Expliquer les liens et les différences entre mémoire et histoire.
Qu'est-ce qui est au cœur du travail de l'historien ?
Pourquoi l'historien a-t-il un rôle libérateur ?
Parmi les propositions suivantes, quelles sont les deux affirmations qui permettent de caractériser l'histoire et la mémoire ?
Quelles sont les deux affirmations qui permettent de caractériser l'histoire et la mémoire ?
Quelles sont les deux raisons pour lesquelles un État peut construire une mémoire nationale ?
Alors que l'histoire se veut objective et que la mémoire est subjective, on peut s'interroger sur les liens entre mémoire et histoire.
L'histoire est la compréhension du passé dans le but d'en faire un récit objectif. Le travail de l'historien consiste à rapporter les faits du passé, les catégoriser, puis en proposer une interprétation équilibrée justifiée par des sources. L'histoire est souvent comparée au travail d'investigation du détective ou du juge d'instruction. Elle s'élabore selon une méthode, qui est de comparer tous les éléments qui attestent du passé : témoignages, documents, sources diverses.
L'histoire se veut impartiale, un "roman vrai", de sorte qu'elle s'écarte de la mémoire qui est un de ses outils de travail. Elle établit des liens logiques qui n'étaient pas connus des contemporains d'une époque étudiée. Ainsi, les Espagnols du XVIe siècle ne reconnaîtraient pas du tout leur époque en lisant le célèbre livre de Fernand Braudel, La Méditerranée au temps de Philippe II.
De son côté, la mémoire est le souvenir d'événements par un groupe, sur le modèle de la mémoire individuelle. Elle est donc subjective, elle sélectionne, et peut même effacer. La mémoire peut faire l'objet d'une politique selon les aspects de l'histoire que l'on veut privilégier pour fonder un groupe. Ainsi, pour favoriser l'unité de la nation à partir de la fin du XIXe siècle, les républicains ont élaboré une histoire nationale constituée des événements héroïques des Français et purgée de tous ses aspects sombres, ce qui en fait une véritable mémoire nationale.
La volonté de fonder le groupe peut conduire à vouloir effacer la mémoire. Ainsi au sortir des guerres de religion qui ont gravement opposé les Français entre eux pendant toute la seconde moitié du XVIe siècle, afin de rendre une vie commune possible, l'article 1 de l'édit de Nantes de 1598 prévoit que le "la mémoire de toute chose passée de part et d'autre [...] demeurera éteinte et assoupie, comme de chose non advenue".
L'historien se sert des mémoires individuelles pour établir les faits et peut se saisir des mémoires collectives comme objet d'étude. L'analyse des témoignages est au cœur de son travail. Comme les témoignages ne sont pas neutres mais relèvent toujours d'une expérience et d'une lecture individuelle, l'historien tente de dépasser les sentiments des témoins pour comprendre les mécanismes. Il confronte les témoignages des acteurs.
Les différentes mémoires peuvent être objet d'étude pour l'historien. Il compare alors les mémoires avec la réalité des faits. L'historien a alors un rôle libérateur. La mémoire peut être enfermement dans le passé, et l'historien aide à en sortir. Il rend justice à ceux dont la mémoire est occultée. Le travail historique aide donc à sortir du dilemme entre trop-plein et absence de mémoire.
- L'histoire se veut objective.
- Sur le modèle de la mémoire individuelle, la mémoire collective est subjective.
- Les mémoires sont objet d'étude des historiens.