frappèrent si fort que craquaient les bois de leurs boucliers qui se brisèrent en même temps que les lances, et qu'ils se jetèrent l'un l'autre à terre. Mais ils eurent tôt fait de se remettre en selle et de se précipiter l'un contre l'autre, sans paroles inutiles, plus férocement que deux sangliers. Ils se frappèrent sur leurs boucliers et sur leurs hauberts aux fines mailles de toute la force de leurs chevaux. Emportés par la colère et la rage, de toute la puissance de leurs bras, ils firent voler les morceaux et les éclats de leurs deux lances. Anguingueron fut le seul à tomber, le corps couvert de blessures au point qu'il avait mal au bras et au côté. Le jeune homme mit pied à terre, car il ne savait l'attaquer en restant à cheval. Une fois descendu, il tira l'épée et l'assaillit. Je ne puis vous en raconter davantage, ni ce qui arriva à chacun, ni tous les coups de l'un après l'autre : il reste que la bataille dura longtemps et que les coups furent très violents, jusqu'à ce qu'Anguingueron tombât ; et le jeune homme l'attaqua si vigoureusement qu'il cria grâce. […]
"Sais-tu donc où tu iras ? En ce château-là, et tu diras à la belle qui est mon amie que jamais plus de toute ta vie tu ne chercheras à lui nuire, et tu te mettras sans réserve, totalement, à sa merci." »
À quel genre littéraire ce texte appartient-il ?
Le genre littéraire de ce texte est celui du roman de chevalerie. Au XIIe siècle, le roman de chevalerie apparaît : ce texte a été écrit vers 1180. Dans le roman de chevalerie, on décrit avec détail les chevaliers (comme ici Perceval) et leurs rudes combats. Les dames jouent un jeu dans l'intrigue : dans cet extrait, Perceval exige que son ennemi aille demander pardon à la dame et se mettre à son service.
À quelle époque ce récit se déroule-t-il ?
Ce récit se déroule au Moyen Âge. De nombreux indices le montrent. Tout d'abord, le texte a été écrit vers 1180. Ensuite, les armes et armures utilisées par les combattants sont typiques du Moyen Âge : « lance », « hampe », « boucliers », « hauberts ». Le narrateur explique que « les chevaliers étaient puissants ». Enfin, le narrateur évoque un « château ».
Quel passage montre qu'Anguingueron et ses hommes pensaient avoir déjà gagné ?
Dans le premier paragraphe, le narrateur raconte que les ennemis pensent avoir déjà gagné la bataille et qu'ils s'attendent à la reddition rapide du camp adverse : « Anguingueron qui se tenait assis devant sa tente, [...] s'imaginait qu'on devrait lui rendre le château avant la nuit », « Ses gens étaient pleins d'allégresse à l'idée qu'ils avaient conquis le château et tout le pays ».
Quelle est la figure de style utilisée dans la phrase suivante ?
« Ils se haïssaient à mort. »
Il s'agit d'une hyperbole. L'hyperbole exagère une idée pour l'accentuer dans le but de créer une forte impression sur le lecteur. Ici, l'hyperbole souligne la haine absolue qui oppose les deux chevaliers. Cette hyperbole permet d'annoncer, indirectement, un combat terrible car une telle haine ne peut qu'engendrer un duel hors du commun.
Dans l'extrait suivant, lequel des deux combattants est plus fort que l'autre ?
« Chacun disposait d'une lance en frêne au fer tranchant et à la hampe robuste et maniable. Les chevaux étaient rapides et les chevaliers puissants. Ils se haïssaient à mort. Ils se frappèrent si fort que craquaient les bois de leurs boucliers qui se brisèrent en même temps que les lances, et qu'ils se jetèrent l'un l'autre à terre. Mais ils eurent tôt fait de se remettre en selle et de se précipiter l'un contre l'autre, sans paroles inutiles, plus férocement que deux sangliers. Ils se frappèrent sur leurs boucliers et sur leurs hauberts aux fines mailles de toute la force de leurs chevaux. Emportés par la colère et la rage, de toute la puissance de leurs bras, ils firent voler les morceaux et les éclats de leurs deux lances. »
Aucun des deux. Les deux guerriers sont d'une force égale. Le pronom personnel de la 3e personne du pluriel « ils » est employé tout du long pour narrer leur combat. Cet emploi montre qu'ils sont aussi forts l'un que l'autre. La mention des coups donnés et reçus souligne tout à la fois la violence du combat et la force égale dont les chevaliers font preuve. Cela rend le combat plus palpitant et la victoire de Perceval plus glorieuse.
En combien d'étapes le combat se déroule-t-il ?
Le combat entre les deux chevaliers se déroule en trois étapes.
- Tout d'abord, ils se battent avec des lances : « Chacun disposait d'une lance en frêne au fer tranchant et à la hampe robuste et maniable ».
- Ensuite, leurs lances ayant été cassées par l'intensité du combat (« Ils se frappèrent si fort que craquaient les bois de leurs boucliers qui se brisèrent en même temps que les lances »), la deuxième étape est celle du combat à l'épée (« Une fois descendu, il tira l'épée et l'assaillit »).
- Le combat se termine lors d'une troisième étape qui est la victoire de Perceval : « le jeune homme l'attaqua si vigoureusement qu'il cria grâce ».
Dans l'extrait suivant, pourquoi Perceval « ne savait attaquer » Anguingueron ?
« Anguingueron fut le seul à tomber, le corps couvert de blessures au point qu'il avait mal au bras et au côté. Le jeune homme mit pied à terre, car il ne savait l'attaquer en restant à cheval. Une fois descendu, il tira l'épée et l'assaillit. »
Perceval respecte les règles d'honneur de la chevalerie : il ne tue pas son ennemi en étant dans une position supérieure à lui. En étant sur son cheval et son ennemi étant à terre, il se retrouve dans une position de supériorité physique. Son combat ne serait alors plus loyal. En tuant un homme à terre, Perceval perdrait son honneur. Perceval se comporte donc de manière exemplaire.
À quel temps les verbes d'action sont-ils conjugués ?
Les verbes d'action sont conjugués au passé simple. Le passé simple est employé pour évoquer des actions courtes et successives. Ici, l'emploi du passé simple marque la rapidité des actions qui s'enchaînent et souligne l'intensité du combat : « mit la lance », « s'élancèrent », « se frappèrent », « se jetèrent l'un l'autre à terre ».
Quelles sont les qualités dont Perceval fait preuve durant tout le combat ?
Perceval possède les principales qualités d'un chevalier. Il fait preuve de force, de courage, de bravoure, de vaillance et de morale pour combattre son ennemi.
Qui gagne le combat ?
C'est Perceval qui gagne le combat. Anguingueron lui demande « grâce », c'est-à-dire qu'il demande à ce que le combat cesse afin que sa vie soit épargnée. Un chevalier qui demande grâce perd le combat. Le chevalier vainqueur a pour devoir d'épargner le chevalier qui demande grâce.