Les principes fondamentaux du roman romantique Exercice fondamental

Le XIXe siècle est l'âge d'or du roman : celui-ci, jusqu'ici considéré comme un genre mineur par rapport à la poésie ou au théâtre, reçoit ses lettres de noblesse et les auteurs se multiplient. C'est une époque de renouvellement des formes, influencée notamment par des précurseurs comme Rousseau ou Madame de Staël qui définissent une écriture marquée par le lyrisme. Le roman romantique se caractérise tout d'abord par l'importance du personnage principal et de ses sentiments. Dans un second temps, il est marqué par le foisonnement de l'imagination qui se libère à l'époque.

Le roman romantique se construit souvent autour d'une figure centrale prépondérante dont on suit longuement le parcours. L'écriture se concentre souvent sur l'analyse de sa vie intérieure, de la complexité des sentiments, et la narration privilégie donc la focalisation interne, à la première ou à la troisième personne du singulier. On les appelle de ce fait des "romans de l'âme". Ils héritent des romans du sentiment du XVIIIe siècle. Le roman romantique se caractérise par des thèmes élégiaques et lyriques comme la mélancolie ou le sentiment de solitude expérimenté par le personnage principal. C'est le cas dans René de Chateaubriand, considéré comme un précurseur majeur du roman romantique : cette œuvre, à forte résonance autobiographique, montre un être en proie à des émotions fortes et qui entretient une relation presque mystique à la nature. Celle-ci a une place essentielle dans l'écriture romanesque des romantiques, héritant en cela de La Nouvelle Héloïse de Rousseau. Cette dimension autobiographique, inhérente à une écriture qui tente de montrer les mécanismes de l'intériorité individuelle, se retrouve également dans La Confession d'un Enfant du Siècle de Musset considéré comme emblématique du romantisme exalté du XIXe siècle. Enfin, cette focalisation sur les sentiments du personnage central et son rapport à la nature qui l'entoure se retrouve dans les premiers romans réalistes : le narrateur omniscient y analyse les rapports des individus avec leur milieu, comme c'est le cas dans les romans de Stendhal à travers les vies de Julien Sorel et Fabrice del Dongo. Il ne s'agit pas seulement de refléter le monde concret : les descriptions précises prennent une valeur symbolique et une dimension lyrique pour révéler l'intériorité des personnages. C'est le cas chez Balzac dans Le Lys dans la Vallée où la description qui ouvre le roman nous donne à voir les liens entre nature et âme.

Enfin, le roman romantique favorise le foisonnement d'une imagination qui se libèrent de toutes les contraintes classiques et de la censure. Hugo, chef de file des romantiques, revendique le mélange des genres et des registres, du sublime au grotesque : ses romans historiques cherchent moins la vraisemblance des faits que l'intensité des émotions et la résonance épique des actions comme c'est le cas dans Notre-Dame-de-Paris ou Les Travailleurs de la Mer. Les romans, en écho aux revendications du drame romantique, multiplient les intrigues secondaires et complexes, les lieux et les personnages dans de grandes fresques historiques. Cette libération de l'imaginaire permet l'émergence et le succès du fantastique auquel s'essayent Balzac dans La Peau de Chagrin ou Maupassant dans "Le Horla". Ce foisonnement libérateur permet la multiplication de sous-genres qui perdurent encore aujourd'hui comme le roman policier.