En quoi consiste la liberté pour les stoïciens ?
Sur quelle distinction essentielle la pensée stoïcienne est-elle fondée ?
Quelles sont, selon les stoïciens, les choses qui dépendent de nous ?
Comment peut-on, selon les stoïciens, accéder à la liberté ?
Quelle est la source de tout malheur selon Épictète ?
Le stoïcisme est une philosophie basée sur une distinction fondamentale : il existe des choses qui dépendent de nous, d'autres qui ne dépendent pas de nous. De cette distinction est issue une théorie de la liberté qui repose sur l'appropriation de sa propre volonté.
Dans le cours du monde, seules dépendent de nous, selon le stoïcisme, les composantes de notre "citadelle intérieure". Celle-ci est composée de nos désirs, de nos croyances et de nos tendances à l'action. Même notre corps, sujet aux maladies et au vieillissement, ne dépend pas de nous. Ainsi, pour vivre une vie heureuse, il faut, affirment-ils, apprendre à faire dépendre notre bonheur uniquement des choses qui dépendent de nous, ce qui signifie qu'il faut voir dans l'exercice de la pensée et dans l'appropriation de sa propre volonté la clé du bonheur. Le sage stoïcien doit pouvoir voir mourir sa famille sans en éprouver de chagrin.
Il en va de même pour ce qui est de la liberté. Voici ce qu'écrit Épictète, philosophe majeur de l'école stoïcienne, à ce sujet : "les choses qui dépendent de nous sont naturellement libres, sans empêchement, sans entrave ; celles qui ne dépendent pas de nous sont fragiles, serves, facilement empêchées, propres à autrui" (Épictète, Manuel). Espérer réaliser sa liberté dans l'action sur les choses du monde extérieur, c'est se condamner à la servitude, c'est être l'esclave de circonstances changeantes qui ne dépendent pas de nous. La clé de la liberté réside donc dans le fait de bien distinguer entre ce qui nous appartient en propre, ce qui est sous notre contrôle, et ce qui dépend du monde extérieur.
On a parfois accusé le stoïcisme de solipsisme, d'une tendance à se renfermer sur soi et à fuir le monde. Hegel parle notamment pour l'esprit stoïcien d'une "belle âme", qui ne veut pas s'entacher en s'adonnant à l'altérité. Certains passages de Sénèque mettent cependant en garde contre le danger qu'il y a à rompre tout lien social et à sombrer dans l'inactivité par lâcheté. Le sage stoïcien, détaché du monde, doit pourtant s'y inscrire.
- Le stoïcisme repose sur une distinction fondamentale entre les choses qui dépendent de nous et celles qui n'en dépendent pas.
- Seuls dépendent de nous nos désirs, nos croyances et nos tendances à agir.
- Ainsi, être libre, c'est apprendre à faire résider notre liberté dans ce qui dépend de nous, et à ne pas dépendre des circonstances extérieures.