Définir la nouvelle morale proposée par André Gide dans son roman.
Quels défauts empêchent la sincérité dans les relations humaines ?
Que doivent faire les hommes pour être enfin heureux d'après André Gide ?
Quel est le point commun entre Bronja et Boris, outre leur fin tragique ?
Quel élément récurrent est présent au sein des couples dans le roman ?
Quel type de personnage n'est pas vraiment libre dans Les Faux-Monnayeurs ?
La morale que propose André Gide dans son roman Les Faux-Monnayeurs est plutôt négative, elle repose sur une observation de la société bourgeoise de son époque. Ce sont avant tout l'hypocrisie et la fausseté des sentiments qui sont dénoncées, et ceci dès le titre qui renvoie de façon explicite à l'univers des faussaires et des maquilleurs.
Parce que les hommes ne parviennent pas à être honnêtes envers eux-mêmes, ils ne peuvent pas s'épanouir dans des relations saines basées sur la confiance et l'honnêteté. Le mensonge est présent au sein de nombreuses relations et les personnages préfèrent se tromper plutôt que d'être honnêtes et c'est ce qui cause leur malheur. Les personnages sont donc responsables de ce qui leur arrive mais ils sont également soumis à la pression sociale, aux apparences ou à certaines institutions comme l'Église. Parmi ces personnages soumis se trouvent de nombreuses femmes qui ne parviennent pas à se libérer de leur mari.
La religion ne semble pas être une solution dans ce roman car les personnages croyants comme Boris et Bronja connaissent tous deux une fin tragique. Bronja meurt et Boris finit également par perdre la vie au cours d'une macabre reconstitution. Même La Pérouse fait preuve d'impiété en remettant en doute l'existence de Dieu, auquel il croit pourtant. Enfin, les normes sociétales sont également remises en question car elles freinent la liberté de l'Homme. Ceci est notamment illustré à travers les cellules familiales qui explosent, de même que les couples très rarement heureux.
La morale de Gide invite la jeunesse à dépasser la morale bourgeoise, à penser par elle-même, à être elle-même contre un ordre social et des conventions qui l'en empêchent : "Il est bon de suivre sa pente, pourvu que ce soit en montant." Gide écrit également, dans les Feuillets d'automne en 1949 : "Élever l'homme au-dessus de lui-même, le délivrer de sa pesanteur, l'aider à se surpasser, en l'exaltant, le rassurant, l'avertissant, le modérant, n'est-ce pas là le but secret de la Littérature ?" La morale de Gide critique une société adulte ou adolescente en crise, en manque de sincérité : tout est faux. Par leur mensonge et le conformisme de valeurs bourgeoises, les adultes donnent l'illusion du bonheur. Par leur révolte ou le reniement des origines, les jeunes gens se donnent l'illusion de se libérer, de s'émanciper, alors qu'ils restent dépendants. L'Homme doit avoir un idéal insoumis : lui-même. Le gidisme prône l'originalité, l'autonomie et la sincérité de l'individu qui doit mettre en valeur ses vraies qualités pour être authentique.
La nouvelle morale proposée par André Gide porterait donc sur un changement d'attitude à opérer tout d'abord d'un point de vue personnel. En effet, pour être heureux, les personnages doivent être honnêtes envers eux-mêmes, assumer ce qu'ils ressentent et ne pas avoir honte de faire part de leurs sentiments aux personnes concernées.
- André Gide propose une morale basée sur l'analyse de sa société et de son hypocrisie.
- Pour être heureux, les hommes doivent avant tout être honnêtes.
- Ils doivent également se libérer des carcans de la société, des conventions et des apparences.