Quels sont les points communs et les différences entre le conte merveilleux et le conte philosophique ? Donner un exemple pour chacun.
Le conte est un genre allégorique. Qu'est-ce que cela signifie ?
Comment se définissent les personnages du conte ?
Dans Candide, quel trait de caractère définit le personnage principal ?
Quel auteur est emblématique du conte philosophique ?
Pourquoi les philosophes des Lumières choisissent-ils le conte philosophique ?
Le conte merveilleux met en scène des personnages imaginaires dans un monde impossible. Le conte philosophique, lui, est un genre narratif qui apparaît au XVIIIe siècle pour permettre au philosophe de délivrer une vision du monde subversive et qui contourne ainsi la censure. Tous deux sont des genres de l'argumentation, des apologues qui cherchent à plaire pour faire passer un message. Pourtant, ils se distinguent dans leurs visées qui induisent des différences formelles.
Tout d'abord, les deux genres du conte, conte merveilleux et conte philosophique présentent plusieurs points communs : tous deux se définissent comme des œuvres de fiction qui mettent en scène des situations improbables à travers lesquelles il va s'agir de faire réfléchir le lecteur tout en le divertissant. Les deux types de conte ont une dimension allégorique qu'il faut décrypter. Chez Perrault, la morale est souvent explicite, séparée du reste du récit par un blanc : l'histoire merveilleuse du loup qui se déguise en grand-mère pour manger le Petit Chaperon rouge vise à mettre en garde les jeunes filles contre les discours hypocrites des hommes : " On voit ici que de jeunes enfants, / Surtout de jeunes filles / Belles, bien faites, et gentilles / Font très mal d'écouter toute sorte de gens...". Dans les deux cas, les histoires merveilleuses et philosophiques mettent en avant des personnages stéréotypés, qui se définissent par un trait de personnalité prédominant : c'est le cas de Cendrillon chez Perrault, ou de Belle, dans le conte de "La Belle et la Bête" de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve, dont la générosité est le ressort principal de l'action. De même, le personnage de Candide, dans le conte de Voltaire, se caractérise exclusivement par sa naïveté qui est cause de toutes les péripéties de l'intrigue.
Cependant, le conte philosophique, qui apparaît plus tardivement, se distingue du merveilleux sur plusieurs points. Tout d'abord, le schéma narratif du conte merveilleux est simple puisqu'il suit la suite logique des événements, tandis qu'il est complexe dans le conte philosophique qui croise les destins de plusieurs personnages au lieu de ne se concentrer que sur un seul : on suit l'apprentissage du protagoniste principal qui évolue au fil de ses aventures. De plus, le cadre spatio-temporel est indéfini dans le conte merveilleux. On ne sait dans quelle époque précise on se situe et les histoires ne s'ancrent pas dans des pays connus. Le décor réutilise surtout des endroits, des lieux propices au surgissement du merveilleux comme les forêts, les grottes, les châteaux forts. De même, le conte philosophique peut se passer dans des lieux lointains qui semblent induire une distance, comme c'est le cas au début de Zadig de Voltaire qui s'ouvre ainsi : "Au temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig." Cependant, cette distance est relative car la visée satirique du conte philosophique renvoie sans cesse le lecteur à la réalité que l'auteur cherche à critiquer. En effet, le conte philosophique permet avant tout aux auteurs de contourner la censure de leur époque pour dénoncer les injustices dans leur société : c'est donc une arme pour les philosophes des Lumières afin de faire passer leurs messages et leurs valeurs. Ainsi, le regard du huron, dans L'Ingénu de Voltaire, permet au philosophe de pointer les dysfonctionnements de la société française de l'époque. Le conte merveilleux, quant à lui, a une visée moralisatrice : il condamne certains comportements considérés comme immoraux, contraires aux valeurs de la société et peu propices à la vie en communauté comme la cruauté incarnée par exemple par Barbe Bleue, ou la vanité que l'on retrouve dans le personnage de la marâtre de Blanche-Neige. L'issue heureuse de l'histoire merveilleuse a une ambition didactique : le conte "Les Fées" de Perrault montre la punition de l'orgueil et la récompense de la générosité.
- Le conte merveilleux a une visée moralisatrice : il met en scène des personnages souvent définis par un seul trait de caractère, dans des lieux et des époques indéfinis, à distance du réel.
- Le conte philosophique est un récit court né au XVIIIe siècle pour permettre aux philosophes de faire passer un message satirique en contournant la censure.
- Tous deux sont des apologues qui cherchent à plaire pour persuader.