Extrait du Code noir
Article 38 : L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois, à compter du jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lys sur une épaule ; s'il récidive un autre mois pareillement du jour de la dénonciation, il aura le jarret coupé, et il sera marqué d'une fleur de lys sur l'autre épaule et la troisième fois, il sera puni de mort.
Article 42 : Pourront seulement les maîtres, lorsqu'ils croiront que leurs esclaves l'auront mérité les faire enchaîner et les faire battre de verges ou cordes. Leur défendons de leur donner la torture, ni de leur faire aucune mutilation de membres, à peine de confiscation des esclaves et d'être procédé contre les maîtres extraordinairement.
Voltaire dénonce le traitement réservé aux esclaves
Voltaire, Candide ou l'Optimiste
1759
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite.
Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais-tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ?
- J'attends mon maître, monsieur Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.
- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : "Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils te feront vivre heureux ; tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère".
Qu'est-ce que le Code noir ?
Le Code noir est un recueil de règlements et de lois élaboré en 1685 par la monarchie française afin d'encadrer et d'harmoniser les pratiques judiciaires concernant les esclaves travaillant pour le compte des planteurs français. Il présente les châtiments correspondant aux délits répertoriés et limite quelque peu le pouvoir des propriétaires.
Comment ces gens se sont-ils retrouvés soumis à l'esclavage ?
Ce sont environ 12 millions de personnes qui tombent en esclavage au cours du XVIIIe siècle ; la plupart arrivent d'Afrique où ils ont été faits prisonniers par les rois locaux qui les ont ensuite échangés contre de la verroterie. Ceux qui réussissent à survivre à la traversée (on estime que 11 % des passagers des bateaux négriers succombent) sont mis au travail soit comme ouvriers agricoles (ce sont les "nègres de jardin"), soit comme domestiques (ce sont les "nègres de case"). Les seconds sont généralement nettement mieux traités que les premiers. Les enfants nés de l'union d'esclaves subissent naturellement le même sort que leurs parents. L'affranchissement, rare, est possible : on parle alors de "libres de couleur".
Que risque un esclave qui est capturé après avoir fui ?
La tentative de fuite des esclaves est durement réprimée afin de dissuader ceux qui pourraient être tentés de quitter leur plantation. En effet, les esclaves en fuite, les marrons, sont condamnés à des marques d'infamie (oreilles coupées et marquage), voire à la mort en cas de récidive. La dureté des peines encourues témoigne à elle seule du fait que les esclaves étaient assez nombreux à tenter de fuir des conditions de vie et de travail particulièrement dures et inhumaines. Des communautés d'esclaves marrons se constituaient même dans certaines régions reculées.
Qui est l'auteur du document 2 ?
L'auteur du document 2 est Voltaire. L'œuvre dont est extrait ce passage est Candide ou l'Optimiste.
L'esclave présenté dans le document 2 a subi des mutilations à cause des difficultés de son travail et de la maltraitance de ses maîtres.
Relier chacune des mutilations suivantes à la cause correspondante.
Jambe coupée
Main coupée
Conditions de travail effroyables
Mutilation infligée suite à une tentative de fuite
Le document 2 indique que l'esclave a la main coupée car il travaille dans des conditions très dangereuses et qu'il a la jambe coupée car il a été puni après avoir essayé de fuir.