Que désigne l'appellation d'"honnête homme" ? Appuyer le propos sur des exemples précis.
Quel est le titre du traité d'éducation de Fénelon ?
Pourquoi la représentation théâtrale est-elle importante pour l'"honnête homme" classique ?
Quel terme, hérité de l'Antiquité, désigne l'idée de démesure condamnée par les dramaturges classiques ?
Que condamnent les portraits satiriques de La Bruyère ?
Qu'est-ce qui caractérise avant tout l'idée d'"honnête homme" ?
La littérature classique est marquée par l'idéal de l'"honnête homme" et se fonde sur la culture commune à tous les "honnêtes gens" : celle-ci doit en effet être étendue et multiple pour alimenter l'art de la conversation. L'"honnête homme est ensuite celui qui se comporte selon un idéal de mesure. Enfin, il doit faire preuve d'une noblesse d'âme qui refuse les dérèglements et vices condamnés par les moralistes.
L'"honnête homme" est avant tout un héritage des humanistes qui le décrivent comme un homme complet, un individu cultivé, qui s'intéresse à tous les domaines de la culture. Au siècle classique, on retrouve cette importance de l'éducation, notamment chez des auteurs comme Fénelon dans son ouvrage, Les Aventures de Télémaque. L'"honnête homme" doit ainsi posséder une culture étendue et multiple qui s'étend sur tous les domaines et doit notamment alimenter l'art de la conversation et lui permettre de faire preuve d'esprit. Cependant, il doit se montrer cultivé sans étalage, avec humilité et discrétion pour ne pas avoir l'air pédant.
En effet, la caractéristique principale de l'"honnête homme" classique est l'idéal de mesure et de modération. Parce qu'il est un être profondément social, qui doit parfaitement s'intégrer à la vie en société, il ne doit pas être dans le débordement. Le théâtre classique, dans les comédies de Molière ou les tragédies de Racine et Corneille, met en scène les dérèglements de personnages qui ne parviennent pas à vivre harmonieusement avec les autres, soit parce qu'ils sont trop figés dans leurs vices, soit parce qu'ils font preuve de démesure. Les dramaturges du XVIIe mettent en effet en scène des personnages en proie à ce que les auteurs antiques appelaient l'hybris, et qui se retrouvent punis, soit par le rire moqueur des spectateurs, soit par une fin tragique. Par ailleurs, la représentation théâtrale est elle aussi marquée par cet idéal de mesure puisque la règle de bienséance interdit de montrer des comportements obscènes ou violents sur scène. Le théâtre apparaît à l'époque comme un rite social, une cérémonie qui prolonge la vie de salon ou l'effervescence de la cour.
Cet idéal de mesure propre à l'"honnête homme" condamne donc fortement les vices qui sont considérés comme des mœurs déréglées. Les moralistes de l'époque explorent ces questions, par exemple dans les fables de La Fontaine ou les portraits de courtisans de Saint-Simon. Les Caractères de La Bruyère sont emblématiques de cette volonté de peindre les mœurs pour les corriger. Il écrit que le public "peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il se connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger". Pour cela, il propose une galerie de portraits satiriques qui condamnent les comportements déréglés et les traits de caractère qui dépassent la mesure : Gnathon par exemple est une figure exemplaire d'un égocentrisme incompatible avec la vie en société. Au travers de cet ouvrage emblématique, le bourgeois La Bruyère prône une noblesse d'âme qui se distingue de la noblesse de sang et s'acquiert par le mérite personnel de l'"honnête homme". Cette idée qui condamne les inégalités sociales d'une société fondée sur la naissance, initie une réflexion qui culmine avec l'abolition des privilèges à la Révolution.
- L'"honnête homme" doit être éduqué et cultivé dans tous les domaines mais doit en faire la preuve avec humilité.
- La caractéristique majeure de l'"honnête homme" est son sens de la mesure et du juste milieu qui lui permet de vivre harmonieusement en société.
- La noblesse d'âme de l'"honnête homme" doit être exempte des vices que condamnent les moralistes.