Après avoir lu le texte suivant, répondre aux questions qui permettront de l'étudier.
Émile Zola
Germinal
1885
« Les femmes avaient paru, près d'un millier de femmes, aux cheveux épars, dépeignés par la course, aux guenilles montrant la peau nue, des nudités de femelles lasses d'enfanter des meurt-de-faim. Quelques-unes tenaient leur petit entre les bras, le soulevaient, l'agitaient, ainsi qu'un drapeau de deuil et de vengeance. D'autres, plus jeunes, avec des gorges gonflées de guerrières, brandissaient des bâtons ; tandis que les vieilles, affreuses, hurlaient si fort, que les cordes de leurs cous décharnés semblaient se rompre. Et les hommes déboulèrent ensuite, deux mille furieux, des galibots, des haveurs, des raccommodeurs, une masse compacte qui roulait d'un seul bloc, serrée, confondue, au point qu'on ne distinguait ni les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques, effacés dans la même uniformité terreuse. Les yeux brûlaient, on voyait seulement les trous des bouches noires, chantant La Marseillaise, dont les strophes se perdaient en un mugissement confus, accompagné par le claquement des sabots sur la terre dure, portée toute droite ; et cette hache unique, qui était comme l'étendard de la bande, avait, dans le ciel clair, le profil aigu d'un couperet de guillotine. […]
C'était la vision rouge de la révolution qui les emporterait tous, fatalement, par une soirée sanglante en cette fin de siècle. Oui, un soir, le peuple lâché, débridé, galoperait ainsi sur les chemins ; et il ruissellerait du sang des bourgeois. »
Que décrit le texte ?
Le texte décrit la marche affolée d'une foule de femmes et d'hommes. Ce sont des mineurs qui font la grève pour combattre les injustices dont ils sont les victimes. Ils souhaitent faire étendre la grève aux autres mines voisines.
À quelle catégorie sociale les hommes et les femmes qui marchent appartiennent-ils ?
Les hommes et les femmes qui marchent sont des ouvriers pauvres. La misère règne dans leur vie et c'est pour cette raison qu'ils manifestent afin de faire réagir les bourgeois qui les emploient afin de gagner toujours plus d'argent. Leur misère se voit à leurs vêtements très abîmés (« aux guenilles montrant la peau nue », « les culottes déteintes, ni les tricots de laine en loques »), à leur vilaine coiffure (« aux cheveux épars »), à leur maigreur (« d'enfanter des meurt-de-faim », « leurs cous décharnés »).
Quel est le point de vue utilisé par le narrateur pour décrire cette scène ?
Le point de vue utilisé par le narrateur pour décrire cette scène est le point de vue omniscient : le narrateur sait, voit tout. Il est capable de donner de nombreux détails sur le physique des personnages, sur leurs vêtements, sur leurs cris, sur leurs pensées.
Quels sont le temps et le mode des verbes suivants utilisés dans le texte : « tenaient », « soulevaient », « était » ?
Il s'agit de l'imparfait de l'indicatif.
Quelle est la valeur de l'imparfait de l'indicatif dans ce texte ?
Dans ce texte, l'imparfait de l'indicatif a une valeur descriptive. Il permet de décrire la révolution.
Comment appelle-t-on la figure de style suivante : « galibots, haveurs, raccommodeurs » ?
Il s'agit d'une énumération. Elle permet d'identifier la catégorie sociale qui manifeste.
À quel métier fait référence cette énumération : « galibots, haveurs, raccommodeurs » ?
Cette énumération, « galibots, haveurs, raccommodeurs », fait référence au métier de mineur. Les trois mots renvoient à des particularités du travail des mines. Le galibot désigne le jeune manœuvre dans les mines de charbon. Le haveur est le mineur qui have, qui entaille le charbon. Le raccommodeur est l'ouvrier expérimenté qui est chargé de l'entretien des galeries des mines, en particulier des boiseries. Zola décrit, avec réalisme, le milieu misérable des mineurs et ne peut s'empêcher d'en dénoncer les injustices sociales, financières, humaines.
À quoi fait référence ce champ lexical : « drapeau », « brandissaient des bâtons », « chantant La Marseillaise », « l'étendard », « un couperet de guillotine », « la vision rouge de la révolution » ?
Ce champ lexical, « drapeau », « brandissaient des bâtons », « chantant La Marseillaise », « l'étendard », « un couperet de guillotine », « la vision rouge de la révolution », fait référence à la Révolution française. La Marseillaise est une chanson révolutionnaire qui a été interdite durant le Premier et le Second Empire. Elle devient l'hymne national de la République française en 1879.
Quelle phrase permet d'identifier clairement l'événement en cours dans le texte ?
La phrase « C'était la vision rouge de la révolution qui les emporterait tous » permet d'identifier clairement l'événement en cours dans le texte : la révolution.
Comment appelle-t-on la figure de style suivante : « et cette hache unique, qui était comme l'étendard de la bande » ?
Il s'agit d'une comparaison que l'on reconnaît par l'emploi de l'outil de comparaison « comme ». La hache est un symbole de la révolution, celui des ouvriers. Elle est comparée à un « étendard », un drapeau de ralliement pour la bande.