En quoi le siècle des Lumières a-t-il préparé la Révolution française ? Citer des auteurs.
Sur quoi repose l'idéal de tolérance des Lumières ?
Que critiquent Beaumarchais et Rousseau ?
Pour quel changement politique majeur et qui sera réalisé à la Révolution plaide Montesquieu ?
Par quels grands principes est motivée l'entreprise de L'Encyclopédie ?
Qui est l'auteur du Traité sur la tolérance ?
L'appellation "les Lumières" recouvre à la fois du période du XVIIIe siècle et un vaste mouvement européen de transformation des mentalités : les conceptions du monde changent profondément et dans tous les domaines. Ce bouleversement global débouche sur la Révolution française. C'est d'abord dans la revendication d'idéaux de liberté, d'égalité et de tolérance que les Lumières influencent la Révolution. Par ailleurs, les philosophes encouragent la formation d'un esprit critique éclairé qui remet en question les structures sociales du XVIIIe siècle.
Les Lumières se caractérisent avant tout par la revendication d'idéaux novateurs qui s'opposent à l'absolutisation du pouvoir. À l'austérité chrétienne, les philosophes préfèrent l'hédonisme qui fait de la recherche du bonheur le but de l'existence humaine. Ce bonheur passe par un idéal de tolérance : les Lumières explorent en effet le relativisme culturel et la diversité des mœurs. Montesquieu, en demandant "Comment peut-on être persan ?" dans ses Lettres persanes, critique l'ethnocentrisme parisien. Ce relativisme culturel qui invite à la tolérance est également souligné par le personnage du Huron de Voltaire. Par ailleurs, ce bonheur n'est pas égoïste : il fonde une nouvelle organisation sociale que l'on retrouve définie dans la Déclaration d'indépendance des États-Unis en 1776. Celle-ci encourage l'aspiration fondamentale à la liberté qui anime les Lumières : "l'Homme est né libre et partout il est dans les fers", s'indigne Rousseau dans Le Contrat social où il tente de poser les bases d'une société d'hommes libres reposant sur un contrat juridique et moral librement consenti entre ses membres. Celui-ci doit forcément reposer sur l'égalité des droits et les réflexions des Lumières remettent en question les privilèges : Beaumarchais, dans Le Mariage de Figaro, dénonce ainsi les abus de la noblesse et les inégalités d'une société qui se fonde sur la naissance et non sur le mérite.
Ces idées novatrices théorisées par les Lumières reposent sur la nécessité de développer l'esprit critique, hérité de l'humanisme. Tout doit être soumis à une mise en question critique pour lutter contre les préjugés imposés par la tradition et les croyances. La raison est souveraine et s'attache à explorer tous les domaines, du pouvoir politique à la morale en passant par la religion et l'histoire. Montesquieu, dans De l'esprit des lois, cherche pendant quatorze ans à étudier et mettre en question les mœurs politiques : il plaide pour une monarchie modérée et lutte contre l'absolutisme. Cette méthode scientifique, qui s'appuie sur l'expérience et la nécessité des preuves, s'oppose aux superstitions et aux dogmes : Voltaire, qui lutte pour la réhabilitation du protestant Calas, est à cet égard une figure emblématique de l'opposition au fanatisme, notamment dans son Traité sur la tolérance qui souligne la relativité des rites religieux et la nécessité de respecter les croyances de chacun. À ce titre, les philosophes des Lumières, qui s'inspirent pour beaucoup des penseurs libéraux anglais, réclament une séparation des pouvoirs (temporel et spirituel) qui influence par la suite l'anticléricalisme révolutionnaire. Cet esprit critique fondateur passe par la foi dans le progrès et la perfectibilité intellectuelle et morale : à ce titre, les Lumières attachent beaucoup d'importance à l'éducation et à la vulgarisation des savoirs. C'est l'ambition de L'Encyclopédie : sous la direction de Diderot et D'Alembert, les philosophes des Lumières cherchent à faire la synthèse des savoirs de leur temps. Par ailleurs, Rousseau, dans l'Émile, propose un traité d'éducation qui cherche à rapprocher l'homme de son état de nature, à prendre comme fondement moral le modèle d'une nature qui ne serait pas encore corrompue par la société.
- Les Lumières aspirent à de nouveaux idéaux de liberté, d'égalité, de tolérance et de bonheur.
- Les Lumières cherchent à développer un esprit critique (notamment par l'éducation) et une méthode scientifique pour lutter contre les préjugés et mettre en question les mœurs et les usages.