Expliquer les défis de l'urbanisation du continent Exercice fondamental

Les politiques natalistes parfois catastrophiques, à l'image de la politique de l'enfant unique chinoise, ont créé des déséquilibres tant au niveau des genres que du vieillissement de la population.

L'instauration de la politique de l'enfant unique a freiné la poussée démographique chinoise mais a désormais des répercussions néfastes. Le déséquilibre des naissances par sexe est important avec, ces dix dernières années, 100 filles pour 118,06 garçons. Les hommes représentent plus de 51% de la population chinoise alors que, dans la plupart des pays, les femmes demeurent majoritaires. Une étude indique que plus de 24 millions d'hommes pourraient ne pas trouver d'épouse d'ici à 2020 en raison de ce déséquilibre. À relativement court terme, la Chine va "manquer de filles" pour les garçons à marier dans les campagnes, ce qui favorise l'exode rural et une possible augmentation de la délinquance sexuelle (essor rapide du nombre de viols, un crime pourtant puni de la peine de mort). On observe aussi des migrations matrimoniales de longue distance, des trafics d'épouses entre régions chinoises organisés par les triades mafieuses, et le développement de filières migratoires de filles en provenance du Vietnam pour combler le déficit chinois (mais cela aggrave les déficits au Vietnam). La connaissance précoce du sexe de l'enfant à naître permettant d'envisager un avortement sélectif, dans la région du Shandong il est interdit de faire des échographies depuis 1998, et en 2003 il a été interdit dans la région de Tianjin de faire des amniocentèses. Le Henan, province la plus peuplée du pays, a fait de même en 2006 et interdit les avortements pour raisons non médicales.

Par ailleurs, à moyen terme, la réduction rapide des naissances, qui a fait chuter l'indice synthétique de fécondité de 4,9 enfants par femme en 1970 à 1,8 aujourd'hui, en dessous du seuil de renouvellement des générations, va entraîner un vieillissement de la population, comme au Japon et en Corée du Sud. Dans les années 2030 - 2040, la Chine manquera de main-d'œuvre pour subvenir aux besoins de nombreuses personnes âgées (les adultes d'aujourd'hui). Comme l'Europe, le Japon et la Corée du Sud, la Chine devra assurer le financement des retraites. Les plus de 65 ans constituaient déjà 15,4% de la population de Shanghai en 2001 (moyenne chinoise 8,6%). Cela ouvre pour la Chine un champ inhabituel de préoccupations sociales et économiques. Selon les projections de l'ONU, la proportion de personnes de plus de 65 ans devrait en effet passer de 7% en 2000 à 23% en 2050, pour atteindre 320 millions de personnes, soit davantage que le total combiné des personnes âgées d'Amérique du Nord, du Japon et d'Europe. La Chine d'aujourd'hui n'est pas prête pour cet afflux massif de personnes âgées. Elle n'a guère développé le secteur des soins gériatriques et la flambée récente des coûts médicaux dans la Chine néocapitaliste a créé de très fortes inégalités face à la maladie.