Comment peut-on expliquer la règle des trois unités ? Illustrer par des exemples.
Que permet avant tout la règle des trois unités ?
Qu'implique l'unité de temps ?
Pour respecter l'unité de lieu, quel genre de décor choisissent généralement les dramaturges pour situer l'action de leurs pièces ?
Comment se structure l'unité d'action ?
Quelle pièce classique se déroule sur une place dans une ville ?
Dans son Art Poétique en 1674, le théoricien et poète Boileau définit les trois règles fondamentales du théâtre classique en écrivant : "qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli". Il reprend ici la règle des trois unités qui régit la construction des intrigues dramatiques au XVIIe siècle. Celles-ci doivent permettre de structurer des intrigues conformes à la bienséance interne, à la cohérence de l'histoire mais également faciliter la représentation des pièces de l'époque.
Tout d'abord, l'unité de temps implique que l'intrigue se déroule sur vingt-quatre heures, généralement du lever au coucher du soleil. L'enjeu est de se rapprocher du spectateur, de renforcer l'illusion de réel, la vraisemblance en se rapprochant du temps réel sans trop rallonger la représentation. De plus, cela devait permettre d'éviter que l'intrigue ne se disperse trop et perde de sa cohérence. Dans la tragédie de Corneille, Médée, cette unité de temps est scrupuleusement respectée : l'intrigue se déroule sur une journée, celle qui a été accordée à Médée par Créon pour quitter la ville. C'est ce que l'on peut voir dans la réplique de Créon, à la scène 2 de l'acte II : "De grâce ma bonté te donne un jour entier". La règle est donc intégrée dans le texte même et permet de donner un caractère d'urgence à la vengeance de Médée.
Dans un second temps, l'unité de lieu contraint le dramaturge à situer son intrigue dans un seul endroit. Cette règle permet tout d'abord d'éviter les changements trop lourds de décors que les moyens techniques de l'époque ne permettaient pas toujours, notamment pour les troupes itinérantes encore nombreuses au XVIIe siècle. Cela évite également de créer de la confusion chez le spectateur qui lui reste au même endroit durant la représentation : c'est donc aux personnages de se déplacer. Mais surtout, l'unité de lieu participe de la cohérence et évite de perdre le spectateur qui peut alors se concentrer plutôt sur le texte et les ressorts de l'intrigue. Afin de justifier les entrées et sorties des différents personnages, il s'agit généralement d'un lieu de passage, comme un corridor ou un jardin : dans L'École des femmes de Molière, la pièce "se déroule sur la place d'une ville" nous indique le dramaturge en dessous de la liste des personnages. Ce lieu permet les allers et retours d'Arnolphe entre sa maison et celle où il a caché Agnès et où Horace lui rend visite en secret. L'unité de lieu permet alors de maintenir le dispositif de quiproquo.
Pour finir, l'unité d'action fait en sorte que l'intrigue se concentre sur "un seul fait" comme l'écrit Boileau : cette règle interdit de multiplier les intrigues secondaires qui nuiraient à la cohérence de la pièce et à sa compréhension par le spectateur. La pièce se concentre donc sur une histoire principale, sur un nœud dramatique et les péripéties qui en découlent directement et évite ainsi d'accumuler les personnages. Ainsi, dans Phèdre de Racine, toutes les actions découlent de la passion tourmentée et interdite de Phèdre pour son beau-fils Hippolyte qui est le nœud de l'action dramatique. Le dramaturge n'ajoute aucune action secondaire sans rapport direct avec cette histoire centrale. Lorsqu'il est nécessaire d'ajouter des événements, des actions pour enrichir l'intrigue ou sa compréhension, le dramaturge a recours au récit : un personnage raconte ce qui s'est passé hors de la scène, avant ou pendant que la pièce se déroule. C'est également un moyen de respecter la bienséance externe qui interdit de représenter les morts violentes ou les scènes d'amour.
- Les trois unités du théâtre classique sont l'unité de temps, l'unité de lieu et l'unité d'action : elles assurent la cohérence de l'intrigue dramatique.
 - L'unité de temps implique que l'action se concentre sur vingt-quatre heures.
 - L'unité de lieu concentre l'intrigue dans un seul lieu, généralement un endroit de passage : le décor ne change pas, seuls les personnages se déplacent, entrent et sortent.
 - L'unité d'action resserre l'intrigue sur un nœud dramatique et les péripéties qui en découlent : le dramaturge évite d'accumuler les intrigues secondaires qui créeraient de la confusion.