Expliquer les enjeux de l'aménagement urbain en France.
Quel phénomène à l'œuvre dans les villes-centres provoque un embourgeoisement des quartiers populaires ?
Quel espace urbain est marqué par la présence des grands ensembles d'habitation à loyer modéré ?
Quelles sont les espaces les plus dynamiques et les plus recherchés des aires urbaines ?
Comment appelle-t-on l'ensemble des mesures visant à réduire les inégalités socio-économiques entre les différents espaces urbains?
Quel est le pourcentage de logements sociaux que doit compter une ville en France ?
Aménager l'espace urbain reste un enjeu crucial pour l'Etat et les collectivités territoriales. Cet enjeu est lié aux fortes inégalités socio-économiques qui marquent l'espace urbain, accentuées par l'étalement urbain. Les politiques de la ville de ces dernières années illustrent cette volonté de réduire les écarts entre les différents espaces urbains.
On assiste en effet à une concentration du tertiaire supérieur et à une gentrification ("embourgeoisement") dans les centres-villes, car le développement et l'attractivité des villes ont amené l'augmentation des prix du foncier dans les centres-villes historiques (surtout dans les grandes métropoles) souvent réhabilités par les municipalités, revalorisés avec l'implantation de nouveaux commerces. A l'inverse, la crise économique et les difficultés sociales de certains quartiers marquent les banlieues de certaines villes. Ce sont souvent de grands ensembles d'habitation à loyer modéré (HLM) des années 1960 et 1970 qui sont concernés et qui existent toujours, même si les politiques urbaines tentent de les supprimer au profit d'habitats à taille plus humaine. S'y concentre de plus en plus la pauvreté (paupérisation), car construits dans l'urgence dans les années 1960 - 1970 ils se sont dégradés, et ont été de plus en plus délaissés par les classes moyennes. On assiste enfin à la multiplication des lotissements de la périurbanisation de plus en plus éloignée, avec des classes moyennes qui habitaient le centre et qui ont peu à peu migré vers des zones périurbaines plus lointaines, où elles ont pu acheter des maisons individuelles avec jardin d'une superficie suffisante. Plus la périphérie est éloignée, plus les ménages sont modestes. Au centre, comme dans la périphérie, on constate enfin une certaine ségrégation urbaine c'est-à-dire la volonté de certains groupes sociaux de marquer une distance (sociale, physique) par rapport aux autres en recherchant "l'entre-soi", en achetant des biens dans des communes pratiquant une "politique de club" (refus d'accueillir du logement social par exemple) ou dans des résidences fermées, en scolarisant les enfants dans certaines écoles. En France, la fragmentation urbaine (durcissement des frontières spatiales entre groupes sociaux qui ne se croisent plus) n'est cependant pas encore généralisée : les différentes catégories sociales se côtoient encore dans les espaces publics par exemple.
C'est donc pour réduire ces disparités que les autorités, et notamment l'Etat, ont mis en place une "politique de la ville". La politique de la ville désigne la politique mise en place par les pouvoirs publics afin de revaloriser les zones urbaines en difficulté, et de réduire les inégalités entre les territoires. Celle-ci a été initiée il y a une trentaine d'années, alors que le "problème des banlieues" émergeait. En effet, dès le début des années 1970, les pouvoirs publics prennent conscience des difficultés des "grands ensembles" d'habitats. Les premières démolitions d'immeubles ont suivi les émeutes des Minguettes à Vénissieux en 1981. Entre 1983 et 1989, un Fonds Social Urbain (FSU) a permis d'améliorer l'image de certaines banlieues en les aménageant (Orly par exemple) et la politique de Développement social des quartiers (DSQ) a concerné 148 quartiers. Le Ministère de la ville est créé en 1990. À partir de 1994, les Grands Projets Urbains (GPU) concentrent les actions sur treize sites particulièrement difficiles (quartiers Nord de Marseille, le Val Fourré à Mantes, les friches industrielles de la plaine Saint-Denis, Roubaix-Tourcoing, Dreux, etc.). Le Pacte de relance pour la ville (PRV) de 1996 a alors pris le relais de la Loi d'orientation sur la ville (LOV) de 1991 (dont la mise en œuvre avait avorté), en adoptant ses grands principes : le souci d'assurer la mixité de l'habitat dans les différents quartiers de l'agglomération et de répondre à la question foncière. La Loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (loi SRU, 13 décembre 2000) précise l'équilibre du logement social dans les agglomérations. Elle tente d'imposer aux communes des agglomérations urbaines une offre d'au moins 20% de logements sociaux sur leur territoire. La Loi d'orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine (Le Programme national de rénovation urbaine PNRU dite loi Borloo, 2003), est consacrée à la lutte contre les inégalités sociales et territoriales. Elle donne naissance à une Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Il y a trois niveaux d'intervention pour cette politique de la ville : Zones urbaines sensibles (ZUS), Zones de renouvellement urbain (ZRU) et Zones franches urbaines (ZFU) sont caractérisées par des dispositifs d'ordre fiscal et social d'importance croissante. Ces politiques ne sont pas faciles et les échecs sont nombreux. Dans les ZUS, la politique sociale est négligée au profit de la reconstruction, les communes les plus fortunées préfèrent payer une amende plutôt que de développer des logements sociaux (cas emblématique du 16e arrondissement de Paris). La loi DALO (droit opposable au logement) est peu ou mal appliquée face à une demande de plus de 4 millions de mal (ou de pas) logés.
- L'espace urbain est marqué par de fortes inégalités socio-économiques du centre à l'espace périurbain.
- Ces disparités sont appelées ségrégation sociale lorsque des espaces attirent ou excluent des populations selon leur profil socio-économique
- La politique de la ville est un ensemble de mesures visant à réduire ces inégalités et développer les espaces urbains les plus en difficulté.