Caractériser un régime totalitaire Exercice fondamental

L'Europe de l'entre-deux-guerres est marquée par l'émergence et l'affirmation de régimes qualifiés de "totalitaires". S'ils diffèrent par leur idéologie, ils ont en commun un mode de fonctionnement.

Un régime totalitaire est un régime politique qui entend, par tous les moyens, contrôler l'ensemble de la société et la soumettre à l'obéissance en vue de la création d'un "homme nouveau" dans une société normée et contrôlée.
Cet homme nouveau est défini dans le corpus idéologique qui guide l'action des responsables politiques. Dans l'URSS stalinienne, il s'agit de créer l'Homo Sovieticus et d'installer une société égalitaire et sans classes sur le modèle de ce que Karl Marx a théorisé dans Le Capital à la fin du XIX^e siècle. Dans l'Italie fasciste, conformément au programme de 1921, il s'agit de renouer avec la gloire de la Rome antique et de faire des Italiens des Romains disciplinés et ambitieux, prêts à offrir à la communauté nationale toute leur énergie. Il en va de même dans l'Allemagne nazie qui érige l'Aryen en être supérieur destiné à dominer l'Europe dans le cadre de son Lebensraum ("espace vital"). Cette idéologie a été théorisée dans Mein Kampf, publié en 1925 par Hitler.

Cette idéologie qui sous-tend la politique menée dans ces États est servie par un chef et un parti. Les régimes totalitaires s'incarnent en effet dans un chef charismatique, qu'il s'agisse du Duce en Italie (Mussolini), du petit père des peuples en URSS (Staline) ou du Führer en Allemagne (Hitler). Ce chef fait l'objet d'un culte de la personnalité. De grands rassemblements populaires sont organisés pour le mettre en valeur comme en témoigne, pour le cas allemand, le célèbre congrès de Nuremberg en 1935. La propagande officielle ne cesse de l'encenser et de louer ses actions et sa vision. Le culte du chef participe donc activement de l'installation et de l'apparente réussite de ces régimes.
Ces chefs ont été portés au pouvoir par un parti politique qui, d'abord minoritaire dans la société, tend à s'imposer comme un parti de masse et devenu unique. Le Parti communiste d'URSS (PCUS), le Parti national fasciste italien (PNF) et le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (NSDAP) sont des rouages essentiels des régimes totalitaires ; par leur implantation dans la société et leur rôle politique et social, ils sont au cœur de ces régimes.

Les régimes totalitaires mettent l'économie au service de leur idéologie. En URSS, l'économie est étatisée (nationalisation des industries capitalistes, élaboration de plans quinquennaux, collectivisation des terres agricoles, etc.). En Allemagne et en Italie, la politique expansionniste d'Hitler et de Mussolini sert les intérêts des secteurs industriels qui produisent pour l'effort de guerre : l'État oriente les choix économiques, l'État contrôle tout.
Ce contrôle s'exerce sur chaque individu qui n'a plus la jouissance des libertés fondamentales (libertés de pensée et d'expression, notamment). La police politique et les services de sécurité exercent une pression constante sur la société : la Tchéka stalinienne et la Gestapo hitlérienne sont redoutées pour leur terrible efficacité et leur promptitude à envoyer les opposants et les déviants devant des tribunaux spéciaux ou des camps d'internement (les camps de concentration allemands, ouverts dès 1933, et le Goulag soviétique).
Ce contrôle passe également par des organisations populaires comme les Jeunesses hitlériennes (Hitlerjugend) en Allemagne, les Jeunesses staliniennes (Komsomols) en URSS et les Jeunesses fascistes (Opera Nazionale Balilla) en Italie qui embrigadent la jeunesse, lui inculquent l'idéologie officielle et la préparent aux combats par des exercices physiques de type militaire (sans compter que l'uniforme est obligatoire).