On donne une description réaliste extraite de Madame Bovary de Flaubert (Texte A) et un extrait du poème en prose "Nuit en enfer" de Rimbaud (Texte B).
Texte A
En effet, elle regarda tout autour d'elle, lentement, comme quelqu'un qui se réveille d'un songe ; puis, d'une voix distincte, elle demanda son miroir, et elle resta penchée dessus quelque temps, jusqu'au moment où de grosses larmes lui découlèrent des yeux. Alors elle se renversa la tête en poussant un soupir et retomba sur l'oreiller.
Sa poitrine aussitôt se mit à haleter rapidement. La langue tout entière lui sortit hors de la bouche ; ses yeux, en roulant, pâlissaient comme deux globes de lampe qui s'éteignent, à la croire déjà morte, sans l'effrayante accélération de ses côtes, secouées par un souffle furieux, comme si l'âme eût fait des bonds pour se détacher. Félicité s'agenouilla devant le crucifix, et le pharmacien lui-même fléchit un peu les jarrets, tandis que M. Canivet regardait vaguement sur la place. Bournisien s'était remis en prière, la figure inclinée contre le bord de la couche, avec sa longue soutane noire qui traînait derrière lui dans l'appartement. Charles était de l'autre côté, à genoux, les bras étendus vers Emma. Il avait pris ses mains et il les serrait, tressaillant à chaque battement de son cœur, comme au contrecoup d'une ruine qui tombe. À mesure que le râle devenait plus fort, l'ecclésiastique précipitait ses oraisons ; elles se mêlaient aux sanglots étouffés de Bovary, et quelquefois tout semblait disparaître dans le sourd murmure des syllabes latines, qui tintaient comme un glas de cloche.
Texte B
J'ai avalé une fameuse gorgée de poison. - Trois fois béni soit le conseil qui m'est arrivé ! - Les entrailles me brûlent. La violence du venin tord mes membres, me rend difforme, me terrasse. Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier. C'est l'enfer, l'éternelle peine ! Voyez comme le feu se relève ! Je brûle comme il faut. Va, démon !
J'avais entrevu la conversion au bien et au bonheur, le salut. Puis-je décrire la vision, l'air de l'enfer ne souffre pas les hymnes ! C'était des millions de créatures charmantes, un suave concert spirituel, la force et la paix, les nobles ambitions, que sais-je ?
Les nobles ambitions !
Et c'est encore la vie ! - Si la damnation est éternelle ! Un homme qui veut se mutiler est bien damné, n'est-ce pas ? Je me crois en enfer, donc j'y suis. C'est l'exécution du catéchisme. Je suis esclave de mon baptême. Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre. Pauvre innocent ! - L'enfer ne peut attaquer les païens. - C'est la vie encore ! Plus tard, les délices de la damnation seront plus profondes. Un crime, vite, que je tombe au néant, de par la loi humaine...
Quel est le thème commun aux deux textes ?
- Le texte A décrit les derniers instants d'Emma Bovary qui s'est suicidée à l'arsenic.
- Le texte B décrit la descente aux enfers d'un être qui a ingéré du poison.
Le thème commun aux deux textes est la mort par empoisonnement.
Quelles sont les images utilisées dans chacun des textes ?
Dans le texte A :
- Il y a très peu d'images.
- L'auteur utilise deux comparaisons : "comme au contrecoup d'une ruine qui tombe" et "comme un glas de cloche". Celles-ci ont pour effet de renforcer l'atmosphère macabre de cette scène d'agonie.
Dans le texte B :
- Le poison est une allégorie de la vérité trop dure à affronter et qui conduit l'être dans un enfer moral.
- La souffrance physique est une métaphore filée pour la souffrance morale.
Quel est le texte le plus imagé ?
Malgré les deux comparaisons dans le texte A, le texte B est plus imagé par sa dimension allégorique.
Le texte B est le plus imagé.